Histoire de la musicothérapie

Vouloir retracer l’histoire de la musicothérapie est un défi! Néanmoins, nous allons essayer de le faire.

Histoire ancienne ou plus récente ?

Les premières traces d’instruments de musique remontent à plusieurs milliers d’années avant notre ère. Voici quelques exemples significatifs :

  1. Flûtes en os : Les plus anciens instruments de musique connus sont des flûtes en os découvertes dans des sites archéologiques en Europe et en Asie. La plus ancienne d’entre elles, la flûte Divje Babe, a été trouvée en Slovénie et remonte à plus de 40 000 ans.
  2. Harpes et lyres : Des représentations de harpes et de lyres ont été trouvées sur des objets anciens en Mésopotamie, datant de 3 000 à 2 500 avant notre ère. Ces instruments étaient largement utilisés dans les anciennes civilisations de la vallée de l’Euphrate et du Tigre.
  3. Sistra : Les sistra étaient des instruments à percussion utilisés dans l’Égypte ancienne. Ils étaient constitués d’un cadre métallique avec des anneaux ou des disques qui produisaient un son caractéristique lorsqu’ils étaient secoués. Des exemples de sistra ont été retrouvés dans des tombes égyptiennes datant de 2 600 à 2 500 avant notre ère.
  4. Tambours : Les tambours étaient également présents dans de nombreuses cultures anciennes. Des tambours en argile et en bois ont été découverts dans des sites archéologiques en Chine, en Égypte, en Mésopotamie et dans d’autres régions. Certains de ces tambours remontent à plus de 4 000 ans avant notre ère.

Ces exemples fournissent un aperçu des premières traces d’instruments de musique retrouvées à ce jour. Cependant, il est important de noter que de nombreux autres types d’instruments ont été développés et utilisés par diverses cultures à travers l’histoire, contribuant à la richesse et à la diversité de la musique à travers le temps.

Depuis les temps anciens, la musique a été reconnue pour son pouvoir d’influencer les émotions, de créer des harmonies et de favoriser le bien-être. Dans différentes cultures à travers le monde, des pratiques de musicothérapie et de musicothérapeutes ont été utilisées bien avant les recherches scientifiques du XXe siècle.

Dans l’Antiquité, les Égyptiens attribuaient au dieu Thot la création du monde par le biais d’un grand cri, tandis que dans l’Ancien Testament, les trompettes provoquaient la chute des murs de Jéricho. Les Grecs anciens accordaient une importance considérable à la musique et utilisaient des musicothérapeutes pour influencer l’humeur et les humeurs à l’aide d’instruments tels que l’aulos et la lyre.

L’influence de la musique sur l’harmonie et l’équilibre était au cœur de la philosophie de Platon, qui a développé un système philosophique reposant sur des proportions musicales. Les idées de Pythagore sur les proportions et les nombres ont également influencé la pensée musicale de l’époque.

Au fil des siècles, des traditions musicales thérapeutiques ont émergé dans diverses cultures, notamment en Asie, où les philosophes chinois, tels que Confucius, considéraient la musique comme la formation de l’harmonie intérieure. Les pratiques musicales thérapeutiques étaient également présentes dans des régions telles que le Tibet, où les lamas utilisaient des techniques anciennes pour influencer la conscience.

Si on s’intéresse aux récits mythiques la liste devient longue. Nous allons en retracer quelques uns :

Le récit mythique du joueur de flûte de Hamelin, une localité en Allemagne, raconte l’histoire d’un joueur de flûte mystérieux qui a sauvé la ville des rats.

Selon la légende, au XIIIe siècle, la ville de Hamelin était infestée de rats qui causaient de nombreux problèmes. Les habitants étaient désespérés et cherchaient une solution pour se débarrasser de ces nuisibles. C’est alors qu’un joueur de flûte énigmatique est apparu. Il offrit ses services aux habitants de la ville en leur promettant de les débarrasser des rats.

Le joueur de flûte, jouant une mélodie envoûtante, attira tous les rats hors de la ville. Les rats le suivaient en masse jusqu’à la rivière, où ils se noyèrent. La ville fut ainsi délivrée de cette terrible infestation.

Cependant, lorsque le joueur de flûte revint réclamer sa récompense, les habitants de Hamelin refusèrent de le payer. Ils ne respectèrent pas leur promesse et chassèrent le musicien. Le joueur de flûte, blessé par cette trahison, décida de se venger.

Quelques jours plus tard, le joueur de flûte revint à Hamelin, mais cette fois-ci, il joua une mélodie différente, une mélodie ensorcelante qui captiva tous les enfants de la ville. Les enfants le suivirent, hypnotisés par sa musique, et ils disparurent dans une grotte ou une montagne, selon les différentes versions du récit.

Depuis lors, la ville de Hamelin a été marquée par cette tragédie. Le récit du joueur de flûte de Hamelin est devenu une légende populaire, rappelant les conséquences de la trahison et les mystères qui entourent le pouvoir de la musique.

Le récit de David qui soigne le roi Saul est un épisode biblique qui se trouve dans le Premier Livre de Samuel. Selon le récit, le roi Saul était tourmenté par des esprits malveillants et souffrait de profondes détresses mentales. Ses serviteurs cherchaient une solution pour le soulager.

Un jour, l’un des serviteurs du roi Saul recommanda David, un jeune berger et musicien talentueux. David fut présenté au roi comme quelqu’un qui pouvait jouer de la harpe de manière apaisante et mélodieuse. Le roi Saul accepta et David fut invité à venir jouer de la musique devant lui.

Chaque fois que David jouait de la harpe, la musique résonnait et avait un effet calmant sur le roi Saul. Les mélodies douces et harmonieuses de David apaisaient l’esprit tourmenté du roi, soulageant temporairement ses souffrances.

Ce récit met en évidence le pouvoir de la musique de David en tant que moyen thérapeutique pour apaiser et calmer les troubles de l’esprit. La musique jouée par David agissait comme une forme de thérapie, procurant un soulagement momentané à Saul et lui permettant de retrouver un état de tranquillité.

Ce récit illustre également l’association ancienne entre la musique et la guérison, où la musique était utilisée comme un moyen de soulager les souffrances émotionnelles et mentales. Il témoigne du pouvoir de la musique en tant qu’expression artistique et thérapeutique, capable d’affecter profondément les émotions et l’état d’esprit d’une personne.

Le récit d’Orphée est une légende de la mythologie grecque qui présente Orphée, un musicien et poète extraordinaire.

Selon la légende, Orphée était réputé pour son talent musical exceptionnel. Sa musique était si belle et envoûtante qu’elle pouvait charmer non seulement les humains, mais aussi les animaux sauvages et même les éléments de la nature. On dit même que les arbres se penchaient pour écouter sa musique.

L’une des histoires les plus célèbres d’Orphée raconte sa quête pour ramener sa bien-aimée, Eurydice, du royaume des Enfers. Après la mort d’Eurydice, Orphée était inconsolable. Guidé par son amour pour elle, il se rendit aux Enfers pour la retrouver. Avec sa lyre, il charmait les gardiens des Enfers et persuadait Hadès, le dieu des Enfers, de lui accorder la libération d’Eurydice à une condition : Orphée devait marcher devant elle et ne pas se retourner pour la regarder tant qu’ils ne seraient pas sortis des Enfers.

Orphée accepta les conditions et commença à remonter des Enfers, jouant de sa musique mélodieuse pour apaiser les esprits infernaux. Cependant, submergé par le doute et l’angoisse, il se retourna pour voir si Eurydice le suivait, ne pouvant résister à l’envie de la regarder. À cet instant, Eurydice disparut, condamnée à retourner définitivement aux Enfers.

La légende d’Orphée met en évidence le pouvoir de sa musique et de son chant. Sa musique était si captivante qu’elle pouvait toucher les âmes et influencer les forces de la nature. Orphée symbolise le pouvoir de la musique de transcender les frontières et d’exprimer des émotions profondes. Cette histoire illustre également la puissance de l’amour et la tragédie de la perte.

Dans la tradition mythologique, Orphée est souvent représenté comme un musicien divin, un poète et un guérisseur, capable de calmer les esprits troublés et de guérir les maux de l’âme grâce à sa musique enchanteresse. Son histoire a inspiré de nombreuses œuvres artistiques et musicales à travers les âges, soulignant l’impact durable de la figure d’Orphée dans la culture et l’histoire de la musique.

Dans la mythologie, il existe des récits et des théories qui font référence à l’Atlantide et à son lien avec le pouvoir constructeur ou destructeur du son. L’Atlantide est un légendaire continent englouti mentionné par le philosophe grec Platon dans ses dialogues, notamment le « Critias » et le « Timée ».

Selon le récit de Platon, l’Atlantide était une civilisation avancée et puissante qui possédait des connaissances et des technologies exceptionnelles. Parmi ces technologies, il était dit que les Atlantes utilisaient la musique et le son de manière très avancée. La musique aurait été utilisée à la fois pour construire et pour détruire.

Dans le récit, il est mentionné que les Atlantes étaient capables de manipuler le son à travers de puissantes harmonies et vibrations. Ils utilisaient cette connaissance pour construire des structures incroyables et pour contrôler les forces de la nature. Cependant, avec le temps, les Atlantes auraient perdu leur sagesse et leur harmonie intérieure, ce qui aurait conduit à leur chute et à la destruction de leur civilisation.

Ces récits légendaires suggèrent que la musique et le son étaient considérés comme des forces puissantes capables de façonner le monde, mais aussi de provoquer sa destruction lorsque manipulés de manière irresponsable ou déséquilibrée.

Il est important de souligner que l’histoire de l’Atlantide est considérée comme un mythe et n’a pas été corroborée par des preuves archéologiques ou historiques. Néanmoins, elle a inspiré de nombreuses interprétations et spéculations sur le rôle potentiel de la musique et du son dans le passé mythique.

Il existe une anecdote populaire selon laquelle les Variations Goldberg auraient été composées par Bach pour soigner les insomnies de Johann Gottlieb Goldberg, un jeune claveciniste talentueux. Cependant, il convient de noter que cette histoire n’a jamais été confirmée de manière définitive et est souvent considérée comme une légende.

Johann Gottlieb Goldberg était un élève de Bach, reconnu pour son habileté au clavecin. Selon la légende, le comte Keyserlingk, un noble russe, aurait demandé à Bach de composer une œuvre pour l’aider à lutter contre ses insomnies. Goldberg aurait été chargé de jouer ces variations pour divertir le comte lors de ses nuits d’insomnie. Cette histoire a été rapportée pour la première fois par Johann Nikolaus Forkel, le premier biographe de Bach, dans sa biographie de 1802.

Cependant, il est important de souligner que cette anecdote n’est étayée par aucune preuve concrète, et il se peut qu’elle soit simplement le fruit de l’imagination de Forkel. Les Variations Goldberg ont été publiées en 1741 sans aucune mention spécifique de leur destination ou de leur dédicataire.

Quelle que soit l’origine réelle de ces variations, il est indéniable qu’elles constituent l’un des chefs-d’œuvre les plus remarquables de Bach et ont acquis une renommée internationale en raison de leur complexité, de leur beauté et de leur profondeur musicale.

Voici enfin un exemple de récit d’une civilisation non occidentale qui met en avant les pouvoirs de la musique. Il est donné par les Aborigènes d’Australie.

Pour les peuples aborigènes, la musique occupe une place centrale dans leur culture et leur spiritualité. Ils croient que la musique est un moyen de communication sacré avec les ancêtres et les esprits de la terre. Selon leur croyance, les chants et les danses ancestrales ont le pouvoir de se connecter avec le « Temps du Rêve », l’époque mythique où le monde a été créé.

Les chants et les danses aborigènes sont utilisés lors de cérémonies rituelles pour raconter des histoires, transmettre des connaissances et renforcer les liens communautaires. Ils servent également à guérir les maladies et à rétablir l’équilibre spirituel. La musique aborigène est caractérisée par des rythmes percussifs, des chants chantés en langue aborigène et l’utilisation d’instruments traditionnels tels que le didgeridoo, le clapstick et le bullroarer.

Le pouvoir de la musique aborigène réside dans sa capacité à créer une résonance profonde avec l’esprit et l’âme, à établir une connexion avec les ancêtres et à harmoniser les êtres humains avec la nature environnante. Elle est considérée comme un moyen d’expression spirituelle et un véhicule pour l’épanouissement individuel et communautaire.

Cette tradition musicale aborigène montre comment la musique peut jouer un rôle essentiel dans une culture non occidentale, en tant qu’outil de guérison, de communication sacrée et de préservation des connaissances ancestrales. Elle démontre le pouvoir transcendant de la musique en tant que langage universel capable de relier les êtres humains à leur environnement et à leur héritage spirituel.

Etc ..

On voit que l’on attribue des pouvoirs magiques à la musique, la croyance est donc ancienne.

L’idée selon laquelle la musique reste un bruit insignifiant jusqu’à ce que l’esprit soit touché est généralement attribuée à Boèce, et cette affirmation se trouve dans son œuvre « De Institutione Musica » (ou « De Musica »), écrite au 6e siècle. Boèce y discute de nombreux aspects de la musique, y compris son pouvoir émotionnel et son influence sur l’esprit humain. Cette citation particulière met en avant l’idée que la musique ne révèle pleinement sa signification et son impact que lorsque l’auditeur y accorde une attention profonde et réceptive. On sent également les prémices des applications musicothérapeutiques.