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Le Craint Train Quotidien Les essais de Pascal Rivière

J’ai trouvé la voie !

Ah, mes chers contemporains, quelle époque délicieusement absurde nous vivons ! Vous voilà donc, pauvres âmes égarées, à errer dans le désert de la modernité, le cœur aussi sec que le sens de l’humour d’un comptable un lundi matin. Vous dites ne plus croire en Dieu ? Mais, mes petits, avez-vous seulement essayé de croire en la SNCB ? Ah, la SNCB, cette merveilleuse institution où les miracles ne sont pas tant dans l’apparition de la vierge sur un toast mais dans l’extraordinaire capacité des trains à se volatiliser dans la brume d’un horaire ou à surgir, tels des phénix, des cendres d’un retard annoncé.
Permettez-moi de vous conter la parabole du fidèle voyageur de la SNCB. Ce dernier, ayant perdu toute foi en une quelconque divinité, décida un jour, par un acte de désespoir mystique, de se remettre entre les mains de la SNCB. Oh, miracle ! Il vit alors les trains apparaître et disparaître avec une telle fantaisie, une telle désinvolture, que son cœur d’athée endurci se mit à battre au rythme des annonces de retards. Les voies du Seigneur sont impénétrables, mais celles de la SNCB, mes amis, sont un véritable labyrinthe sans Minotaure où l’eau de la patience se change en vin de l’exaspération.
Et que dire de ces changements de voie annoncés avec la légèreté d’un changement de chaussettes, mais qui, en vérité, vous entraînent dans une quête spirituelle digne d’un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle ? Ah, mes chers, si vous cherchez des signes, des prodiges, des révélations, abandonnez les textes sacrés et prenez un abonnement à la SNCB. Vous y découvrirez que la foi n’est pas une question de croire en ce que l’on voit, mais de s’émerveiller de l’invisible, de l’inattendu, de l’absurde.
En somme, si vous avez perdu la foi, ne désespérez point. La SNCB est là, avec ses trains fantômes et ses horaires apocryphes, pour vous rappeler que, dans ce bas monde, le seul véritable acte de foi est de croire que, malgré tout, vous arriverez peut-être à destination. Ou pas. Mais après tout, comme dirait l’autre, le voyage est plus important que la destination, surtout quand il est ponctué de miracles ferroviaires.