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Les essais de Pascal

Bonjour et bienvenue sur ‘L’oreille du psy – Les essais de Pascal’. Ce blog est l’expression de mon esprit créatif, un vélo qui tourne souvent en roue libre, explorant des chemins inattendus et produisant des idées uniques. Comme une bouteille lancée à la mer, j’ai décidé de partager mes pensées avec le monde à travers ce support.

‘Ces essais’ sont un carrefour d’approches diverses. Vous y trouverez des essais littéraires, des lettres ouvertes, des réflexions profondes, des créations artistiques, des chants et des vidéos. Parfois sérieux, parfois humoristique, ce blog est un reflet de la diversité de la pensée humaine.

Mon souhait est que ce blog devienne un lieu d’interaction, un cycle vertueux où mes pensées touchent le plus grand nombre et suscitent des réflexions, des discussions et des échanges.

Blaise Pascal, cultivait ses pensées, tout comme lui, je cultive les miennes, mais c’est à Michel de Montaigne que je dois l’inspiration de partager mes essais avec le monde. Comme Montaigne, je crois que la valeur de ces essais n’est pas à moi de la déterminer. Mon rôle est simplement de les partager, de les lancer dans le monde, et de voir où ils atterrissent.

Je vous invite donc à explorer ‘L’oreille du psy’, à lire, à réfléchir, à rire, à discuter. Et qui sait ? Peut-être que vous aussi, vous découvrirez que votre cerveau a un petit vélo créateur qui tourne en roue libre.

Pascal Rivière

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Avec Philosophie Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière

T’as vu le plan ?

Petite philosophie du quotidien

Quand le reggae philosophe sur nos galères quotidiennes

Ces matins où tout va de travers, nous les connaissons tous. La porte qui reste ouverte, la poubelle qui nous claque sur les doigts, les voisins bruyants… Ces petites frustrations qui s’accumulent jusqu’à nous faire dire « j’en ai marre de ce grand théâtre ».

C’est précisément ce quotidien chaotique qui a inspiré mon nouveau single reggae « T’as vu le plan? ». Mais au-delà de la simple complainte, cette chanson explore une perspective plus profonde : et si ces contrariétés étaient aussi une invitation à voir la vie autrement?

Entre frustration et philosophie, le morceau oscille comme un pendule, nous rappelant que « le bonheur, c’est pas quand tout va comme on veut, c’est quand on dit oui même si c’est creux ou affreux ». Les refrains transforment progressivement le « Non mais oh! » initial en un « Oui mais oh! » qui accepte le chaos pour mieux l’apprivoiser.

Dans la tradition du reggae engagé, « T’as vu le plan? » propose une réflexion simple mais essentielle : nos possessions importent moins que nos expériences. Même les galères peuvent devenir des chansons quand on apprend à danser dans la confusion.

À découvrir dès maintenant sur vos plateformes préférées, et n’hésitez pas à me dire si cette petite philosophie du quotidien résonne avec votre propre expérience!

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Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière

Ça me fait une belle jambe!

Quand la pensée positive se prend les pieds dans le tapis

Un pansement, du jambon, et une pincée de méthode Coué.
Ma nouvelle chanson « Ça me fait une belle jambe » est née d’une jambe blessée, d’une accumulation d’ennuis pas franchement poétiques, et d’un trop-plein de maximes new age censées guérir le mal de vivre avec trois gouttes d’huile essentielle et une bonne intention.

Sur fond de rythme latino et de second degré bien tassé, j’ai décidé de raconter le réel — celui qui boite — avec le sourire en coin. Entre ma mère qui dilapide ses biens à la vitesse d’un typhon tibétain, des compétences méprisées par votre hiérarchie, un garage en voie de disparition et une jambe qui a des ambitions de jambonneau, il fallait bien un exutoire. Le voici, en musique.

« Chaque jour, je vais de mieux en mieux », dit la voix céleste en ouverture. Et tout au long de la chanson, ce mantra est joyeusement piétiné par la réalité. Mais avec style. Avec sarcasme. Et avec quelques bandages en guise de poésie.

🎧 À écouter avec une compresse froide et une bonne dose d’autodérision.
💥 Et à fredonner avant la prochaine catastrophe, bien sûr.


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POUR DES PRUNES ET DES NOYAUX

QUAND LE RAP RENCONTRE BUKOWSKI

Publié le 12 mars 2025

GENÈSE D’UN PROJET À CONTRE-COURANT

Il est 6h29 du matin quand l’idée m’est venue. Ces moments où l’on se demande pourquoi on s’est levé, pourquoi on continue à se battre dans un monde qui n’en a rien à faire. Ces instants de lucidité cruelle où l’absurdité de l’existence nous frappe de plein fouet.

J’ai toujours été fasciné par l’œuvre de Charles Bukowski, ce poète de la dépravation et de la désillusion, qui a su capturer avec une honnêteté brutale la vacuité de l’existence moderne. Parallèlement, le hip-hop trap contemporain m’a toujours paru comme l’expression parfaite de notre époque – rythmique, directe, sans compromis.

Que se passerait-il si ces deux univers se rencontraient ? Si l’esprit de Bukowski s’infiltrait dans les codes du trap ?

L’ABSURDE ET LA CRÉATIVITÉ : UN COMBAT ÉTERNEL

« La vie compte pour des prunes et des noyaux » est né de cette collision improbable. Ce morceau explore ce paradoxe fondamental : nous savons que tout est absurde, que rien n’a de sens, que personne ne répond au bout de la ligne – et pourtant, nous continuons à créer, à écrire, à laisser cette flamme brûler.

Dans une société obsédée par la productivité, où le temps est découpé en tranches d’efficacité, où nos smartphones restent désespérément froids et silencieux malgré notre besoin de connexion, que reste-t-il ? La créativité comme dernier acte de résistance.

« La créativité contre l’absurde
Un feu qui s’obstine dans la nuit noire
Les mots contre le vide, c’est absurde
Mais c’est tout c’qui nous reste, notre dernier espoir »

UNE STRUCTURE ENTRE TRADITION ET RUPTURE

J’ai choisi de conserver une structure classique du rap (intro, couplets, refrain, outro) comme squelette de ce chaos organisé. Ce cadre formel contraste délibérément avec le message de désordre existentiel – encore une contradiction qui reflète notre condition humaine.

Le morceau commence à 6h29, ce moment suspendu juste avant que le monde ne s’éveille complètement, et nous accompagne à travers une journée de questionnements, de regards obsessionnels vers l’horloge, d’attentes vaines d’une notification qui ne viendra jamais.

ENTRE LE BRUT ET LE MÉTAPHORIQUE

L’un des défis majeurs de ce projet était de naviguer entre deux approches apparemment contradictoires : la brutalité directe héritée de Bukowski et la dimension métaphorique propre au hip-hop.

« Entre le brut d’la vie qui déchire
Et les métaphores qui voilent le cauchemar »

Cette tension stylistique reflète notre propre ambivalence face à la réalité : parfois nous voulons la regarder en face, dans toute sa laideur, parfois nous préférons l’habiller de symboles pour la rendre supportable.

POURQUOI CRÉER FACE AU VIDE ?

La question qui traverse l’ensemble du morceau est fondamentalement celle-ci : pourquoi continuer à créer face à l’absurde ? Pourquoi écrire quand personne ne répond au bout de la ligne ?

Je n’ai pas de réponse définitive, bien sûr. Mais peut-être que l’acte créatif lui-même, cette obstination à déposer du sens sur le non-sens, est déjà une forme de réponse. Une rébellion silencieuse contre la vacuité.

La créativité n’est peut-être pas la solution, mais c’est notre façon de tenir debout face au vide. De dire « je suis là » même quand personne n’écoute. De transformer nos 6h29 en quelque chose qui, pendant un bref instant, semble avoir un sens.

ET MAINTENANT ?

« La vie compte pour des prunes et des noyaux » n’est que le début d’une exploration plus large de cette fusion entre nihilisme bukowskien et esthétique trap. Dans les mois à venir, je prévois de développer ce concept à travers d’autres morceaux qui continueront d’explorer différentes facettes de cette tension entre créativité et absurde.

En attendant, je vous invite à écouter ce premier titre, à le partager si ces questionnements résonnent en vous, et peut-être à vous demander : quelle est votre flamme qui s’obstine face à l’absurde ?

Car au fond, dans ce monde qui compte pour des prunes et des noyaux, notre créativité est peut-être tout ce qui nous reste.


Le single « La vie compte pour des prunes et des noyaux » est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Partagez vos impressions dans les commentaires ci-dessous.

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Marre !

De la rage brute à l’expression artistique : Genèse de « Marre ! »

Quand l’exaspération devient créativité

Nous avons tous connu ces moments où la vie semble trop lourde à porter : l’appréhension d’une semaine de travail écrasante, le sentiment de donner sans recevoir, les masques sociaux épuisants qu’il faut maintenir. C’est précisément dans un de ces moments de lucidité désabusée qu’est né le texte qui allait devenir « Marre ! » – un cri du cœur transformé en expression artistique.

Le texte original : un monologue intérieur sans filtre

Tout a commencé par quelques lignes écrites un dimanche soir à 21h30, quand la perspective de la semaine à venir devenait insupportable. Un flot de conscience brut, sans artifice, capturant cette lassitude universelle face aux conventions et aux obligations :

Dimanche 21h30. L’heure d’aller dormir.

De mon côté, je voudrais surtout que la semaine qui vient n’existe pas.

Trop de visites de stage même s’il n’y en a que 4, trop d’obligations diverses, trop de rendez-vous, trop de demandes, trop de cours, plus de temps pour moi. La semaine de congés n’aura servi à rien puisqu’en une semaine je vais perdre ce que j’avais gagné.

Monde absurde, monde de merde, vie de merde…

Même pas commencé que j’en ai déjà marre.

Ce texte, écrit sans intention artistique initiale, exprimait simplement une frustration viscérale. Pourquoi ne pas plaquer les conventions sociales, pourquoi continuer à donner sans recevoir, pourquoi supporter cette mascarade quotidienne ?

La transformation : de Bukowski au slam

C’est en relisant ces mots qu’une évidence est apparue : leur tonalité rappelait l’œuvre de Charles Bukowski, cet écrivain américain connu pour son style direct et sans concession. Le texte a alors été retravaillé dans cet esprit, conservant sa brutalité tout en lui donnant une structure plus littéraire.

MASQUES ET CONNERIES

Dimanche, 21h30. L’heure où les ivrognes commencent à peine et où les braves cons vont se coucher.

Cette semaine qui arrive, je voudrais qu’elle crève avant de naître. Quatre putains de visites de stage, comme si j’avais que ça à foutre. Des obligations, des rendez-vous, des demandes — toute cette merde qui s’empile comme des cadavres. Plus une seule minute qui m’appartient. Ma semaine de congés? Une vaste blague. Sept jours de répit et maintenant retour à la case départ, retour à cette prison sans barreaux.

Monde de merde. Vie de merde. Les mots qui disent vrai sont toujours les plus courts.

L’espoir se lèvera-t-il? La vieille me lâchera-t-elle la grappe? Les humains arrêteront-ils d’être des connards finis? Questions sans réponses dans ce bordel qu’on appelle existence.

La vie sera-t-elle un jour supportable? J’en doute, putain, j’en doute.

Même pas commencée et j’en ai déjà plein le cul de cette semaine.


Carnaval terminé. Les masques de papier sont rangés mais les vrais restent collés à nos gueules. Enfile le tien. Souris. Fais semblant. C’est ce qu’on attend de toi dans ce monde pourri jusqu’à la moelle.

J’ai juste envie de tout envoyer chier, de gueuler que j’en ai ma claque et que tout peut bien s’arrêter maintenant. Ça changerait quoi, de toute façon?


Ce message? Impossible de le foutre sur Facebook avec tous ces connards qui collectionnent les likes comme des trophées. Je le balance sur ce bloc-notes que personne ne lit. C’est bien le seul endroit où on peut encore dire la vérité sans que ça fasse chier quelqu’un.

Marre de ces conventions sociales, de ce métier à la con. Marre de faire plaisir aux autres. On donne, on donne, et qu’est-ce qu’on reçoit? Que dalle. Le grand vide. Perdre mon temps pour des conneries, oui. Chercher du sens? Y’a personne au standard, bébé, personne qui décroche.

La ligne est morte depuis longtemps.


Carnaval terminé. Les masques de papier sont rangés mais les vrais restent collés à nos gueules. Enfile le tien. Souris. Fais semblant. C’est ce qu’on attend de toi dans ce monde pourri jusqu’à la moelle.

J’ai juste envie de tout envoyer chier, de gueuler que j’en ai ma claque et que tout peut bien s’arrêter maintenant. Ça changerait quoi, de toute façon?


Ce message? Impossible de le foutre sur Facebook avec tous ces connards qui collectionnent les likes comme des trophées. Je le balance sur ce bloc-notes que personne ne lit. C’est bien le seul endroit où on peut encore dire la vérité sans que ça fasse chier quelqu’un.

Marre de ces conventions sociales, de ce métier à la con. Marre de faire plaisir aux autres. On donne, on donne, et qu’est-ce qu’on reçoit? Que dalle. Le grand vide. Perdre mon temps pour des conneries, oui. Chercher du sens? Y’a personne au standard, bébé, personne qui décroche.

La ligne est morte depuis longtemps.

Mais l’évolution ne s’est pas arrêtée là. Dans un monde où l’expression orale reprend ses droits à travers le slam et le rap, ces genres semblaient parfaitement adaptés pour porter ce message de révolte. Le format musical permettait d’amplifier la puissance du propos, de lui donner une rythmique, une pulsation qui épouse la colère et la lassitude exprimées.

« Marre ! » : l’aboutissement

Après plusieurs révisions, le morceau « Marre ! » a pris sa forme définitive, structuré en couplets et refrains, explorant les différentes facettes de cette exaspération :

  • La perspective d’une semaine épuisante
  • Le sentiment d’inutilité des conventions sociales
  • L’impression de donner sans jamais recevoir
  • La recherche vaine de sens

Le titre lui-même, réduit à sa plus simple expression, capture l’essence du propos : un cri, une protestation, un refus. Ce simple mot « Marre ! » devient une prière, une incantation, peut-être la seule vérité dans un monde d’apparences.

De l’individuel à l’universel

Si « Marre ! » est né d’un sentiment personnel, son message résonne bien au-delà. En cette époque où l’épuisement professionnel, la pression sociale et la quête de sens touchent tant de personnes, ce morceau devient le porte-voix d’une frustration collective.

La création artistique, qu’elle prenne la forme d’un texte littéraire, d’un slam ou d’une chanson, permet de transformer la colère en expression, l’indignation en création. C’est peut-être là que réside sa véritable force : non pas dans la simple complainte, mais dans sa capacité à transformer un « Marre ! » désespéré en un geste créatif qui, paradoxalement, donne du sens.


Écoutez « Marre ! » en intégralité ci-dessous et partagez vos impressions dans les commentaires.

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Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière

Craignez Dame Gargouille

L’inspiration de cette œuvre naquit en un instant solennel : là, sur le haut du palier, trônait mon chat, souverain d’ombre et de silence, jaugeant de son regard perçant l’humain indigne qui osait approcher. D’une patience tyrannique, il attendait ses serviteurs, réclamant hommage et dévotion. Ainsi germa la légende, d’abord en conte, puis en chanson…

Texte

Or donc, en un logis aux marches traîtresses, là où les ombres se meuvent sans bruit et où les importuns tremblent avant d’oser gravir l’escalier, règne une gardienne aussi farouche qu’impitoyable : Dame Gargouille.
Nul ne sait depuis quand elle hante ces hauteurs. Certains murmurent qu’elle est née des ténèbres entre les poutres, sculptée dans la nuit même, esprit félin d’un antique sortilège. D’autres, plus hardis mais non moins sots, prétendent qu’elle n’est qu’une dame-chat de noble extraction, vouée à semer la terreur chez ceux qui oublient leur office. Mais tous s’accordent à dire qu’il ne fait point bon croiser son regard dans la pénombre des escaliers, sous peine de connaître un funeste destin. Dame Gargouille, félonne parmi les félines, ne quémandait ni caresses ni flagorneries. Que nenni ! Ce qu’elle exigeait, c’était l’hommage sacré des serviteurs : une eau limpide et cristalline, un sol immaculé exempt d’immondices et, surtout, un trône de litière digne de sa majesté. Malheur aux vassaux négligents qui osaient oublier leurs devoirs !
Lorsqu’un infortuné, pris par l’oubli ou la paresse, osait gravir l’escalier sans offrande ni diligence, Dame Gargouille, telle une furie sortie des ombres, s’élançait avec la célérité d’une flèche décochée. Sa tactique était imparable : le croche-patte du démon, l’art de fondre dans les jambes du fautif, d’un bond silencieux, de s’enrouler entre ses pieds et de le précipiter dans un périlleux trébuchement !
Combien de maladroits furent ainsi défaits ? Nul ne sait, car leur chute fut si soudaine qu’ils n’eurent le temps que d’un cri avant de choir dans l’oubli. Certains prétendent même que Dame Gargouille s’assoit fièrement sur leur corps inerte, en signe de triomphe, avant de les laisser gémir sur leur sort.
Et ainsi, dans toute la maisonnée, chacun apprit à ne point défier la volonté de la Dame. Eau pure et litière propre ! clamaient-ils, comme un credo sacré, avant d’oser mettre un pied sur l’escalier. Car mieux valait ployer sous son règne que de finir au tapis, victime de son implacable courroux.
Que sa vigilance jamais ne faiblisse, et que son ombre continue de hanter les marches !

Paroles de la chanson

Héraut
Holà, maraud, tiens-toi bien !
Avant que ton pied n’ose l’escalier,
Sache qu’en haut veille sans fin
Un spectre noir prêt à sévir !

Refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Couplet 1
Nul ne sait d’où vint la maudite,
Née des poutres ou du néant,
Sous son regard l’âme palpite,
Et tout servant finit rampant !

Refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Couplet 2
D’un saut de foudre et de courroux,
Elle s’élance, spectre assassin,
Son œil perçant flambe debout,
Juge et bourreau du genre humain !

Refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Couplet 3
Malheur à qui sans eau limpide,
Sans litière digne et propre encor,
Voudrait passer, fatidique perfide,
Sans hommage à son saint décor !

Refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Couplet 4
Sur mille âmes pèse un trépas,
Par croche-patte du démon,
Dans un gémissement, hélas,
S’effondre l’homme, brise son front !

Refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Couplet 5
Que nul ne brave sa sentence,
Rendez hommage à son pouvoir,
Lavez le sol, priez sa clémence,
Avant d’oser monter la voir !

Dernier refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Chute parlée – Dame Gargouille
« Hardis fous ! Pensez-vous donc que l’on foule mon escalier impunément ?
L’eau croupit, la litière empeste, et vous osez monter ?
Point de pitié pour les impudents imprudents !
Qu’il en soit fait selon l’antique loi…
Quiconque me défie, trébuche et ploie ! »

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Un Tournoi au tournant ?

Vous revenez à pieds de vos courses chez Lidl et en passant le pont, vous croiser un quidam à vélo portant deux tuyaux. Et voilà ce que cela donne :

En ce jour mémorable, moi, humble chroniqueur des glorieuses banalités, je revenais des marchés lointains où j’avais acquis victuailles et autres biens précieux, le sac chargé comme un mulet mal nourri. Marchant d’un pas tranquille sur la voie pavée qui mène à mon modeste castel, j’entrepris de franchir le pont ancestral qui enjambe les eaux sombres du canal du destin.

Soudain, tel un dragon réveillé par une digestion difficile, surgit derrière moi une figure chevaleresque, furieusement perchée sur une monture de métal à deux roues. Je reconnus immédiatement le preux et illustre Messire Guidon des Tuyaux, porteur du blason fameux : « Deux Tuyaux Croisés sur Champ de Rustines », dont la fière devise résonne encore : « Qui fuit, perd la pression ».

Ah, le voilà ! Droit et altier, Messire Guidon chevauchait vigoureusement sa bicyclette grinçante, tenant fermement deux tuyaux longs et luisants, dignes lances de plomberie forgées par l’antique ordre des plombiers errants. Son regard flamboyant semblait scruter l’horizon, cherchant quelque adversaire digne de croiser le fer… ou plutôt le cuivre.

C’est alors qu’apparut, quelques toises plus loin, une redoutable charrette sans cheval, rutilante et vrombissante, semblant vouloir défier notre brave. Mon cœur s’emballa devant ce tournoi improbable ; je cherchais du regard la gente dame pour qui sûrement ce duel se livrerait. Mais, point de dame au balcon, ni de foule en délire : seulement moi, mon cabas, et la stupéfaction admirative de ce spectacle d’absurdité héroïque.

Messire Guidon accéléra soudainement sa course, ses tuyaux-lances frémissant à l’idée d’un glorieux choc frontal… mais, arrivé à l’extrémité du pont, ce preux chevalier vira brusquement à droite, esquivant avec une élégance contestable mais efficace l’affrontement tant attendu. Quel stratagème ! Quelle ruse audacieuse pour éviter la confrontation ! Il disparut ainsi derrière les haies sauvages, laissant derrière lui un parfum d’huile et de mystère.

Où donc allait-il, le vaillant Messire Guidon des Tuyaux ? À quel noble bricolage, à quelle quête mystérieuse réservait-il ses talents et ses armes étrangement domestiques ? Las ! Jamais je ne le saurai. Mais à jamais je porterai témoignage de ce jour glorieux où la grandeur, la bravoure et l’inexplicable se rejoignirent brièvement sur un banal pont au-dessus d’un canal décidément trop tranquille.

Du texte à un rap médiéval

Après avoir couché sur papier cette chronique burlesque d’une rencontre fortuite avec le mystérieux Messire Guidon des Tuyaux, je restais étrangement insatisfait. Les mots étaient là, l’humour aussi, mais il manquait quelque chose d’essentiel. Cette histoire, avec ses références aux tournois médiévaux et son héros à bicyclette armé de tuyaux en guise de lances, réclamait plus qu’une simple lecture.
J’ai d’abord envisagé une mise en forme théâtrale, puis une narration façon conte traditionnel, mais rien ne semblait capturer l’essence même de cette rencontre absurde et grandiose à la fois. Plus je relisais mon texte, plus une évidence s’imposait : cette histoire devait être chantée.
Mes premières tentatives m’ont conduit vers des adaptations en ballade folk classique, puis vers une forme plus lyrique inspirée des chansons de geste. Le résultat était correct, mais manquait cruellement de cette tension entre l’ancien et le moderne qui constituait l’âme même de mon récit. Comment donner une voix contemporaine à ce chevalier-plombier sur sa monture métallique ?
C’est alors que ma petite voix m’a soufflé « La Tribu de Dana ». Le rap médiéval de Manau, avec son mélange audacieux de flow contemporain et d’instrumentations celtiques, m’a offert la clé que je cherchais depuis des heures. Un style hybride, à mi-chemin entre la chronique médiévale et la narration urbaine moderne.
Les heures suivantes ont été consacrées à transformer mes vers en couplets rythmés, à concevoir un refrain qui resterait en tête, tout en préservant l’introduction parlée qui plante le décor de cette épopée ordinaire. La métrique a été repensée pour s’adapter au flow, les rimes affinées pour créer des moments de tension et de relâchement.
Le résultat final, « La Ballade de Messire Guidon des Tuyaux », dépasse mes espérances initiales. Ce qui n’était qu’une observation humoristique d’un quotidien banal s’est transformé en une véritable œuvre hybride, où les codes du rap se mêlent aux traditions des troubadours, créant ainsi un pont entre les époques – tout comme ce pont sur lequel j’ai croisé notre héros moderne aux allures médiévales.
Cette expérience m’a rappelé que parfois, un texte n’est que le début d’un voyage créatif bien plus vaste. Messire Guidon aurait sans doute approuvé cette transformation, lui qui sait si bien naviguer entre tradition et modernité, entre l’héroïsme fantasmé et la banalité du quotidien.
Et vous, chers lecteurs, qu’en pensez-vous ? Le rap médiéval est-il le véhicule idéal pour raconter nos épopées urbaines contemporaines ? N’hésitez pas à partager vos impressions dans les commentaires et à écouter « La Ballade de Messire Guidon des Tuyaux » disponible maintenant sur ma chaîne YouTube.

Paroles : La Ballade de Messire Guidon des Tuyaux

Words spoken
En ce jour mémorable, moi, humble chroniqueur des glorieuses banalités, je revenais des marchés lointains où j’avais acquis victuailles et autres biens précieux, le sac chargé comme un mulet mal nourri. Marchant d’un pas tranquille sur la voie pavée qui mène à mon modeste logis, j’entrepris de franchir le pont ancestral qui enjambe les eaux sombres du canal du destin.

Intro
Oyez, oyez, bonnes gens assemblées,
L’histoire vraie que je vais vous chanter,
D’un chevalier aux armes bien étranges,
Messire Guidon, que j’ai vu passer.

Refrain
Ô Messire Guidon des Tuyaux,
Fier chevalier sur sa monture à roues,
« Qui fuit, perd la pression » est sa devise,
Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.

Couplet 1
Sur ma route, alors que je cheminais,
Ployant sous le poids de mon humble butin,
Surgit soudain, tel un dragon en courroux,
Un preux guerrier au regard incertain.

Couplet 2
Son blason noble et fort à contempler,
« Deux Tuyaux Croisés sur Champ de Rustines »,
Brillait au soleil comme l’or le plus pur,
Sur sa bicyclette, trône de fer qui grince.

Couplet 3
En ses mains tenait deux lances luisantes,
Non point d’acier, mais de cuivre forgées,
Par les anciens plombiers de la contrée,
Armes redoutables pour tout évier bouché.

Refrain
Ô Messire Guidon des Tuyaux,
Fier chevalier sur sa monture à roues,
« Qui fuit, perd la pression » est sa devise,
Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.

Couplet 4
À l’horizon parut l’ennemi juré,
Charrette sans cheval, bruyante et fière,
Mon cœur battait pour ce combat épique,
Que les ménestrels chanteraient jusqu’à hier.

Couplet 5
Point de damoiselle pour jeter son voile,
Ni de héraut pour annoncer le duel,
Seul un badaud avec son sac d’emplettes,
Témoin unique de ce tournoi cruel.

Couplet 6
Messire Guidon accéléra sa course,
Ses tuyaux-lances frémissant de désir,
L’affrontement semblait inévitable,
Le monde retint son souffle à ce moment.

Refrain
Ô Messire Guidon des Tuyaux,
Fier chevalier sur sa monture à roues,
« Qui fuit, perd la pression » est sa devise,
Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.

Couplet 7
Mais, ô surprise ! Quelle ruse audacieuse !
Au bout du pont, virant sur sa droite,
Le chevalier esquiva la bataille,
Disparaissant derrière les haies coquettes.

Couplet 8
Laissant derrière lui parfum d’huile et mystère,
Et mille questions sans réponses certaines,
Où donc allait ce valeureux guerrier?
Quel noble évier attendait sa main souveraine?

Couplet 9
Ainsi s’achève mon humble récit,
De ce jour où bravoure et plomberie,
Se rencontrèrent sur un pont ordinaire,
Au-dessus d’un canal trop tranquille pour lui.

Refrain
Ô Messire Guidon des Tuyaux,
Fier chevalier sur sa monture à roues,
« Qui fuit, perd la pression » est sa devise,
Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.

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La vieille rouée des mauvais coups

Quand la manipulation devient un art théâtral puis musical

Publié le 4 mars 2025

Chers lecteurs,

Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous une création littéraire née d’une expérience que beaucoup d’entre vous reconnaîtront peut-être : les manipulations d’un parent âgé qui, tel un instrument de musique bien accordé, sait jouer des émotions de son entourage.

Ce texte est d’abord né d’un besoin cathartique de « vider mon sac » face aux récentes manœuvres d’une mère vieillissante qui excelle dans l’art de la manipulation émotionnelle. J’ai ensuite eu envie de donner à ce texte le panache d’un Cyrano de Bergerac, transformant ma frustration en une tirade digne d’Edmond Rostand.

Le résultat est cette complainte lyrique qui joue sur les multiples sens des mots « vielle » (l’instrument de musique à roue), « vieille » (la personne âgée) et « rouée » (la personne rusée, manipulatrice). La métaphore filée de la vielle à roue, cet instrument traditionnel dont on tourne la manivelle pour faire vibrer les cordes, m’a semblé parfaitement illustrer comment cette « chère maman » joue des cordes sensibles de son entourage.

Le texte original : La Symphonie de la Rouée à Roue

Une complainte Cyrano-esque d’un fils

La voilà ! Souveraine en son fauteuil-royaume,
Vieille à roue humaine aux mécanismes éprouvés,
Rouée de tous les mauvais tours que sa roue perpétue,
Ses rouages menteurs tournant sans jamais s’enrayer !

Ses yeux, poignards acérés, scrutent les âmes à berner,
Son sourire, archet aiguisé, frôle les consciences fragiles,
Tandis que sa main ridée fait tourner la roue de nos tourments
Comme une rouée vielleuse experte en tromperies circulaires !

Cette vielle dame est vielle musicienne des émotions d’autrui !
Rouée comme pas une dans l’art de faire tourner les têtes,
Sa caisse de résonance amplifie les moindres drames,
Et sa roue grinçante fait vibrer les cordes de nos culpabilités !

Elle tourne sa manivelle avec la ruse d’une rouée experte,
Produisant cette musique lancinante de mensonges brodés,
De flatteries enroulées autour de l’axe de sa roue trompeuse,
Et de drames montés en épingle, tournant en boucle perpétuelle !

En virtuose de sa vielle, en rouée des sentiments,
Elle sait quand ralentir le tempo de ses larmes feintes,
Quand accélérer le rythme des rires calculés,
Quand faire tourner la roue de ses soupirs mensongers,
Feignant l’épuisement d’une sainte femme
Dont les rouages seraient usés par trop de manigances !

« Ah ! Si vous connaissiez tous les tours que ma roue a joués pour vous ! »
Soupire-t-elle, voix vibrante comme une rouée prise en flagrant délit !
Et autour, on danse à sa musique, prisonniers de sa roue infernale,
On s’excuse en cadence, on obéit au cercle vicieux qu’elle impose !

Elle tourne, elle tourne, infatigable vielle à roue des manipulations !
Rouée comme pas une dans l’art de nous faire tourner en bourrique !
Chacun croit diriger l’orchestre de ses humeurs,
Mais c’est elle, la rouée, qui tient la roue de nos émotions !
Les naïfs pensent que sa mélodie tourne en rond par fatigue,
Mais c’est le manège savamment orchestré d’une rouée qui nous envoûte !

Madame, par tous les saints menteurs, manipule mon cœur tourmenté !
Sa vielle à roue détourne les richesses de son patrimoine,
Vendant les bibelots qui ornaient la roue de sa fortune,
Pour financer ces charlatans qui font tourner la roue de ses illusions !

Elle compose des fables d’avocats consultés, de services sociaux alertés,
Sans jamais préciser quelle roue du destin l’a menée
À ces consultations mystiques où tournent les rouages de l’escroquerie !
Ah, ces voyants aux numéros surtaxés,
Gouffres abyssaux où son argent s’évapore
Dans le vortex d’une roue qui tourne à vide !

Son téléphone à recharges, rouage essentiel de ses mensonges,
Voit son crédit s’épuiser en quelques tours de cadran,
Victime des tours pendables que cette rouée lui fait jouer !

Il faudrait plaindre cette vielle dame aux rouages détraqués !

Ô comble de l’ironie mécanique ! Pour faire tourner la roue des manipulations,
Cette rouée retrouve la dextérité d’une horlogère suisse !
Mais lorsqu’il s’agit de faire tourner un simple bouton,
Sa roue s’enraye soudain sous ses doigts prétendument malhabiles !

Sa télévision, nouveau rouage dans sa mécanique domestique,
Reste figée, non par défaut de fabrication,
Mais parce que la rouée n’a pas appris
À faire tourner ce bouton sans y trouver son intérêt !

Elle m’appelle, sa voix plaintive comme une roue mal graissée,
Harcèle son aide familiale, autre victime de ses tours pendables,
Mais en définitive, c’est toujours pour faire tourner la roue de quelque nouvelle duperie !
Elle nous prend, l’un et l’autre, pour des engrenages dociles
Dans la grande roue de ses mensonges !

Un jour pourtant, la roue de la rouée grincera une dernière fois !
L’engrenage de ses fourberies s’enrayera dans un fracas de vérité !
La mélodie menteuse déraillera comme une roue qui se brise !
Mais d’ici là, elle continue de tourner sa manivelle usée,
De jouer ses tours, de faire tourner la tête à son auditoire crédule.
Car après tout, pourquoi la rouée cesserait-elle de faire tourner sa roue
Quand tout le monde tourne encore autour d’elle ?

Puis la version chantée : La Vieille Rouée des Mauvais Coups

Cette complainte m’a ensuite inspiré une gigue folklorique humoristique, que vous pourriez fredonner la prochaine fois que vous vous retrouverez face à un manipulateur ou une manipulatrice…

(À chanter sur un rythme enlevé)

Refrain :
Tournez, tournez, la vieille à roue
Ses ficelles et ses manigances
Tournez, tournez, jusqu’au bout
Tout l’monde suit sa cadence !

La vieille dame dans son fauteuil,
Qui fait les yeux de carpe en deuil,
Tourne sa vielle, tourne ses ruses,
Jamais à court d’une excuse !
(Hardi les gars, tapez du pied !)

Pour les voyants, pour les gourous,
Elle vend ses bibelots, ses bijoux,
Puis téléphone d’un air plaintif :
« Venez m’aider, je suis captive ! »
(Allez, frappez dans vos mains !)

Refrain

Sa télé neuve ne marche pas,
Mais c’est qu’elle n’appuie pas du bon doigt !
Pour les magouilles, elle est savante,
Pour les boutons, elle est mourante !
(Tournez, danseurs, tournez en rond !)

Elle joue de nous comme de sa vielle,
Serrant la vis, tournant la manivelle,
Rouée comme dix, rusée comme trente,
Sa mélodie est ensorcelante !
(Hop là ! Un pas chassé à droite !)

Refrain

L’aide-ménagère en perd la tête,
Son fils aussi devient tout bête,
À force de danser comme des fous
Sur l’air joué par la vieille à roue !
(Sautez, virez, c’est la gigue !)

Un jour pourtant la roue grincera,
Le mécanisme s’enrayera,
Et nous verrons la vielle dame
Prise au piège de son propre drame !
(Et clap, et clap, frappez des mains !)

Refrain final :
Tournez, tournez, la vieille à roue
Ses ficelles et ses manigances
Tournez, tournez, c’est le grand coup
La roue tourne… et c’est la fin de la danse !


Cette création est née d’un moment d’exaspération et d’un besoin de sublimer la frustration en art. Si vous aussi vous avez affaire à un proche manipulateur, peut-être que l’humour et la créativité pourront vous aider à prendre du recul. N’hésitez pas à partager en commentaires vos propres expériences ou créations inspirées par les « vieilles rouées » qui peuplent vos vies !

À bientôt pour de nouvelles chroniques,

P Rivière

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Le Verger de Papa

De la nostalgie aux bourgeons

Aux origines d’une émotion

Tout a commencé par une simple demande familiale. Un dimanche ordinaire, ma mère m’a sollicité pour photographier son jasmin en fleurs, celui qui survit sur sa terrasse. Une requête anodine, presque banale. Pourtant, ce petit geste allait déclencher une cascade d’émotions et, finalement, une création artistique inattendue.

Après avoir capturé les délicates fleurs du jasmin, mon regard s’est porté, presque malgré moi, vers le fond du jardin. Là-bas, derrière la haie négligée, se trouvait le verger que mon père entretenait autrefois avec passion. Dix ans après sa disparition, ce lieu semblait m’appeler une fois de plus – un appel à la fois lumineux sous le soleil printanier et profondément mélancolique dans son abandon.

La confrontation avec le temps

Me voilà donc parti, smartphone en main, à travers les hautes herbes et les ronces qui ont progressivement envahi les allées autrefois soigneusement entretenues. Chaque pas dans ce labyrinthe végétal était aussi un pas dans ma mémoire. Je redécouvrais ce territoire de l’enfance, désormais envahi par l’absence et le temps.

Les redécouvertes s’enchaînaient au fil de ma progression: ici, une vieille balançoire rouillée, témoin silencieux des jeux d’antan; là, un ballon décoloré suspendu à une branche depuis combien d’années? Et partout, contrastant avec cette désolation, des fleurs sauvages – primevères, perce-neige, cyclames – qui perçaient obstinément à travers le chaos végétal, comme autant de petites victoires de la vie.

Ces contrastes m’ont profondément touché: la juxtaposition de l’abandon et du renouveau, de la tristesse et de la beauté, du passé révolu et du présent qui persiste à fleurir malgré tout.

De l’émotion au texte

De retour chez moi, ces images tournaient en boucle dans mon esprit. Comment exprimer ce sentiment complexe, cette mélancolie qui n’est pas désespoir, cette nostalgie qui n’est pas que regret? Les mots sont venus, presque naturellement, formant peu à peu les contours d’un texte qui évoquait ma traversée du verger.

Mais quelque chose manquait encore. Une référence littéraire s’est imposée: le poème « Après trois ans » de Paul Verlaine, que mon père aimait tant. Comme Verlaine qui pousse « doucement la porte du petit jardin qu’éclairait doucement le soleil du matin », je revivais cette expérience de retour, mais dans un contexte différent – non pas après trois ans, mais après dix, et sans porte à pousser mais des broussailles à traverser.

Le Verger de mon Père

C’était un dimanche comme les autres. Ma mère m’avait demandé d’aller photographier son jasmin en fleurs, celui qu’elle soigne avec tant d’attention au coin de la terrasse. Mission accomplie, je m’apprêtais à repartir quand mon regard fut attiré vers le fond du jardin. Là-bas, derrière la haie de troènes, le verger de mon enfance m’appelait. Un appel à la fois brillant sous le soleil printanier et désespéré, désespérant dans son abandon.

Après dix ans, me voilà à marcher, boitillant, dans le verger envahi d’herbes folles, de ronces et autres chiendents. Sous le soleil brillant, je suis parti en quête des premiers signes du printemps.

Il faut pourtant braver les obstacles qui se sont accumulés depuis que papa n’est plus là. Il a triste allure, ce verger, et pourtant il se pare encore de ses primevères et de ses délicates fleurs mauves. Et là, figée dans le temps, la vieille balançoire rouillée se balance au gré du vent, avec ses cordages effilochés et son siège délavé par les intempéries. Un ballon orange décoloré, vestige d’après-midis joyeux, pend tristement à l’une des cordes. Ces reliques d’enfance, abandonnées comme des sentinelles oubliées, montent la garde au milieu des tapis de fleurs sauvages.

Il me revient Verlaine qui « avait poussé doucement la porte du petit jardin qu’éclairait doucement le soleil du matin » — ici, je n’ai poussé aucune porte. J’ai dû franchir la brousse qui me bloquait l’accès à ce beau verger où j’avais tant couru enfant. En cet après-midi de dimanche, je vois la désolation tout ornée des jolies fleurs du printemps.

Les petites étoiles jaunes et les primevères roses parsèment le sol comme autant de souvenirs lumineux qui résistent au temps. Elles percent la végétation sauvage qui a repris ses droits, entourant de leur douceur les vestiges de nos jeux d’enfants. Contre le vieux mur de pierre, là où nous cachions nos trésors, les cyclames sauvages semblent veiller sur nos secrets d’autrefois, témoins obstinés d’une vie qui continue malgré l’abandon.

Au loin, les vieux arbres se dressent, squelettiques pour certains, envahis par le lierre pour d’autres. Le ciel bleu paraît presque indécent au-dessus de ce paysage mélancolique où la nature sauvage efface peu à peu l’œuvre de mon père.

Que reste-t-il de ces doux chants que j’entendais quand j’étais enfant ? Le temps passe et fait disparaître ces paradis où nous courrions joyeux et contents, croyant que le temps était aimant. Mais en fait, il n’est jamais qu’un grand méchant qui tue les souvenirs d’enfant.

Et pourtant, ces fleurettes jaunes me murmurent que tout n’est pas perdu, que sous l’apparente désolation, la vie persiste, obstinée, comme un écho lointain des jours heureux.

Le texte avait pris forme, mélangeant souvenirs concrets et impressions poétiques. Mais au fil de l’écriture, une métamorphose s’était opérée: la tristesse initiale s’était teintée progressivement de lumière. Les perce-neige et les primevères n’étaient plus seulement les témoins d’un paradis perdu, mais aussi les promesses d’un renouveau possible.

La transformation musicale

C’est alors qu’une idée a germé: et si ce texte devenait chanson? Plus précisément, comment Charles Trenet, maître dans l’art de transformer la mélancolie en légèreté, aurait-il abordé ce sujet? Cette question a été le point de bascule du projet.

Avec l’aide de Claude, l’IA d’Anthropic, j’ai exploré cette piste, transformant mon texte initial en paroles inspirées du style de Trenet. L’idée de jouer sur les sonorités « pa-pa-pa » s’est imposée, créant un double sens évocateur: à la fois l’évocation de mon père (« papa ») et le rythme swinguant caractéristique de Trenet.

Les images du verger ont trouvé leur traduction sonore: les perce-neige sont devenus des « ding-ding-bling » tintinnabulant au vent, le « caracole » s’est transformé en « père-père-cole », dans un jeu de mots qui aurait pu naître sous la plume de Trenet lui-même. La mélancolie initiale s’est progressivement métamorphosée en une nostalgie dansante, où même la tristesse s’habille de rythmes enjoués.

Pour compléter cette transformation, j’ai fait appel à Suno, une IA musicale capable de générer une mélodie et un arrangement à partir de directives. L’électro-swing m’a semblé le genre idéal pour cette fusion entre passé et présent, tradition et modernité. Les sonorités vintage du swing conjuguées aux beats électroniques contemporains reflétaient parfaitement cette tension entre mémoire et renouveau que j’avais ressentie dans le verger.

La chanson comme réconciliation

« Le Verger de Pa-pa-pa » n’est pas seulement une chanson, c’est le point culminant d’un processus de transformation: de la douleur à l’acceptation, de la nostalgie figée à la mémoire vivante. Elle représente ma façon de dialoguer avec l’absence, non pas en la niant, mais en l’intégrant dans un présent qui continue de fleurir.

En entremêlant les sonorités gaies du swing avec des paroles qui évoquent la perte, en juxtaposant l’abandon du verger et l’obstination des fleurs printanières, cette chanson devient une métaphore de la vie elle-même – avec ses contradictions, ses douleurs et ses renaissances inattendues.

Le processus créatif, de la promenade initiale à la chanson finale, a été une forme de thérapie, une manière de transformer le chagrin en création. Les outils d’intelligence artificielle ont joué le rôle de collaborateurs, amplifiant et transformant mon émotion personnelle sans jamais la remplacer.

« Le Verger de Pa-pa-pa » témoigne ainsi qu’au cœur même de nos pertes les plus profondes, la vie continue de composer sa mélodie – parfois mélancolique, parfois joyeuse, mais toujours, obstinément, présente.


« Le Verger de Pa-pa-pa » est disponible sur ma chaîne YouTube, où j’explore les nouvelles frontières de la création artistique assistée par l’intelligence artificielle, sans jamais perdre de vue l’émotion profondément humaine qui en est la source.

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Tranches napolitaines

Quand la poésie dadaïste rencontre l’IA musicale

Publié le 1er mars 2025

Genèse d’une collaboration humain-machine

C’est avec plaisir que je vous présente aujourd’hui mon dernier projet musical : « Tranches napolitaines ». Cette création unique est née d’une expérimentation à la frontière entre expression artistique humaine et intelligence artificielle.

Tout a commencé avec une simple photographie que j’ai prise d’un ciel d’hiver strié de nuages, où les arbres dénudés se découpaient contre l’horizon. Cette image m’a suggéré « on dirait une tranche napolitaine », que dirait un dadaïste de cette image ? Cela a inspiré une démarche créative assistée par IA pour explorer les possibilités d’une poésie dadaïste contemporaine.

Une création IA-assistée de bout en bout

Le processus de création de « Tranches napolitaines » illustre parfaitement les nouvelles frontières de l’art à l’ère numérique :

  1. Les paroles ont été développées en collaboration avec une IA, qui a proposé une structure poétique dadaïste intégrant le motif de « tranche napolitaine » comme métaphore centrale.
  2. La composition musicale a été entièrement générée par Riffusion, un outil d’IA spécialisé dans la création musicale. J’ai simplement orienté le style vers les instruments, les sons utilisés et l’atmosphère souhaitée puis Riffusion est parti vers le rock progressif, et j’ai laissé l’algorithme explorer les possibilités sonores.
  3. La production finale représente une véritable symbiose entre sensibilité humaine et capacités génératives de l’intelligence artificielle.

Une esthétique dadaïste pour l’ère numérique

Les paroles de « Tranches napolitaines » explorent la fragmentation de la réalité à travers une métaphore culinaire décalée. Le ciel stratifié devient une glace tricolore, les arbres squelettiques des danseurs absurdes, et nous-mêmes de simples « fourmis confuses » dans ce tableau surréaliste.

Tranche, tranche napolitaine
Le monde en couches superposées
Tranche, tranche napolitaine
La vie absurde découpée
Dans ce tableau dadaïste
Où tout sens s’est évaporé

Ce refrain, dans sa simplicité apparente, capture l’essence même du projet : une superposition de réalités où l’absurde côtoie le quotidien, où l’art humain se mêle aux algorithmes.

Réflexions sur la création assistée par IA

Je tiens à être totalement transparent : sans l’assistance de l’IA, ce projet n’aurait jamais existé sous cette forme. Ce n’est ni entièrement mon œuvre, ni entièrement celle de la machine, mais plutôt une conversation créative entre deux intelligences de nature différente.

Cette collaboration soulève des questions fascinantes sur l’avenir de la création artistique :

  • Qui est véritablement l’auteur lorsque l’humain et la machine co-créent ?
  • Comment nos outils numériques transforment-ils notre expression artistique ?
  • L’art IA-assisté peut-il atteindre une authenticité émotionnelle comparable à l’art traditionnel ?

À l’écoute

Je vous invite à découvrir « Tranches napolitaines » sur ma chaîne YouTube et à partager vos impressions. Cette expérience n’est qu’un début dans mon exploration des possibilités créatives offertes par la collaboration humain-IA.

L’art a toujours évolué avec la technologie, des premiers pigments aux logiciels de montage numérique. Aujourd’hui, l’IA nous offre un nouveau chapitre dans cette longue histoire de l’expression humaine.


Musique intégralement générée par Riffusion · Concept et direction artistique : P Rivière · 2025

Paroles

Couplet 1
Le ciel se découpe en strates
Comme une tranche napolitaine
Gris anthracite par-dessus
Blanc laiteux au milieu
Rose pâle à l’horizon

Refrain
Tranche, tranche napolitaine
Le monde en couches superposées
Tranche, tranche napolitaine
La vie absurde découpée
Dans ce tableau dadaïste
Où tout sens s’est évaporé

Couplet 2
Les arbres squelettiques dansent
Leurs mains noires pointent l’absurde
Briques rouges fragmentées
Clôtures décousues
Prairie verdâtre endormie

Refrain
Tranche, tranche napolitaine
Le monde en couches superposées
Tranche, tranche napolitaine
La vie absurde découpée
Dans ce tableau dadaïste
Où tout sens s’est évaporé

Couplet 3
La mélancolie se déguste en couches
L’anarchie des nuages proclame
Que le monde n’est rien d’autre
Qu’une vaste tranche surréaliste
Où nous ne sommes que des fourmis confuses

Refrain final
Tranche, tranche napolitaine
Le monde en couches superposées
Tranche, tranche napolitaine
La vie absurde découpée
Dans ce tableau dadaïste
Où tout sens s’est… napolitaine!

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Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière

Le grand exorcisme de la photocopieuse

🖨️💀 QUAND L’UTILISATION DE LA PHOTOCOPIEUSE TOURNE AU CAUCHEMAR… 💀🖨️

Vous pensiez que les films d’horreur se limitaient aux maisons hantées et aux esprits frappeurs ? Détrompez-vous. Le véritable démon se cache dans votre bureau, tapi dans l’ombre du local d’impression : la photocopieuse.

Entre bourrages papier intempestifs, erreurs cryptiques et toner disparu au pire moment, il ne restait qu’une solution : un exorcisme musical. 🔥 Nu métal viscéral et folk psychédélique en transe se mêlent dans cette incantation sonore pour chasser l’esprit maléfique de la machine… ou sombrer avec elle.

📜 Découvrez l’histoire derrière cette chanson délirante et exutoire qui parlera à tous ceux qui ont déjà lutté contre une imprimante possédée !

Il y a un an, dans un élan de frustration teinté d’humour, j’écrivais un texte inspiré des pires moments que l’on peut vivre devant une photocopieuse récalcitrante. Ce monolithe de plastique et de métal, censé nous faciliter la vie, semblait alors possédé par une force obscure, s’amusant à déclencher des erreurs mystérieuses et à bloquer des impressions cruciales à l’instant même où elles étaient le plus nécessaires.

📅 Aujourd’hui, Facebook a décidé de me rappeler cette pépite enfouie dans les tréfonds de mes publications passées. Et en relisant ces lignes, une évidence m’a frappé : cette histoire méritait plus qu’un simple post oublié… Elle méritait une chanson.

🖤 De l’humour au métal : la naissance d’un rituel musical

Parce qu’on ne peut affronter un démon sans armes adaptées, j’ai choisi de transcrire ce combat en musique. Mais pas n’importe quelle musique. Il fallait une alliance puissante, quelque chose qui oscille entre rage et mysticisme, une incantation sonore capable d’évoquer à la fois l’absurdité de la situation et l’urgence quasi sacrée d’un exorcisme de bureau.

🎸🔥 Le résultat ? Une fusion improbable entre nu métal brutal et folk psychédélique en transe. Des riffs furieux, des envolées mystiques, des percussions rituelles… et un texte qui reprend les éléments du post originel pour leur donner une nouvelle dimension : celle d’un véritable rituel de purification technologique.

💀 Un combat contre l’Ennemi Ultime : l’erreur fatale

À travers cette chanson, on plonge dans une bataille où chaque élément du bureau devient une arme sacrée :
🖨️ Le toner béni pour purifier la machine
📜 Les feuilles A4 immaculées pour exorciser les esprits malveillants
🔌 Saint USB et Sainte Ethernet pour assurer la connexion divine
📶 L’intercession de Saint Wi-Fi pour chasser les forces du chaos

Et bien sûr, une prière finale pour bannir à jamais l’ombre maudite du bourrage papier et du code d’erreur 404.

🎧 À écouter sans modération… et avec une prière pour votre matériel de bureau

Si vous avez déjà vécu la détresse d’une impression bloquée, si vous avez déjà perdu foi en la technologie en entendant ce bruit sinistre de papier coincé, alors cette chanson est pour vous.

⚠️ PS : Contrairement à la photocopieuse, l’auteur n’était pas bourré lors de la création de ce morceau. Mais après trois tentatives infructueuses d’impression et une lumière rouge clignotante, l’idée d’un exorcisme musical a semblé être la seule issue.