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Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière Mais où va-t-on ? - Indignation et rébellion

Les êtres néants

Des trésors dans le garage : quand un vieux texte retrouve vie

Publié le 12 mai 2025

La découverte inattendue

Il y a quelques jours, armé de cartons et d’une détermination sans faille, j’ai entrepris cette tâche que nous reportons tous : vider le garage. Entre les objets à jeter, ceux à donner et les souvenirs qui nous arrêtent net dans notre élan, j’ai découvert une feuille jaunissante. Dessus, un texte que j’avais écrit il y a des années et complètement oublié : « Les êtres néants ».

En relisant ces lignes écrites dans un moment d’exaspération après une journée passée dans les méandres administratifs, j’ai été frappé par leur actualité. Ce texte, né d’une frustration passagère, portait en lui une critique sociale qui reste, malheureusement, toujours pertinente.

Le texte original : une critique de la bureaucratie absurde

« Sur le boulevard de l’absurde, deux quidams. L’un n’est rien, l’autre moins que rien. Ça fait plus que rien.« 

Ainsi commence ce texte qui dépeint ces fonctionnaires que j’avais surnommés « les êtres néants » – ces individus qui, par leur position, détiennent un pouvoir disproportionné par rapport à leur compétence ou leur volonté d’aider. Ces personnes qui incarnent un système où l’absurdité administrative règne en maître.

Ce qui m’a interpellé en relisant ce texte, c’est la colère sourde qui l’habitait – une colère qui n’était pas dirigée contre des individus, mais contre un système qui transforme des personnes ordinaires en « fonctionnaires nés pour fonctionner » et qui « joignent l’inutile au désagréable ».

De la page oubliée à la chanson : rencontre avec Gainsbourg

En relisant ce texte, une évidence s’est imposée à moi : sa tonalité, son rythme et son ironie mordante rappelaient étrangement l’univers de Serge Gainsbourg, particulièrement dans ses œuvres les plus cyniques comme « Requiem pour un con ».

L’idée a germé : pourquoi ne pas transformer ce texte en chanson, dans le style si particulier de Gainsbourg ? Cette voix grave et traînante, ce phrasé unique, cette musique minimaliste qui sert le texte plutôt que de le noyer… Le tout sur une base de funk minimaliste avec caisse claire sèche et bongos en arrière-plan, créant cette atmosphère urbaine, cinématique et sombre si caractéristique.

Le processus de transformation

Adapter ce texte n’a pas été simple. Il a fallu conserver l’essence de la critique tout en créant une structure adaptée au format chanson – avec couplets et refrain. J’ai choisi de centrer le refrain autour du concept des « êtres néants », cette expression qui capturait si bien l’essence du propos.

J’ai travaillé l’instrumentation pour qu’elle soutienne le texte : une basse électrique obstinée comme fondation, une caisse claire sèche et percutante pour marquer les temps forts, des bongos en contretemps pour ajouter de la texture.

Et puis la voix : grave, presque monotone, avec ce détachement ironique si caractéristique de Gainsbourg.

Une critique sociale intemporelle

Ce qui m’a poussé à partager cette création, c’est la réalisation que cette critique, bien que personnelle et écrite il y a des années, résonne toujours aujourd’hui. Qui n’a jamais ressenti cette impuissance face à un système qui semble conçu pour frustrer plutôt que pour servir ?

Comme l’évoque le texte : « On rêve de donner de grands coups de pied à l’État croupion, mais, pour finir, on l’a toujours dans le c… » Une formulation crue mais qui traduit un sentiment partagé par beaucoup.

Au-delà de la critique : une catharsis

Si j’ai décidé de partager cette création aujourd’hui, c’est parce qu’elle dépasse la simple critique. Elle offre une forme de catharsis à tous ceux qui ont vécu ces frustrations. Il y a quelque chose de libérateur à mettre en mots et en musique ces expériences partagées, à transformer la frustration en création.

Et peut-être aussi parce que l’art a cette capacité unique de nous permettre de rire de nos malheurs, de transcender par l’ironie et la créativité les petites et grandes absurdités de la vie quotidienne.

À votre tour

Avez-vous déjà découvert d’anciens écrits qui vous ont surpris par leur pertinence ? Ou peut-être avez-vous aussi vos histoires d’absurdité administrative à partager ?

Je serais curieux de lire vos expériences dans les commentaires. Et qui sait, peut-être que vos récits inspireront une prochaine création…


Si vous souhaitez écouter « Les Êtres Néants » dans son intégralité, vous pouvez la retrouver sur ma chaîne YouTube ou sur mon compte TikTok et bientôt sur les différentes plate formes.

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Méfiez-vous de l’alpha bêta !

Quand le Tango rencontre Brassens pour démasquer les faux leaders

Dans notre époque où l’image l’emporte souvent sur le fond, j’ai ressenti le besoin de mettre en mots et en musique cette observation qui me hante : la distinction entre le leadership authentique et la domination superficielle. C’est ainsi qu’est née « Méfiez-vous de l’Alpha Bêta », une fable moderne qui marie les inspirations de Georges Brassens à la sensualité rythmique du tango.

Genèse d’une réflexion en musique

Cette chanson est le fruit d’une recherche approfondie sur la psychologie du leadership. À travers mes observations de l’actualité politique et sociale, j’ai été frappé par la propension collective à suivre des personnages dominateurs plutôt que des leaders véritables. Le « vrai alpha » – discret, réfléchi, empathique – se trouve souvent éclipsé par l' »alpha bêta » – bruyant, superficiel, mais captivant.

L’idée était de déconstruire cette dynamique en utilisant l’arme la plus puissante qui soit : l’ironie musicale. En m’inspirant de la plume acérée de Brassens, maître dans l’art de dénoncer les travers sociaux avec humour et finesse, j’ai composé six tableaux qui contrastent ces deux archétypes.

Une création assistée par l’intelligence artificielle

L’aventure créative de cette chanson présente une particularité : elle s’est épanouie en collaboration avec différentes intelligences artificielles. Le texte a été affiné grâce aux échanges avec Claude et ChatGPT, tandis que la composition musicale a pris forme avec Suno. Cette démarche hybride, mêlant l’intuition humaine et les capacités génératives de l’IA, a permis d’explorer de nouvelles frontières créatives.

Loin d’être une simple délégation, ce processus s’est révélé être un véritable dialogue artistique, où mes directives, influences et visions ont rencontré les propositions des algorithmes pour donner naissance à « L’Oreille du Psy », l’interprète virtuel de cette création unique.

Entre tango et chanson française

Le choix du tango comme véhicule musical pour porter les paroles inspirées de Brassens n’est pas anodin. Cette fusion entre la tradition française de la chanson à texte et les rythmes lancinants du tango crée une tension qui sert parfaitement le propos. Le tango, danse de séduction par excellence, devient ici métaphore du jeu de pouvoir et d’influence qui se joue dans nos sociétés.

Cette hybridation stylistique évoque des artistes comme Otros Aires qui ont su réinventer le tango tout en préservant son essence, mais avec un texte en français qui résonne des échos de notre tradition littéraire.

Un regard critique sur nos choix collectifs

Au-delà de la simple opposition entre deux types de personnalités, « Méfiez-vous de l’Alpha Bêta » interroge nos mécanismes collectifs : pourquoi sommes-nous si souvent séduits par le clinquant plutôt que par l’authentique ? Pourquoi, comme le dit la chanson, « la foule aime-t-elle la flamme, même quand elle sent l’soufre et l’chagrin » ?

Le couplet final pose cette question essentielle : « Est-ce qu’l’humanité, depuis Caïn, préfère l’bruit du sabre au chant du pain ? » Cette interrogation résonne particulièrement dans notre paysage politique actuel, où les postures médiatiques semblent souvent l’emporter sur la profondeur des idées et l’intégrité des intentions.

Une invitation à la vigilance

Cette chanson n’est pas qu’un exercice stylistique ou une simple critique sociale. Elle se veut une invitation à la vigilance, un appel à reconnaître et valoriser le leadership authentique face aux illusions du pouvoir. Comme le suggère le refrain final : « Méfiez-vous d’l’alpha qui frime, c’est l’miroir de nos propres abîmes. »

En ces temps où les défis collectifs appellent un leadership éclairé et intègre, peut-être est-il temps de réapprendre à distinguer le vrai du faux, au-delà des apparences et des bruits qui captent si facilement notre attention.

Je vous invite à découvrir cette création originale et à partager vos réflexions sur cette thématique qui, bien au-delà d’une simple chanson, questionne les fondements mêmes de nos choix collectifs et individuels.

Écoutez « Méfiez-vous de l’Alpha Bêta » sur ma chaîne YouTube et laissez-vous porter par cette fable moderne où se rencontrent la tradition de la chanson française et les rythmes envoûtants du tango.

https://youtu.be/COFqrCdVzZI

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Vive les « autoritaires » !

🎭 Une fanfare contre l’obéissance

« Quand le pouvoir défile, la liberté recule en cadence. »

Cette chanson-là, cela faisait un moment qu’elle me tournait autour du cortex. Une ritournelle sarcastique en quête de cuivres, de pavés et de vérités qu’on envoie à la figure comme on claque une porte bien fermée.
Le déclic ? La lecture de Le monde des nouveaux autoritaires, dirigé par Michel Duclos (Institut Montaigne), un ouvrage essentiel pour comprendre comment certains leaders démocratiquement élus sapent peu à peu les fondations mêmes de la démocratie.

Ils s’appellent Donald, Victor, Giorgia, Emmanuel, Marine, Georges-Louis ou d’autres encore. Tous ont en commun cette manie de brandir la sécurité, la morale, la Nation ou la grandeur comme autant de fouets rhétoriques pour discipliner les peuples et museler les oppositions.
Mais nous, dans tout ça ? On regarde ? On se tait ? On vote à reculons ? Ou bien… on chante ?

🎺 Vive les « autoritaires » ! est une fanfare libertaire, une carmagnole moderne, une chanson de rue habillée en satire, qui défile à contresens de la parade officielle. Elle s’inspire de Brassens pour l’ironie, des bandas pour l’énergie, et de la franc-maçonnerie symbolique pour la lucidité : une farandole de faux-frères qui n’avaient qu’à mieux danser.

🔊 À écouter, à jouer, à chanter, à hurler, selon l’humeur du jour. 📣 Et surtout, à partager, si l’air vous gratte la gorge comme à moi.

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L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière Si j'étais Rimbaud ?

Le printemps m’éveille

Quand l’inspiration dépasse la grasse matinée

L’histoire derrière la chanson

Il y a des matins où tout bascule. Celui-ci en fait partie. Dimanche, 8h30. Aucune alarme, aucun rendez-vous, aucune obligation. Le contexte parfait pour une grasse matinée bien méritée. Et pourtant…

Une lueur particulière jouait derrière mes rideaux. Curieux, j’ai ouvert la fenêtre et c’est là que tout a commencé. Le souffle du printemps, cette brise matinale chargée de promesses, m’a littéralement saisi. Les oiseaux chantaient, le soleil dessinait des arabesques dorées, et mon jardin en désordre semblait m’appeler.

Du poème à la chanson

Les premiers vers sont venus naturellement, griffonnés pêle-mêle dans mon carnet :

  • Le soleil qui gratte à la fenêtre
  • Les bourgeons qui font leur show
  • Le jardin en pagaille qui réclame de l’attention

Mais comment transformer ces impressions matinales en une véritable chanson ? C’est là que j’ai fait appel à ce que j’appelle « l’IAssistance ». Avec l’aide de Claude (IA), j’ai structuré mes idées éparses pour créer des couplets cohérents et un refrain accrocheur.

Le choix musical : du boom-boom au jazz manouche

Le choix du style musical a été une aventure en soi. Ma première idée ? De l’électro-swing pour traduire cette énergie printanière. Mais après plusieurs essais, le résultat était trop « boom-boom » à mon goût.

J’ai alors exploré d’autres pistes, hésitant entre une version totalement sautillante et quelque chose de plus posé. Le compromis parfait s’est finalement imposé : le jazz manouche. Des couplets doux, presque contemplatifs, et un refrain bondissant qui capture cette joie enfantine du printemps.

L’orchestration

Grâce à Suno, j’ai pu donner vie à ma vision musicale :

  • La guitare manouche pour la base rythmique
  • Le violon pour la mélodie principale
  • La contrebasse pour la profondeur
  • La clarinette pour ajouter cette touche jazz caractéristique

Le paradoxe créatif

Ce qui me fascine dans cette histoire, c’est le paradoxe qui l’a initiée. C’est précisément parce que je n’avais aucune obligation ce matin-là que j’ai ressenti cette urgence créative. Comme si l’absence de contraintes avait libéré un espace pour l’inspiration.

Le résultat final

« Le printemps m’éveille » est une chanson de 3 minutes 15 qui raconte ce moment précis où la nature nous rappelle à la vie. Les paroles célèbrent ces instants simples : le chant des oiseaux, la danse des fleurs, le soleil qui joue à cache-cache avec les nuages.

Une création « IAssistée »

Cette chanson illustre parfaitement ce que j’appelle la création « IAssistée ». L’intelligence artificielle n’a pas créé la chanson à ma place, mais elle m’a aidé à :

  • Structurer mes idées
  • Affiner les paroles
  • Explorer différents styles musicaux
  • Produire l’arrangement final

C’est un véritable travail de collaboration où la technologie amplifie la créativité humaine plutôt que de la remplacer.

Conclusion

« Le printemps m’éveille » est plus qu’une simple chanson. C’est le témoignage d’un moment où l’inspiration a triomphé de la paresse, où la beauté du monde a su me tirer du lit mieux que n’importe quelle alarme.

Et vous, avez-vous déjà vécu ces moments où l’envie de créer dépasse tout le reste ?

La chanson est disponible sur YouTube et bientôt sur toutes les plateformes de streaming.

Qu’en pensez-vous ? Partagez vos impressions dans les commentaires !


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Dix ans après ?

Dimanche Pâques, vite une bouffée d’air dans ce bureau où règne encore cette odeur de ce territoire marqué de tes traces. Je laisse mon regard errer dans ce bureau fantôme, ce sanctuaire de papier et d’encre où ta présence et ton absence se font plus présentes que jamais. Ce calendrier figé sur juin 2015, comme si le temps avait pressenti ton départ, s’arrêtant un mois avant que tu ne t’efface de ce monde. Étrange prémonition des objets qui parfois semblent plus sages que nous.

Dix ans déjà. Une décennie où ton absence s’est cristallisée dans ces étagères partiellement vides, ces meubles dilapidés, ces papiers orphelins qui cherchent leur Champollion pour être déchiffrés. Je fouille parmi tes reliques, cherchant à sauver en dehors des manuels scolaires, des fragments de ton âme éparpillée au hasard.

Que reste-t-il de nous quand nous partons ? Des objets muets, des espaces abandonnés, des calendriers arrêtés comme des horloges brisées. La maison familiale est condamnée, et avec elle ce bureau – dernière chambre d’écho de ta voix, dernier refuge de ton esprit. Paradoxe cruel : pour que subsiste quelque chose de toi, il faut que je vide les lieux de ce qui peut être sauvé, que je disperses tes derniers trésors comme on sème des graines.

Je t’imagine, penché sur ces pages jaunies, tâcheron infatigable de la pensée. Ton QG, comme je le nommais avec tendresse, était moins un lieu qu’une extension de ton être. Et maintenant, je me prépare à trier, nous emballer, nous décider ce qui mérite d’être sauvé, comme si je pouvais juger de la valeur des fragments d’une vie.

Le temps est un voleur méticuleux. Il ne prend pas tout d’un coup, mais lentement, objet par objet, souvenir par souvenir. D’abord ta présence, puis les traces de ton passage, puis la mémoire même de ces traces. Et pourtant, dans ce travail d’archéologue à accomplir, quelque chose perdure – cette émotion qui m’étreint devant un calendrier arrêté, cette volonté de donner une seconde vie à ces livres qui furent les compagnons de ta pensée.

Peut-être est-ce là notre plus belle résistance face à l’inéluctable : transformer la perte en transmission, l’absence en présence ailleurs, autrement. Ces manuels que je cherche à sauver iront nourrir d’autres esprits, sous d’autres cieux, perpétuant sans le savoir un peu de cette flamme qui brûlait en toi.

La poussière retourne à la poussière, mais les idées, elles, voyagent de conscience en conscience. Pour qu’il reste un peu de toi, dirons-nous, il faut que ceux qui restent s’en aillent. N’est-ce pas la définition même de l’héritage ? Cette beauté fragile qui survit dans le mouvement, jamais dans l’immobilité.

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Mais bon sang, où c’est qu’on a mis le corps ?

(Version enrichie, cloche comprise)

Lieu : Un coin sombre du tombeau, une lumière blafarde tombe sur la dalle vide. Ambiance étrange entre mystique et farce policière. Au centre, un suaire jeté comme une serviette dans un polar cheap. Des apôtres à la gueule de lendemain d’orgie liturgique, rassemblés autour du vide sidéral.

PIERRE

— Je vous avais dit de le planquer sous les draps, pas sur le côté comme un vieux gigot d’agneau pascal ! Maintenant, il n’y a plus rien, que dalle, même pas une épine à se mettre sous la dent ! C’est quoi ça ? Un suaire plié comme une serviette de hammam… On dirait le décor d’une scène de crime à Césarville-les-Bains !

JACQUES (ramasse le suaire du bout des doigts)

— Je te jure, Pierre, moi je n’ai touché à rien. J’ai juste refermé le rideau. Je pensais que Judas avait la clé du coffre. Tu as vu ça ? On dirait une empreinte au vin rouge… Si ça, ce n’est pas un miracle ou une contrefaçon de luxe… On dirait un faux, le Suaire de Turin avec deux siècles d’avance.

THOMAS

— Judas ? Il s’est pendu hier, le salopard. Avec une ficelle de figuier. On ne peut pas compter sur un mec qui ne sait même pas faire un nœud coulant propre. Judas devait encore chercher un point Godwin à l’histoire… Je n’y crois pas une seconde.

ANDRÉ (regarde autour, un truc le chiffonne)

— Ce n’est pas qu’on l’a perdu, c’est qu’il s’est volatilisé, le corps nous a posé un lapin, genre miracle en douce, ascenseur céleste sans prévenir. Trois jours qu’on le veille et puis pouf ! Évaporé ! Un coup du Saint-Esprit en mode ninja ! Attendez… c’est quoi ce truc par terre ? Une fiche de fidélité « Taverne des Douze » tamponnée trois fois. On a laissé des preuves comme des amateurs !

PIERRE

— Tu vas me faire gober qu’il est monté tout seul comme un moineau ivre dans une corbeille en feu ? Arrête André, même une mule de Galilée verrait l’entourloupe. On va jamais réussir à faire avaler qu’il est monté au ciel tout seul, sans tambour ni trompette ? Même les anges n’ont pas laissé une plume !

ANDRÉ (enchaîne direct)

— On a voulu cacher le boss comme une dîme au fisc, maintenant faut l’inventer en montgolfière divine… On va finir saints mais sans domicile fixe.

JACQUES

— Mes lapins, on est chocolat ! On dit quoi au peuple ? Si on dit qu’on a paumé le Messie comme un colis mal acheminé, on va se faire crucifier à notre tour ! Alors on fait quoi ? On dit qu’il est parti sur un char de feu ? Qu’il a pris l’escalator céleste au petit matin ?

THOMAS (d’un ton narquois)

— Sur un char de feu ça fait trop banal mais si on dit qu’il est ressuscité, voilà l’idée ! C’est classe, c’est vendeur, ça fait mystère et Bible de gomme. Et puis qui va vérifier ?

PIERRE (soupirant)

— Non mais attends ! T’as pas encore reçu l’esprit sain mec?! C’est le genre de plan qui sent plus la vinaigrette que la grâce ! C’est moi qu’on appelle Pierre, hein ? Pas pour décorer les évangiles comme un nain de jardin dans l’Éden ! Et là, il n’y a plus de pierre tombale, plus de corps, plus rien. Tu parles d’un fondement… Faute de pierre pour fermer le tombeau, va falloir que je bâtisse une Église. Tu as beau dire, mais pour un dimanche de Pâques, il y a quelque chose qui cloche !

THOMAS

— Je n’y crois pas une seconde… mais comme c’est Pâques, je veux bien faire semblant. C’est la résurrection ou la révolution ! Je n’y crois pas, mais vu le trou qu’on a laissé derrière, on peut au moins dire qu’il n’est pas mort pour rien… C’est la résurrection ou une fuite organisée !

JACQUES

— Si on nous chope, on dira que c’est une parabole. C’est comme un mensonge, mais en plus biblique. Si on s’exprime par parabole. C’est comme un bobard, mais en plus mystique, les gens captent mieux comme par satellite.

PIERRE

— Vous avez vu nos tronches ? On dirait un gang de fossoyeurs qui a picolé le vin de messe… Va falloir jouer serré. À ce rythme, on va juste ériger une légende et poser des oraisons sur du sable. Et dire qu’il voulait bâtir son royaume sur moi…

THOMAS (avec cynisme)

— Je crois qu’on va finir canonisés pour escroquerie mystique… et encore, sans avoir fait le service trois miracles. On a perdu un corps et trouvé une religion. Bravo les gars, Moïse peut retourner danser la lambada sur les tables de la loi.

ANDRÉ

— Ou alors on raconte qu’on l’a vu monter au ciel, façon space X divin, avec des anges en cortège… Un peu de fumée, deux ou trois pigeons dressés, et hop, l’affaire est dans le sac à miracles.

PIERRE (amer)

— Et dire qu’il voulait bâtir son royaume sur moi… À ce rythme, on va juste ériger une légende et poser des cloches au lieu de fondations.

JACQUES

— Allez, on raconte qu’il est monté au ciel… vu le flou du témoignage, on pourra toujours dire que c’était nuageux.

THOMAS (marmonne)

— On a perdu un corps et trouvé une religion. Si c’est pas un miracle de comptoir, je suis Moïse qui fait une sortie de scène en moonwalk.

Silence gêné. Les apôtres se regardent, puis quittent les lieux lentement, laissant derrière eux le suaire, la dalle vide… et une légende fraîchement moulée. Ils sortent un à un, l’air grave, traînant leurs sandales comme un péché capital. Seul un petit ange les regarde depuis une alcôve, un sourire en coin. Il murmure :

L’ANGE (off)

— Résurrection ou disparition ? En tout cas, ce n’est pas la vérité qu’ils ont roulée sous la pierre… Mais en vérité, il n’y a pas que la pierre qui a été roulée dans cette histoire…

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Tout ça pour des clous !

Mort pour des clous

[Intérieur d’une taverne de Jérusalem, rideaux tirés, ambiance moite. Une jarre de vin tourne, les coupes s’entrechoquent mollement. Ils ont les visages tirés et le verbe aiguisé.]

PIERRE (le Dur)
Bon… on va pas tourner autour du sépulcre. Le patron, il est raide. Raide comme un légionnaire après trois jours sans vin. Et tout ça à cause d’un petit malin à capuche et à baisers.

JEAN (le Doux)
C’était censé être un pèlerinage, pas un enterrement. Moi j’dis, au début, il avait une idée. Une vraie. Le Mont des Oliviers, le Canderem, le palais de Pilate… une piste comme dans les rouleaux.

MARC (le pilier de café)
Tu parles d’une piste. C’était pas un itinéraire, c’était un guet-apens à ciel ouvert. On aurait dit que Judas, il lui avait vendu un plan griffonné sur une nappe de taverne.

MATHIEU (le zélote)
Le Golgotha, qu’il disait. Là-haut y’aurait le magot, la vérité, la rédemption… Résultat ? Des clous ! Et encore, pas en or massif. Le seul trésor qu’il a trouvé, c’est un crucifix taillé sur mesure.

PIERRE
Moi, j’dis que ça sentait l’arnaque depuis Béthanie. Quand un type te dit « le royaume est proche », et qu’il t’amène au poteau d’exécution, c’est que le royaume… c’était surtout pas le tien.

JEAN
Et Judas ? Ce mec-là, c’est pas un disciple, c’est un comptable en cavale. Il a vendu le boss pour trente misérables deniers. Même pas de l’or. C’était pas un baiser, c’était un reçu fiscal.

MARC
Il croyait faire un coup de maître. Mais le Golgotha, c’est pas une planque, c’est un théâtre. Et nous, les figurants, on a joué les clous avant de comprendre qu’on s’était tous fait visser.

MATHIEU
Le pire, c’est qu’il avait l’air de savoir. Il marchait vers sa croix comme un dromadaire vers un puits sec. Il souriait même, le bougre… Moi j’te jure, j’ai vu des fous, mais lui, c’était un prophète ou un poète. Peut-être les deux.

PIERRE
Ou un caïd mystique qui voulait graver son blaze dans les Écritures. Et maintenant, regarde-nous : quatre types dans une taverne à boire à la santé d’un mort… qui nous a peut-être roulés… ou qui nous a peut-être sauvés. Va savoir.

JEAN
Jésus… Nazaréen, roi des rêves. Il croyait qu’en montant au Calvaire, il allait trouver la clé du royaume. Mais tout ce qu’il a trouvé, c’est la serrure. Et Judas tenait la clé.

MARC (levant sa coupe)
À lui. À nous. Aux illusions. Et aux vendus qui les enterrent.

TOUS
À la croix, et à ceux qui y croient.

JEAN (Levant les yeux au ciel comme inspiré par le vin) : Y comme un ange qui passe !

MATHIEU (le zélote, regard sombre)
Et l’autre machin, le Sanhédrin… On aurait dit un conclave de croque-morts. Ils avaient les rouleaux de la Loi dans une main et la pierre dans l’autre. Faut dire, ils s’étaient déjà partagés la dépouille avant que le boss rende l’âme.

MARC (sarcastique)
Ouais. Le procès, tu parles… C’était pas une audience, c’était une liquidation. Une vente au détail du Messie. Même le baveu, il a rien pu faire.

JEAN (le Doux)
Le baveu ? Tu veux parler de ce vieux rabbin à barbe blanche, qui suait comme un chameau à l’ombre ? Il a bafouillé deux mots et hop, silence dans la salle. J’ai vu plus de défense dans une galette sans levain.

PIERRE (se râcle la gorge, les yeux fuyants)
Parlons d’autre chose.

MARC
Non non, vieux frère, pas si vite. Faut qu’on cause aussi des gallinacés et des regrets. Paraît que t’as fait chanter le coq, toi.

MATHIEU
Trois fois, qu’on m’a dit. Trois fois que t’as dit « J’le connais pas ce Nazaréen », pendant que lui se faisait trimbaler d’un prétoire à l’autre comme un voleur de figues. Pas beau, ça.

PIERRE (les dents serrées, la voix grave)
J’étais pas prêt. J’ai eu la trouille, OK ? Une de celles qui vous prend à l’estomac et vous le tord comme un lépreux sans onguent. J’ai vu les regards, les lances, le bois déjà taillé… Et j’me suis dit que peut-être, j’étais pas fait pour le martyr.

JEAN (doucement)
Il t’avait prévenu.

PIERRE
Ouais. Comme s’il avait lu le script avant le tournage. « Tu me renieras trois fois avant que le coq chante », qu’il m’a dit. J’ai ri, ce jour-là. Maintenant, j’rire plus.

MARC (ironique)
Tu veux dire, tu cocotes moins ?

PIERRE (sombre)
J’ai renié un frère. Un patron. Un prophète. Et j’me suis renié moi-même. Le coq, j’l’entends encore. Pas besoin d’être à Jérusalem. Il est dans ma tête, tous les matins.

MATHIEU (soudain touché)
Peut-être que c’était pas une fin. Peut-être que c’était le début. Un genre de braquage céleste. Il est descendu au fond du trou pour ouvrir une sortie de secours.

JEAN (levant sa coupe)
Alors on boit. À ceux qui trahissent, et qui pleurent. À ceux qui jugent, et qui dorment mal. Et à celui qui est mort pour nous réveiller.

TOUS
À l’ami crucifié. Le patron qu’avait pas peur du clou.

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Lettre à Monsieur Robert JOLY

Que reste-t-il de notre œuvre?

Cher Monsieur Joly,

Du royaume silencieux où vous résidez désormais, percevez-vous encore l’écho de nos pensées ? En rationalistes que nous sommes, j’en doute autant que vous en auriez douté. Pourtant, je m’adresse à vous comme on murmure à l’oreille de l’absence, dans cette conversation intime que l’on tient face à la pierre tombale d’un être cher.

Je viens de recevoir votre « Propos pour mal-pensants », cette œuvre née en 1997 de votre esprit lumineux. L’exemplaire que vous m’aviez offert, portant la calligraphie intime de votre dédicace, repose toujours dans ma bibliothèque – témoin fidèle du temps suspendu. J’hésitais à en fracturer l’intégrité, à soumettre ses pages au regard froid du scanner pour nourrir votre mémoire numérique. J’ai donc cherché refuge dans les méandres d’internet, où j’ai découvert avec mélancolie le destin de votre pensée : une maison de la culture, une bibliothèque itinérante près de Namur, une fiche d’emprunt immaculée, deux formulaires vierges, attestant que seul le bibliothécaire, dans son rituel d’archiviste, a effleuré ces pages que vous aviez habitées de votre âme.

Voilà donc ce qu’il advient de nos œuvres ! Nous écrivons, nous façonnons des univers de mots, nous tentons d’imprimer notre passage dans la matière du monde – et rien, le néant, le silence.

Je me souviens encore de ce jour où vous souhaitiez, comme vous l’aviez si élégamment formulé, « vider votre besace ». Je vous revois disparaître dans la brume entre Warocqué et la prison de Mons, après avoir partagé votre réflexion sur Jésus. N’est-ce pas là le sort tragique de l’homme ? Il déverse son âme pour transmettre un message, et ses paroles se dissolvent dans la brume du temps et de l’oubli.

Je sais, bien sûr, que quelque chose persiste de ce que vous avez semé en nous. Pourtant, lorsque j’ai cherché vos œuvres dans l’océan numérique, ces deux piliers fondamentaux que sont « Propos pour mal-pensants » et « Dieu vous interpelle ? Moi, il m’évite » semblent s’être évanouis comme des ombres au crépuscule.

Comment ne pas ressentir une indignation presque sacrée face à cet effacement progressif de tout ce que vous avez communiqué et transmis ? Je tente aujourd’hui, par des chemins détournés, de préserver les fragments de votre mémoire, mais y parviendrai-je vraiment ?

Le destin, après tout, ne connaît pas la prémonition.

Dialoguez avec la pensée de Robert JOLY grâce au support de l’intelligence artificielle.

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L’affrontement du regard de mort

La Chamouraï Luna et l’affrontement du regard de mort (inutile)

Chronique féline d’un jardin disputé

La Chamouraï Luna, gardienne silencieuse du territoire vitré, prit position sur l’appui de fenêtre avec une gravité aussi nippone que friponne. L’armure invisible de sa dignité cliquetait à chaque mouvement de moustache. Son regard, deux lames de jade aiguisées par l’ennui, se fixa sur l’intrus.

Lui, Vicharou le Vil, pelage d’un roux douteux et démarche d’un contremaître ivre, arpentait nonchalamment le jardin de Luna. Il le faisait avec l’impunité tranquille des âmes qui savent qu’elles ne risquent rien d’autre qu’un regard mauvais. Il leva les yeux. Le duel pouvait commencer.

À la manière des anciens maîtres, Luna ne feula pas tout de suite. Non. Elle attendit. Elle concentra en elle des siècles de sagesse, d’orgueil, et de mépris feutré pour les squatteurs roux. Puis, d’un souffle presque inaudible, elle lâcha :

« Fffrrr… »

Un avertissement. Une mise en garde. Une convocation en conseil de guerre.

Le vil chat roux hésita. Il savait. Il avait déjà connu cette guerre des yeux, ce sabbat de feulements échangés à travers la vitre, cette guerre froide à température féline. Il feula en retour, dans un dialecte de gouttière approximatif.

Le choc fut terrible.

Durant exactement 13 secondes, ils se toisaient, museaux frémissants, pupilles réduites à des fentes d’assassins. Puis, dans un coup de théâtre aussi silencieux qu’absurde, Vicharou fit volte-face. Il quitta le rebord du massif de pivoines, contourna le barbecue couvert de mousse, et… sortit du champ de vision de Luna.

Victoire ?

Pas vraiment.

Car Luna, stoïque, savait. Le brigand était toujours là. De l’autre côté de l’arbre. Hors de portée du regard, certes, mais toujours sur SON territoire.

Elle miaula un soupir déçu. Son jardin restait souillé par la présence invisible de l’ennemi. Elle avait gagné une bataille de regard… mais perdu la guerre du gazon vert.

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Pas l’ombre d’un chat !

Ceci n’est pas l’ombre d’un chat

Il n’y a pas l’ombre d’un chat,

ni même le rêve d’un poil sur l’aile d’un matin.

mais pourtant chat il y a,

une patte de velours dans la fluidité céleste.

Il est là, bien là, bien trop sombre,

face au ciel trop bleu pour être honnête.

Le soleil l’a oublié, ou peut-être

a-t-il lui-même volé la lumière

pour mieux disparaître.

C’est un chat, Madame. C’est un chat, Monsieur.

Un vrai, avec des moustaches de mystère,

et une queue en point d’interrogation.

Mais voilà qu’il s’efface, qu’il sombre,

comme une pensée trop vague,

ou un secret trop bien coulé.

Ainsi parla Bizarre à tout chat

sage du rebord,

prophète de l’invisible,

rongeur de certitudes.

Il dit :

« Je ne suis pas l’ombre d’un chat,

je suis l’idée d’un chat que tu te fais,

le souvenir d’un chat qu’on n’a jamais eu,

le reflet d’un songe à moustaches

dans la vitrine du ciel. »

Et le ciel, lui, n’a rien dit.

Il a continué à flotter,

trop occupé à garder ses nuages

au frais.