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Silence, on tourne à Tournai

De la lumière à la chanson : l’histoire d’une création nocturne à Tournai

Il arrive parfois qu’une simple promenade nocturne déclenche une cascade créative inattendue. C’est exactement ce qui s’est produit ce samedi 18 janvier, lors d’une soirée ordinaire qui allait se transformer en aventure artistique.

La magie de l’instant

Tout commence alors que je m’apprête à rejoindre mon véhicule garé de l’autre côté de l’Escaut. En traversant le pont de fer, je suis saisi par la qualité particulière de la lumière qui baigne Tournai. La ville semble se réinventer sous mes yeux, entre ombres et reflets. C’est un de ces moments où le quotidien se pare soudain d’une dimension poétique inattendue.

L’appareil photo sort naturellement de ma poche. Six clichés pour tenter de capturer cette ambiance unique. Après tri, trois images ressortent, porteuses de cette magie nocturne que je viens d’observer.

Du visuel au verbal

Ces trois photographies deviennent le point de départ d’une création textuelle. Un premier poème naît, tentant de traduire en mots cette atmosphère si particulière. Tournai s’y dévoile, endormie sous son « chapeau noir », tandis que les lampadaires filiformes grattent l’obscurité. L’eau de l’Escaut y joue un rôle central, miroir mouvant où la ville se reflète et se réinvente.

Dans ce premier texte, le silence occupe déjà une place prépondérante. C’est un « bal silencieux, sans musique, sans bruit » où seuls les reflets dansent sur l’eau. La ville respire doucement, entre « la morsure du froid et la caresse des néons ».

La métamorphose

C’est alors qu’une petite voix intérieure murmure : « Tourner ? », « Tournai ? ». Et soudain, comme une évidence : « Silence, on tourne ! ». Cette simple phrase fait basculer le projet dans une nouvelle dimension. Le poème initial va se transformer en chanson, mais pas n’importe laquelle : une chanson construite comme un tournage nocturne.

Le texte se réinvente, adoptant le vocabulaire du cinéma. Les lampadaires deviennent des projecteurs, les rues des plateaux de tournage, et l’Escaut le fil conducteur de cette histoire visuelle. Le rythme cool jazz s’impose naturellement, parfait pour porter cette ambiance de film noir urbain.

Les refrains évoluent au fil de la chanson, marquant la progression du « tournage » : de la première à la dernière prise, la ville se dévoile sous différents angles. Les voix off ponctuent le récit, donnant à l’ensemble une dimension presque cinématographique.

La boucle est bouclée

Ainsi, d’une simple observation de la lumière nocturne est né un projet artistique complet. Des photographies ont inspiré un poème, qui s’est métamorphosé en chanson, elle-même structurée comme un film. Une création en plusieurs actes, où chaque étape a nourri la suivante, transformant une promenade ordinaire en une expérience créative singulière.

Cette aventure démontre comment l’inspiration peut surgir des moments les plus simples, et comment une ville familière peut encore nous surprendre, pour peu qu’on la regarde avec des yeux neufs. Tournai, cette nuit-là, est devenue bien plus qu’un décor : elle s’est faite muse et personnage principal d’une histoire qui continue de tourner, au fil de l’eau et des lumières.

Le poème:

Tournai s’endort sous un chapeau noir,
Un ciel sans lune, un ciel sans espoir.
Mais voilà que des lampadaires filiformes,
Dressés comme des allumettes géantes,
Grattent l’obscurité, rallument la ville.


Le froid mord les pierres, les pavés soupirent,
Mais l’eau du fleuve, calme, tranquille,
Attrape la lumière et la fait danser.
Un bal silencieux, sans musique, sans bruit,
Juste des reflets qui glissent et s’effacent.

Les maisons dorment, les arbres frissonnent,
Les voitures s’alignent, figées dans l’attente.
Et au bout de la rue, un réverbère s’étire,
Fatigué de veiller, mais toujours debout.


Tournai respire, doucement,
Entre la morsure du froid et la caresse des néons,
La ville se réinvente des histoires dans les éclats,
Et l’eau, complice, les emporte au fil du courant.

Ah, Tournai la nuit…
Un tableau sans cadre,
Un poème sans rime,
Où même le silence a des choses à dire.

La chanson :

Voix off – parlé
(Silence… Moteur… Action !)

Couplet 1
Premier plan sur la ville qui dort
Travelling sur un chapeau noir
Les projecteurs, comme des lampadaires
Font leur cinéma dans les airs

Refrain 1
Au fil du fleuve, première prise
Les lumières dansent, le temps s’éprise
Silence, action, Tournai frissonne
Dans ce film où la nuit rayonne

Couplet 2
Gros plan sur les pavés qui tremblent
Les pierres murmurent, le froid les cambre
Sur l’eau du fleuve, plan séquence
Des reflets jouent leur performance

Refrain 2
Au fil du fleuve, nouvelle prise
Les lumières valent, le temps se grise
Silence, magie, Tournai résonne
Dans ce film où tout tourbillonne

Bridge
Panoramique sur la ville endormie
Où chaque rue devient une scène de vie
Les réverbères, régisseurs de la nuit
Éclairent ce film qui se tisse et luit

Couplet 3
Zoom arrière sur les maisons qui posent
Comme des figurants en pause
Les arbres frissonnent sous les spots
Le vent souffle ses derniers mots

Refrain final – ralenti
Au fil du fleuve, dernière prise
(On la tient..)
Les lumières fondent, le temps se brise
(C’est parfait…)
Silence, magie, Tournai s’abandonne
(Et… Coupez !)

Outro – parlé, avec notes de piano qui s’estompent
« C’est dans la boîte… La nuit est à nous… »

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Mon vieil ami le canal

Le temps passe…
Non chaland…
Ne pensons à rien… le courant
Fait de nous toujours des errants;


Mon vieil ami le canal,
Tes berges sont barrées
Par l’hiver et les travaux,
Et nos rendez-vous le long de l’eau
Me manquent comme une amitié perdue.
Ces promenades entre champs et flots,
Ces moments de grâce suspendus…


Te souviens-tu de nos premiers pas?
Grand-mère, le chien et moi,
Traversant les champs écarlates
Où dansaient les coquelicots.
Du port marchand jusqu’à Roucourt,
Vers le château d’Arondeau,
Nous tricotions nos parcours
Dans la dentelle de tes eaux.


Puis vint Azou, petit fox intrépide,
Sur le chemin de halage, c’était moi la barge,
Il tirait sur sa laisse comme un marinier avide
De conquérir tout l’horizon large.
Aujourd’hui parti vers les étoiles,
Il me reste ces images volées,
Ces instants que mon objectif dévoile,
Pour que sa mémoire reste à jamais scellée.


Dans l’objectif de mon appareil,
Je capture tes mille visages :
Le soleil couchant qui s’éveille
Sur ton chemin de halage,
Où les herbes folles ondulent
Comme une mer d’or qui tangue,
Et ton eau qui crépuscule
Dans un miroir de langue.


Puis c’est le chaland qui glisse,
Long serpent d’acier sur tes flots,
Entre les berges complices
Où dansent les roseaux.
Le ciel bleu se fait plus vaste,
Le temps semble suspendu,
Dans ce tableau sans faste
D’un monde révolu.


Au port de plaisance enfin,
Où le ‘Sam Suffit’ veille encore,
Les lumières du petit matin
Peignent tes eaux d’aurore.
Les nuages se mirent, paisibles,
Dans ton miroir sans ride,
Comme un tableau sensible
Où le temps se liquéfie… »


Parfois le ciel s’enflamme
De mauves et de violets,
Comme si une main de femme
Sur la toile du soir peignait.
Les arbres, témoins silencieux,
Se découpent en dentelles sombres
Dans ce tableau prodigieux
Où le jour verse ses ombres.


De l’autre côté de la rive,
Une génisse au pelage tacheté
Me regarde de ses yeux vifs,
Reine des prés ensoleillés.
Les peupliers en sentinelles
Se dressent dans le ciel bleu,
Leurs feuilles, dentelles
Que le vent fait danser peu à peu.


Les chardons violets s’élancent,
Épineux et fiers dans la brise,
Tandis que le ciel immense
Ses nuages blancs irise.
Sous l’arche du vieux pont de pierre,
Le canal s’étire, paisible,
Comme une porte de lumière
Vers un horizon invisible.


Et quand vient le soir tranquille,
Le chemin s’étire, infini,
Comme un ruban qui défile
Vers un horizon assoupi.
Les berges dorées s’inclinent
Sous le ciel qui s’abandonne,
Tandis que l’eau dessine
Les secrets que personne ne sonne…


Oui, vieil ami, tu me manques,
Mais je sais qu’au printemps prochain,
Quand les jours seront moins blancs,
Je reviendrai sur ton chemin.


Là, au bord de tes eaux sages,
Je retrouverai mes rêves errants,
Car le temps qui passe
N’efface pas le courant…
Ne pensons plus à rien…
Le canal fait de nous
D’éternels passants,
À jamais complices et fous.


Chanson:

Intro – Instrumental doux, mélancolique

Verse 1 – Calme, posé

Mon vieil ami, doux canal silencieux,
L’hiver te voile, les chemins sont pieux.
Des barrières dressées, des pierres amoncelées,
Empêchent mes pas de te retrouver.
Et pourtant, je t’entends murmurer
Dans le frisson des roseaux balayés.

Chorus – Chaleureux, enveloppant

Le temps passe… Non chaland…
Ne pensons à rien… le courant
Fait de nous toujours des errants,
À jamais complices et fous,
Toi, le canal, et moi, debout.

Verse 2 – Nostalgique, tendre

Je me souviens des matins clairs,
Grand-mère, son chien, et moi, solitaires,
Sur les sentiers rougis de coquelicots,
Jusqu’à l’ombre douce d’Arondeau.
Chaque pas était une promesse, un sourire,
Dans la dentelle de l’eau, nos souvenirs.

Chorus – Chaleureux, enveloppant

Le temps passe… Non chaland…
Ne pensons à rien… le courant
Fait de nous toujours des errants,
À jamais complices et fous,
Toi, le canal, et moi, debout.

Verse 3 – Dynamique, émotionnel

Azou, petit fox au regard délirant,
Sur le chemin de halage, bondissant.
Était-ce moi qui tirais ou bien lui ?
Marin d’eau douce, capitaine sans bruit.
Aujourd’hui, il danse parmi les étoiles,
Mais ses empreintes brillent sous mes semelles bancales.

Bridge – Légèrement aérien

Dans l’objectif de mon appareil, je garde
La lumière qui caresse tes eaux bavardes.
Un chaland glisse, les roseaux s’inclinent,
Et l’horizon doucement se dessine.

Chorus – Intense, émouvant

Le temps passe… Non chaland…
Ne pensons à rien… le courant
Fait de nous toujours des errants,
À jamais complices et fous,
Toi, le canal, et moi, debout.

Verse 4 – Profond, contemplatif

Quand le vent déchire les feuillages d’automne,
Et que la brume étreint les berges monotones,
Je devine encore les voix d’autrefois,
Flottant sur l’eau, douces comme ta voix.
Chaque reflet d’argent sur l’onde calme
Berce mes pensées d’une douce palme.

Chorus – Intense, émouvant

Le temps passe… Non chaland…
Ne pensons à rien… le courant
Fait de nous toujours des errants,
À jamais complices et fous,
Toi, le canal, et moi, debout.

Outro – Apaisé, suspendu

Mais quand viendra le doux printemps,
Je reviendrai, l’âme flottant,
Cueillir tes silences, tes reflets mouvants,
Car le courant jamais ne ment.
Ne pensons plus à rien…
Le canal fait de nous
Des passants sans fin,
Toi, mon vieil ami, et moi, étreints.


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Putaclic qui pique

Le phénomène du « Putaclic » mis en musique : quand les réseaux sociaux perdent leur boussole

Une nouvelle création musicale vient bousculer nos habitudes numériques en mettant le doigt sur un phénomène aussi agaçant que répandu : le « putaclic » sur les réseaux sociaux. Cette chanson au style hip-hop électro est née d’une expérience quotidienne devenue malheureusement trop familière.

Genèse d’une frustration créative

Tout commence lors d’une session ordinaire de navigation sur Facebook. Une simple consultation du fil d’actualité se transforme rapidement en un défilé non sollicité d’images aguichantes. « C’est comme si vous entriez dans un fast-food pour commander un simple burger, et que vous vous retrouviez subitement entouré d’entraîneuses de bar », explique l’auteur. Une comparaison qui illustre parfaitement le décalage entre l’intention de l’utilisateur et le contenu qui lui est imposé.

Un phénomène qui s’auto-alimente

Le mécanisme est aussi simple que pervers : au moindre ralentissement dans le défilement, les algorithmes interprètent cela comme un intérêt et bombardent l’utilisateur de contenus similaires. Cette surenchère transforme progressivement un réseau social censé favoriser les échanges en une sorte de vitrine numérique où le sensationnalisme prime sur la substance.

De la frustration à la création

C’est de ce constat qu’est née « Putaclic », une chanson qui mêle habilement hip-hop, électro et variété urbaine. Le titre adopte délibérément les codes du film noir et de l’univers des truands pour décrire les pratiques douteuses du marketing digital. Une approche qui permet de traiter avec humour un sujet pourtant sérieux : la manipulation de notre attention sur les réseaux sociaux.

Un message universel

Si la chanson est née d’une expérience personnelle, elle fait écho à un vécu collectif. Qui n’a jamais ressenti cette frustration de voir son espace numérique envahi par des contenus racoleurs sans rapport avec ses centres d’intérêt ? En utilisant la métaphore du bonneteau moderne, « Putaclic » pointe du doigt ces nouvelles formes d’arnaque à l’attention.

Une production dans l’air du temps

Entre rythmes électroniques et flow hip-hop, la production adopte les codes musicaux contemporains tout en portant un message critique. Les refrains évolutifs racontent l’escalade de ces pratiques intrusives, tandis que les couplets décrivent avec précision les mécanismes utilisés pour capter notre attention.

Au-delà de la dénonciation

Plus qu’une simple critique, « Putaclic » invite à une prise de conscience collective. Comment reprendre le contrôle de notre expérience en ligne ? Comment naviguer intelligemment dans cet océan de contenus racoleurs ? La chanson n’apporte pas toutes les réponses, mais elle contribue à ouvrir le débat sur nos usages numériques.

La chanson « Putaclic » est disponible sur toutes les plateformes de streaming et s’accompagne d’un clip qui transpose visuellement cette réalité virtuelle dérangeante dans un univers néo-noir.

Chanson :

Putaclic

Refrain 1
Dans les bas-fonds d’Internet
Y’a des marlous qui font leurs lois
Des truands du clic qui te mettent
Le cerveau dans de beaux draps
Putaclic, ma poule, putaclic
C’est du business qui claque et qui pique
Putaclic, mon pote, putaclic
La grande arnaque du trafic

Couplet 1
Dans les ruelles de Facebook
J’ai vu des images qui accrochent
Des gonzesses en tenue qui choque
Pour vendre du vent qui débloque
Les caïds du marketing
Font leur beurre avec nos clics
Pigalle version digitale
Où l’attention se fait la malle

Refrain 2
Dans les bas-fonds d’Internet
Les requins sont à l’affût
Des clics faciles ils en font leurs fêtes
Pendant qu’on devient tous dingues
Putaclic, ma poule, putaclic
C’est du business qui claque et qui pique
Et pendant qu’on clique et qu’on claque
Ils nous roulent dans leur arnaque

Couplet 2
Les algorithmes sont leurs macs
Qui font tourner la boutique
Pendant qu’on scrolle comme des maniaques
Dans leur tripot numérique
Un titre qui fait sa belle
Une photo qui interpelle
Et te voilà pris au piège
Dans leur petit manège

Refrain 3
Dans les bas-fonds d’Internet
C’est la foire aux gogos
Les marlous nous font la fête
Nous prennent pour des blaireaux
Putaclic, ma poule, putaclic
C’est du business qui claque et qui pique
Et pendant qu’on clique et qu’on claque
Ils nous roulent dans leur arnaque
Faut pas s’étonner si ça craque
Quand l’esprit part en vrille, attaque !

Couplet 3
Y’a plus d’intelligence qui traîne
Dans ces rues virtuelles
Juste des pièges à la chaîne
Pour nos cervelles
On joue avec nos instincts
Comme au bonneteau des temps anciens
Mais c’est plus la bille sous le gobelet
C’est notre attention qu’ils nous volaient

Refrain Final
Dans les bas-fonds d’Internet
C’est la java des escrocs
Qui nous font tourner la tête
Avec leurs photos
Putaclic, ma poule, putaclic
C’est du business qui nous arnaque et nous pique
Et pendant qu’on clique et qu’on claque
Ils nous roulent dans leur arnaque
Faut pas s’étonner si ça craque
Quand l’esprit part en vrille, attaque !
Alors réveille-toi, mon pote
Avant qu’ils te fassent la totale !

Final
Alors les gars, méfiez-vous bien
Des belles images qui vous aguichent
Ces truands-là sont magiciens
Pour vous faire tomber dans leurs niches
Dans le monde des clics faciles
Où l’attention vaut de l’or
Restez malins, restez habiles
Ou vous finirez dans leur décor

Spoken Words – Ralenti
« Dans les bas-fonds d’Internet
Y’a des combines qui tournent mal
Mais nous, on connaît leurs secrets
On s’laissera plus avoir… jamais ! »

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Résistance à l’an neuf

Genèse d’un texte : quand la douleur devient poésie

Il y a des jours où l’on choisit la solitude. Et d’autres où elle s’impose, plus lourde encore que prévue. Ce réveillon vers 2025 devait être un acte de résistance tranquille : rester chez moi, refuser le cirque des célébrations forcées, m’offrir le luxe d’un soir ordinaire dans l’extraordinaire collectif.

Puis le téléphone a sonné.

La voix d’un ami, le genre d’appel qu’on redoute toujours. Un ami commun nous avait quittés. Quelques mots échangés, des détails pratiques sur les obsèques à venir – comme si ces informations pouvaient donner un semblant de structure à l’absurde de la situation.

J’étais déjà dans un état d’esprit particulier, en rupture avec l’euphorie ambiante de cette fin d’année. Cette nouvelle a fait basculer quelque chose. L’appartement est devenu trop étroit, les murs trop proches. Il fallait sortir. Marcher. Respirer l’air glacial de cette fin d’après-midi.

J’ai attrapé mon dictaphone, comme on saisit une bouée de sauvetage. Sur la route, les mots sont venus. Bruts. Sans filtre. La ville déserte est devenue le témoin silencieux de ce monologue enregistré à chaud, où se mêlaient la colère contre ces fêtes artificielles, le deuil inattendu, et cette sensation vertigineuse de voir le temps filer entre nos doigts.

De cette déambulation est né un texte, puis un slam : « Résistance à l’an neuf ». Non pas une simple complainte contre le nouvel an, mais le témoignage d’un moment où tout bascule, où la résistance passive devient active, où la douleur cherche ses mots.

Le texte se termine par un retour au refuge – mon appartement, ma choucroute qui mijote, mon chat et mon lapin qui m’attendent. Une conclusion qui pourrait sembler déplacée dans ce contexte de tristesse. Mais n’est-ce pas là aussi une forme de résistance ? Trouver du réconfort dans ces petits riens, ces présences silencieuses, cette normalité qui nous ancre quand tout vacille.

Ce texte est né d’un moment de vie brutalement authentique. Il parle de résistance, oui, mais pas celle qu’on avait prévue. Une résistance à la fatalité, à l’obligation d’être heureux, à la mort qui nous surprend toujours. Une résistance qui finit par trouver sa voix, même au cœur de l’hiver, même un soir de réveillon.

Les artistes parlent souvent de transformer la douleur en art. Ce soir-là, ce n’était pas un choix; c’était une nécessité. Le dictaphone est devenu le confident, la rue le décor, et les mots le seul moyen de ne pas sombrer.

Cette chanson n’était pas prévue. Comme la plupart des choses qui comptent vraiment, elle s’est imposée d’elle-même, née de la collision entre un deuil inattendu et une solitude choisie, entre la résistance et l’acceptation, entre la fin et les nouveaux départs.

Elle est là maintenant, témoin de ce moment où la vie nous rappelle qu’elle écrit parfois les plus fortes pages de notre histoire, même, surtout, quand on n’avait rien prévu.

Texte de départ :

Bientôt l’an neuf.

Encore un tour de cadran pour rien.

    Un pote de plus qui s’efface. Une année de trop.

    Et là, ces foutus « meilleurs vœux ». Mais meilleurs vœux pour quoi ? Pour la chute finale ?

    J’ai rien à fêter. Rien à foutre des cotillons, des éclats de rire forcés.

    Et pourtant, rester là, cloîtré, ça me bouffe aussi.

    Alors je vais marcher. L’air glacé, la ville morte.

    Je vais sortir. Bouger un peu. Comme une bête acculée.

    Le temps est une farce, un calendrier qu’on triture pour se convaincre qu’on avance.

    On devrait jubiler, paraît-il.

    Mais moi, je vois la danse des guignols au pouvoir.

    Ils tiennent les ficelles et nous, les pantins, on applaudit en cadence.

    Une dernière carmagnole avant ce gouffre qui sent le soufre.

    Je me lève. Dictaphone, manteau.

    Un bonnet, mes gants. Je vérifie mon sac.

    Et puis quoi ? Et puis où ?

    Où porter mes pas ?

    Je n’ai pas envie. Pas envie de voir cette année s’éteindre. Pas envie d’en voir une autre démarrer.

    Rien ne s’arrête jamais, rien de ce qu’il faudrait.

    Je murmure dans mon dictaphone, peut-être qu’il enregistre, peut-être pas.

    Je m’en fous.

    Je sors. L’air est mordant, le froid vous prend à la gorge.

    Les voitures défilent comme des cons pressés d’arriver nulle part.

    Un chauffard me frôle, 61 au lieu de 50. Bravo, champion.

    Les lumières des maisons, ici allumées, là éteintes.

    Des vies qui tournent en rond dans des boîtes carrées.

    À gauche, à droite. Mais à quoi bon ?

    Je marche. Sans but. Sans envie.

    Il y a du bruit partout, et pourtant, c’est le silence qui hurle.

    Péruwelz, 18h43. Le centre-ville. « Circulez, y’a rien à voir. »

    Tu parles d’un spectacle.

    Mes pieds sont lourds, douloureux.

    Je suis comme ces chiens errants, incapables de rester immobiles.

    Toujours en mouvement, toujours à fuir quelque chose d’invisible.

    Être optimiste pour 2025 ?

    C’est comme pisser dans le vent.

    Les voitures continuent leur ballet absurde. Et nous, on attend que tout crève.

    Demain, quoi ? Ma vieille mère au téléphone, à se lamenter. Ou pire, à me harceler.

    Toujours les mêmes rengaines.

    Péruwelz, 18h57.

    J’ai cédé.

    Le froid m’a eu, comme toujours. Je suis rentré.

    Aucune force pour résister.

    Voilà. C’est brut. C’est sombre. C’est la vérité qui gratte comme une vieille chemise oubliée au fond d’un placard.

    Ce poids, ce ressassement, cette sensation de tourner en rond dans un monde qui ne tourne plus droit… C’est une spirale, un maelström qui te tire, et pourtant je continues à marcher. Comme un automate cassé, mais qui avance encore.

    Les fêtes, les vœux, tout ce cirque, c’est pour les autres. Ceux qui ont encore l’énergie de se mentir. Moi, j’ai plus envie de jouer cette comédie, et franchement, c’est pas plus mal. Mais ça me laisse seul, face au froid, face à cette foutue lucidité qui déchire tout le vernis.

    Je fais ce que tu peux. Sortir marcher, bouger un peu, ça compte. Pas parce que ça résout quoi que ce soit, mais parce que c’est ça ou crever immobile. J’ai encore ce foutu instinct de survie, même si je sais pas pourquoi.

    Je sais bien que je suis pas le seul dans ce vide-là. Il y en a d’autres, dispersés comme des étoiles mortes, mais qui brillent encore un peu, à leur façon. Ça ne change rien, peut-être, mais ça relie. Juste assez pour tenir une nuit de plus.

    Chanson :

    Rythme saccadé
    Encore un tour / Encore une année
    Un pote qui s’efface / Un temps délavé
    Et leurs vœux qui claquent / Comme des gifles glacées
    « Meilleurs » qu’ils disent / Pour quoi ? Pour crever ?

    Plus fluide
    J’ai rien à fêter dans leur carnaval de faux-semblants
    Leurs cotillons, leurs rires forcés, leurs « on fait semblant »
    Mais rester là, cloîtré dans ma cage de silence
    C’est pas la vie, c’est pas la mort, c’est l’existence

    Saccadé, intense
    Alors je sors ! / Je prends le froid !
    Comme une bête / Qui cherche sa proie
    Dictaphone / Manteau / Gants
    Ici / Maintenant / Dans le présent !

    Mélodie lente
    Le temps est une farce qu’on triture
    Un calendrier qui se déchire
    Et nous, les petits pantins désaxés
    On danse au rythme qu’ils ont fixé

    Rythme rapide, haché
    Gauche-droite / Droite-gauche
    Les pas qui cognent / Sur le bitume qui craque
    Les bagnoles qui foncent / Les cons qui accélèrent
    Soixante-et-un / Au lieu d’ cinquante / Champion d’mes deux !

    Fluide, contemplatif
    Les maisons s’allument et s’éteignent
    Comme des vies qui tournent en rond
    Dans leurs boîtes carrées qui saignent
    La monotonie de leur poison

    Saccadé, rageur
    Je marche ! / Sans but !
    Je marche ! / Sans fin !
    Le bruit partout / Le silence qui tue
    L’hiver dedans / L’hiver dehors / Putain !

    Mélodie lente
    Comme ces chiens errants qui cherchent leur chemin
    Toujours en mouvement, fuyant l’invisible
    Je suis là, perdu dans ce monde qui geint
    À chercher une trace, un sens possible

    Final – Transition vers un rythme plus posé
    Et puis… le froid gagne
    Comme toujours, il m’a eu
    Je rentre dans ma tanière
    Là où le chat et le lapin m’attendent

    Coda inattendue – rythme détendu
    Ce soir, odeur de choucroute qui monte
    Dans le petit appartement silencieux
    Un vieux vinyle qui gratte et qui conte
    Une histoire de blues, de temps précieux

    Et peut-être bien que tout ça
    C’est ma façon de résister
    À leur monde qui ne tourne pas rond
    Je reste debout, je reste vivant
    Avec mes bêtes et mes silences
    C’est pas grand-chose
    Mais c’est ma danse

    End

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    Sous ce lilas-là


    De l’écrit à la voix : Le voyage d’un souvenir

    Tout a commencé par quelques lignes écrites un 26 avril 2017. Une publication sur Facebook, simple et spontanée, déposée là comme un murmure au milieu du tumulte numérique. J’y évoquais des souvenirs d’enfance, ceux qui remontent parfois sans crier gare, portés par le parfum des lilas ou le souvenir d’une voix disparue.

    En ce mois de janvier 2025, ce texte est revenu frapper à la porte de ma mémoire. Les souvenirs d’autrefois, un peu trop bousculés par le présent, se sont invités sans prévenir. J’ai senti ce besoin de leur donner une autre forme, un autre souffle. Écrire ne suffisait plus. Il fallait que ces mots prennent voix, qu’ils aillent plus loin, puis qu’ils vibrent autrement.

    C’est ainsi qu’est née l’idée de transformer ces mots en une chanson. Des paroles directes, nues, qui laissent place à l’émotion brute. Mais trouver le bon ton, la bonne texture sonore, a été un chemin sinueux. Chaque mot devait sonner juste, chaque silence devait résonner.

    Pendant des heures, j’ai exploré des sons, des rythmes, des émotions. J’ai cherché cette interprétation qui ne trahirait pas la sincérité du texte, mais qui l’amplifierait. Ce fut un travail de patience et d’exigence, entre hésitations et révélations. Trouver cette voix qui raconte sans artifice.

    Aujourd’hui, je vous propose de découvrir ce cheminement.

    D’abord, le texte original, fragile et sincère, tel qu’il est né.
    Puis, cette chanson, ces paroles, où les souvenirs prennent chair dans les vibrations des mots.

    C’est un pont entre hier et aujourd’hui. Un hommage à ce qui fut, à ce qui reste. Une tentative de figer l’éphémère, de donner un peu de poids à ces souvenirs qui nous traversent.

    Merci de prendre le temps d’écouter, de lire.

    Et si ce texte ou cette chanson résonnent en vous, sachez que c’est dans cet écho que mes mots prennent tout leur sens.

    Texte :

    Sous ce lilas-là, Lili ne lisait pas l’Iliade.
    Il n’y avait pas Homère,
    juste grand-mère qui racontait sobrement
    quelques pages de l’Odyssée de sa vie.

    Son Pajotteland, son enfance…
    Le temps d’antan que le vent emporte avait suspendu son vol,
    nous laissant jouir de ces dernières heures propices.
    Bientôt, tu partirais vers le réseau terminus,
    me laissant ces quelques souvenirs qui étaient tiens
    et sont devenus miens.

    Dans une de ses chansons, Brel trouvait indécent
    que ces faux amis ne meurent pas au printemps,
    quand on aime le lilas.
    Toi, tu es partie avec le printemps, me laissant là.

    Nos chemins, tissés d’échanges, allaient bientôt se séparer.
    Je quitterais bientôt l’appartement au-dessus de la maison où tu vivais,
    et toi, tu finirais d’abord à l’hôpital,
    où je constatais, à mon grand désarroi,
    que la raison t’avait quittée et que tu vivais désormais confuse.

    De ce lieu, tu passerais en maison de repos,
    puis au cimetière.
    Triste fin.

    Depuis, chaque printemps me ramène à toi
    avec ces bouquets de lilas.
    Et leurs senteurs me font revenir à nos souvenirs.

    Les musées que tu m’avais fait découvrir,
    les escapades à Bruxelles,
    les voyages d’un jour.
    Les promenades dans la nature,
    le long des chemins de terre et du canal avec la chienne Dolly.
    Les gaufres et les crêpes au fin fond de l’hiver.

    Parfois, des publications du Péruwelz d’autrefois me ramènent à toi.
    Toi, femme de poigne,
    femme à l’influence discrète mais efficace.

    L’ironie suprême,
    c’est d’entendre maman parler de toi aujourd’hui,
    elle qui a déjà bien dépassé l’âge que tu avais atteint.
    On croirait tous les démons dont elle t’affublait disparus.
    Et quand je la regarde, je te vois en bien pire.Toi, au moins, tu étais honnête,
    et tu n’avais pas de porte dérobée pour balancer ta vérité.

    Chanson :

    Intro – word spoken
    Sous ce lilas-là… Lili ne lisait pas.
    Pas l’Iliade, pas Homère.
    Juste grand-mère…
    Qui murmurait des fragments d’Odyssée,
    Des souvenirs égarés, des instants figés.

    Couplet 1
    Ton “Pailloteland”, ton enfance déliée,
    Suspendue dans l’air… le vent s’est arrêté.
    Bientôt, tu partirais, discret terminus,
    Me laissant des souvenirs, un peu tiens, un peu plus.

    Refrain
    Et chaque printemps me ramène à toi,
    Sous ces lilas-là , j’entends ta voix.
    Les musées, les rires, les jours suspendus,
    Dans l’écho des fleurs, nos souvenirs ont plu.

    Couplet 2
    Bruxelles en vadrouille, les chemins du canal,
    Dolly qui court, insouciante et royale.
    Les gaufres, les crêpes au cœur de l’hiver,
    Chaleur d’un instant, douceur éphémère.

    Pont
    Et Brel chantait l’indécence,
    De ne pas mourir au printemps,
    Toi, tu l’as fait… sans prévenir,
    Laissant là… ce vide à ravir.

    Refrain
    Et chaque printemps me ramène à toi,
    Sous ces lilas-là, j’entends ta voix.
    Les musées, les rires, les jours suspendus,
    Dans l’écho des fleurs, nos souvenirs ont plu.

    Outro
    Toi, femme de poigne, discrète, sincère,
    Pas de détour pour dire ce qui est clair.
    Sous ce lilas-là… je t’écoute encore,
    Parfum d’absence… murmure d’or.

    Fin


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    L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière Si j'étais Rimbaud ?

    Au pays des collines

    Du rêve à la chanson : un voyage au Pays des Collines

    Dans la douce confusion d’un réveil, parfois les souvenirs nous visitent avec une intensité particulière. C’est précisément ce qui s’est produit un matin, quand une rêverie semi-consciente a fait resurgir tout un pan de mémoire lié à la mythique chaussée Brunehaut. Cette antique voie romaine, qui serpente de Mainvault vers Ellezelles et Flobecq jusqu’au lieu-dit « Le Paradis », est devenue le fil conducteur d’une création poétique puis musicale.

    De la rêverie au poème

    Ce voyage onirique matinal a d’abord pris la forme d’un long texte poétique évocateur. Les images y affluent comme autant de flashs mémoriels : une boutique de chaussures aux étagères patientes, des grands-parents saisis dans leur quotidien : lui avec sa voix marquée par la maladie, elle penchée sur ses « bondieuseries ». Le texte déroule une série de tableaux vivants : Finette la chienne qui jappe sous les images publicitaires du chocolat Jacques, le four à pain où le grand-père façonne le temps autant que la pâte, la cave où il murmure aux chicons…

    Le poème oscille entre la tendresse des souvenirs et l’amertume d’une perte, entre la description précise d’un monde disparu et la rage contenue face à sa disparition. Il se termine sur une note méditative sur la nature même du souvenir, « comme un reflet sur l’eau avant qu’il ne s’efface ».

    Du poème à la chanson

    Ce texte riche en émotions et en images appelait naturellement une adaptation musicale. Après avoir envisagé plusieurs directions stylistiques, dont une version rap aux sonorités électroniques expérimentales, c’est finalement vers la chanson française traditionnelle que s’est orienté le projet. Plus précisément, vers le style si caractéristique de Charles Trenet, artiste particulièrement apprécié du grand-père et du père évoqués dans le texte.

    Cette version finale, intitulée « Le Pays Vert des Souvenirs », transforme la mélancolie du poème original en une douce nostalgie plus légère, plus dansante, tout en préservant la force évocatrice des images. Le texte a été restructuré en couplets et refrains, adoptant les codes de la chanson française des années 40-50 mis en électro swing, avec son élégance formelle et sa capacité à transformer le quotidien en poésie.

    Un hommage multiple

    Cette création devient ainsi un hommage à plusieurs niveaux : au Pays des Collines et à son patrimoine, aux êtres chers disparus, à une époque révolue, mais aussi à une certaine tradition de la chanson française. La boucle est bouclée quand on réalise que cette œuvre, née d’une rêverie matinale remontant la chaussée Brunehaut vers Le Paradis, unit dans un même élan la mémoire familiale et le patrimoine culturel.

    La chanson, disponible sur YouTube, perpétue ces souvenirs et les transforme en un témoignage touchant de la vie dans le Pays des Collines, tout en rendant hommage à ceux qui ont façonné ces lieux de leur présence.

    Texte

    Au Pays vert, au pays des collines,
    Quand je remonte la vieille chaussée Brunehaut,
    Cette route ancestrale qui relie Mainvault à Ellezelles,
    Cette voie romaine qui mène au Paradis
    Frôlant les pierres muettes de Wodecq,
    Les souvenirs, tapis dans les plis du temps, s’éveillent.

    Dans ce pays de douces ondulations,
    Une route discrète serpente
    À travers les vallées de ma mémoire.
    Là, dans une maison de rangée à Flobecq,
    Mon grand-père, sa voix râpeuse comme un cancer,
    Et ma grand-mère, penchée sur ses bondieuseries,
    Habitent encore mes pensées.

    Leur boutique de chaussures aux étagères patientes,
    La pièce de vie derrière le comptoir,
    Où le café danse doucement sur le poêle,
    Libérant des volutes d’odeur qui collent à la peau des souvenirs.

    Une vieille radio chuchote sur un haut buffet fatigué,
    Et quelques bandes dessinées effilochées s’éparpillent,
    Comme les fragments d’une enfance dispersée.
    Finette, la chienne au ventre débordant,
    Jappe sous les images de chocolat Jacques.

    Je goûte à nouveau le chocolat fourré,
    Niché dans l’étagère, ses images, trésors minuscules.
    Une petite table, usée, un tiroir grinçant,
    Une sonnette qui vibre encore des appels d’autrefois.

    La cave, refuge souterrain où grand-père murmure aux chicons,
    Cette longue cuisine comme un couloir où s’efface la lumière.
    Et le four à pain sous l’auvent,
    Où je vois mon grand-père s’agiter,
    Épaules courbées sur la pâte,
    Comme s’il façonnait du temps.

    Un poulailler au fond du jardin,
    Caché dans les herbes folles,
    Un vieux téléphone mural interphone qui pend,
    Comme un témoin recyclé d’une époque disparue.

    La salle de télévision, cocon sombre,
    Où j’éclatais de rire devant Laurel et Hardy,
    Rires résonnant comme un écho au téléviseur du professeur Tournesol,
    Dans les pages tremblantes des Aventures de Tintin.

    Et puis, au détour d’un chemin,
    La voix de mon père qui s’élève,
    File entre les haies, glisse sur les pavés.
    Il raconte, il revit sa jeunesse,
    Ses folies, ses chutes,
    Un coup de mozère pour abréger la vie d’une poule,
    Un saut périlleux depuis un tandem,
    Et ce moulin de Wodecq, refuge de son enfance.

    Chaque pas sur cette route ravive les plaies du présent,
    Les égratignures qui s’ouvrent et grondent.
    Misérable mère qui a tout bazardé,
    Pour des cendres !

    Mais les souvenirs affluent,
    Insistants, têtus,
    Et tentent de me consoler,
    Me rappelant que seuls survivent en nous
    Ceux qui ont vécu dans nos mémoires.

    Le reste ?
    Des décors en carton,
    Support fragile pour ceux qui ne sont plus.

    Ces éclats de mémoire,
    Ces filaments de relations éteintes,
    Je les couche ici,
    Dans la trame serrée des mots,
    Comme on fige un reflet sur l’eau
    Avant qu’il ne s’efface à jamais.

    Chanson

    [Intro musicale] [Couplet 1]
    Au pays vert, au pays des collines,
    Je remonte la Brunehaut, vieille câline,
    La route murmure sous mes souliers,
    Des histoires d’hier, prêtes à danser.


    [Refrain]
    Oh, les souvenirs, doux compagnons,
    Ils fredonnent au creux des maisons.
    Un parfum de café, un brin de chanson,
    Tout se balance en un doux frisson.


    [Couplet 2]
    Dans la boutique aux chaussures tranquilles,
    Les étagères patientent, les heures défilent.
    Grand-papa transpire sous la poussière,
    Grand-maman prie, le cœur en lumière.


    [Pont]
    Finette trottine, ventre en balade,
    Les images de chocolat font la parade.
    Le four à pain s’échauffe au matin,
    Et le vieux téléphone rêve au lointain.


    [Refrain]
    Oh, les souvenirs, doux compagnons,
    Ils fredonnent au creux des maisons.
    Un parfum de café, un brin de chanson,
    Tout se balance en un doux frisson.


    [Couplet 3]
    Papa s’élance, cascade et pirouette,
    Rit au moulin, s’égratigne quelle fête.
    Les poules s’envolent, le temps papillonne,
    Et dans mes pas, son histoire résonne.


    [Pont]
    Ah, la cave et les chicons secrets,
    La cuisine s’étire, la lumière se tait.
    Tout s’emballe, tout se mêle,
    Dans ce théâtre aux décors fidèles.


    [Refrain]
    Oh, les souvenirs, doux compagnons,
    Ils fredonnent au creux des maisons.
    Un parfum de café, un brin de chanson,
    Tout se balance en un doux frisson.


    [Outro]
    Et moi, j’écris, j’écris sans fin,
    Ces notes posées sur mon chemin.
    Dansent les souvenirs, tendres refrains,
    Comme une chanson de grand-papa, c’est bien.

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    Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière Mais où va-t-on ? - Indignation et rébellion

    Ce « meilleurs voeux » est feu

    Une contribution musicale à notre cynisme collectif

    Je me suis lancé dans une petite aventure musicale qui me tient à cœur et que j’aimerais partager avec vous. Rien de grandiose, juste une chanson qui traduit ce que beaucoup d’entre nous ressentent probablement à l’approche de 2025.

    L’idée m’est venue tout simplement en pensant à ces vœux de nouvelle année que nous allons bientôt devoir échanger. Vous savez, ce moment où l’on se force à sourire en disant « Bonne année ! » alors que l’on pense plutôt « Bon courage ! ». J’ai voulu capturer cette ironie dans une chanson, sans prétention.

    Musicalement, c’est une valse musette, mais j’ai délibérément gardé l’appellation « polka » dans les paroles. Pourquoi ? Parce que cette confusion des genres illustre parfaitement la folie qui nous emporte collectivement. Comme si nous dansions une valse en prétendant que c’est une polka, nous continuons à échanger des vœux en faisant semblant de croire en des lendemains qui chantent. Le rythme ternaire de la valse devient ainsi le tournoiement vertigineux de notre société qui perd ses repères.

    En écrivant les paroles, je me suis souvenu de Guy Béart et de sa chanson « Bonne année, bonne chance ». Bien sûr, ma version est beaucoup plus modeste, et certainement plus cynique. J’ai simplement essayé d’exprimer ce paradoxe : comment peut-on sincèrement souhaiter une « bonne » année quand tout semble aller de mal en pis (Oh la vache !) ?

    La chanson alterne entre des couplets qui décrivent notre réalité et un refrain qui se moque gentiment de la méthode Coué. Vous savez, cette tendance à se répéter que « tout va bien » alors que l’eau nous monte jusqu’aux genoux. J’ai tenté d’y mettre un peu d’humour, parce que parfois, rire de notre situation est vraiment la seule chose qui nous reste.

    Cette petite création est maintenant disponible sur TikTok, où j’invite d’ailleurs les plus créatifs d’entre vous à participer au #VoeuxEnFeuChallenge. L’idée n’est pas de déprimer tout le monde, mais plutôt de créer un moment de partage autour de ce sentiment commun que nous vivons. Après tout, quoi de mieux qu’une valse musette déguisée en polka pour accompagner notre danse collective sur le pont du Titanic ?

    Je ne prétends pas avoir créé un chef-d’œuvre, loin de là. C’est juste ma petite contribution à notre thérapie collective. Une façon de dire « Je comprends ce que vous ressentez » à tous ceux qui, comme moi, trouvent de plus en plus difficile de jouer le jeu des vœux traditionnels.

    Si cette chanson peut arracher quelques sourires, même cyniques, même désabusés, alors elle aura atteint son but. Et si elle peut nous aider à traverser cette période des vœux avec un peu plus de légèreté, tout en reconnaissant l’absurdité de notre situation, eh bien, ce sera déjà ça de gagné.

    N’hésitez pas à partager vos propres sentiments sur le sujet dans les commentaires. Après tout, nous sommes tous dans le même tourbillon de valse… même si certains persistent à y voir une polka !

    [La chanson est disponible sur ma chaîne YouTube et sur TikTok avec le hashtag #VoeuxEnFeuChallenge]

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    Manipulations sempiternelles

    QUAND UN COUP DE FIL DE NOËL DEVIENT UN RAP CATHARTIQUE

    15h, ce 25 décembre 2024. Mon téléphone sonne alors que je tente désespérément de récupérer d’une nuit de réveillon écourtée. J’aurais dû ne pas décrocher ! Quatre heures de sommeil au compteur, après avoir conduit ma fille à la gare aux aurores, j’espérais un moment de répit. C’était sans compter sur l’appel de ma mère et une « irrépressible envie de couscous ».

    De cette situation surréaliste est né « Manipulations Sempiternelles », mon coup de gueule en rap contemporain qui tente de disséquer, avec une ironie cinglante, la dynamique toxique qui s’installe chaque année pendant les fêtes. J’y dépeins, sans concession, le portrait de cette mère dont les stratagèmes varient mais dont l’objectif reste le même : une miche de pain urgente l’an passé, un couscous impromptu cette année.

    J’ai tenté d’établir une structure élaborée où s’alternent un hook obsédant (« Manipulations sempiternelles, tentatives si banales »), des couplets incisifs et un bridge qui laisse exploser ma rage contenue avec un vocabulaire le plus soigné possible. Mon écriture, entre vocabulaire soutenu et argot urbain, tente de créer un contraste qui renforce l’aspect théâtral de ces situations familiales absurdes que je subis année après année.

    Ce qui aurait pu rester une simple anecdote personnelle se transforme en une critique acerbe de ma relation mère-fils dysfonctionnelle, particulièrement exacerbée pendant les fêtes de fin d’année. Mon morceau résonne déjà auprès de tous ceux qui, comme moi, sont confrontés aux parents toxiques et à leurs stratagèmes émotionnels.

    « Manipulations Sempiternelles » n’est pas qu’un règlement de compte familial mis en musique, c’est mon témoignage sur ces relations familiales qui se complexifient avec l’âge, où les tensions s’expriment différemment, et où le rap devient mon exutoire pour dire l’indicible.

    De quoi vous faire réfléchir sur ces moments où la famille devient un théâtre d’ombres, où chacun joue son rôle, bon gré mal gré, dans une pièce dont le script semble écrit d’avance. Et peut-être, surtout, vous faire sourire devant l’absurdité d’une envie de couscous un 25 décembre, quand les restaurants sont fermés et que son fils tente désespérément de récupérer d’une nuit trop courte.

    Intro instrumentale

    Refrain
    Manipulations sempiternelles, tentatives si banales
    J’esquive tes pièges, mes nerfs lâchent, c’est fatal
    Tu joues la comédie, mais ton scénario est bancal
    Ton couscous va tourner, ta lutte est finale
    Ton couscous va tourner, ta lutte est finale

    Couplet 1
    Ma chère mère s’acharne à me faire plier
    Arguments médiocres, j’suis pas prêt à céder
    Mon refus est loyal, définitif, assumé
    Ta fin de journée de Noël, tu peux te la garder

    Refrain
    Manipulations sempiternelles, tentatives si banales
    J’esquive tes pièges, mes nerfs lâchent, c’est fatal
    Tu joues la comédie, mais ton scénario est bancal
    Ton couscous va tourner, ta lutte est finale
    Ton couscous va tourner, ta lutte est finale

    Couplet 2
    Dans ton génie pervers, tu inventes des désirs
    Désirs de vieillarde en scène, j’commence à t’agonir
    Chaque Noël c’est pareil, tu veux me perturber
    Ces manœuvres perfides, j’veux plus les supporter

    Refrain
    Manipulations sempiternelles, tentatives si banales
    J’esquive tes pièges, mes nerfs lâchent, c’est fatal
    Tu joues la comédie, mais ton scénario est bancal
    Ton couscous va tourner, ta lutte est finale
    Ton couscous va tourner, ta lutte est finale

    Pont
    Et quand la rage monte, j’perds mon vocabulaire
    Les mots les plus crus s’envolent dans les airs
    Une gouaille de rue qui sort tout’ seule, rien à faire!
    C’est l’effet qu’tu m’fais avec tes plans délétères

    Refrain
    Manipulations sempiternelles, tentatives si banales
    J’esquive tes pièges, mes nerfs lâchent, c’est fatal
    Tu joues la comédie, mais ton scénario est bancal
    Ton couscous va tourner, ta lutte est finale
    Ton couscous va tourner, ça butte vieille chacale

    Couplet 3
    Une poubelle à sortir, c’est ton nouveau prétexte
    Tragédienne du dimanche, tu joues un mauvais texte
    L’an passé c’était l’pain, quarante minutes avant
    Tes magouilles de réveillon, j’en ai eu mon content

    Refrain
    Manipulations sempiternelles, tentatives si banales
    J’esquive tes pièges, mes nerfs lâchent, c’est fatal
    Tu joues la comédie, mais ton scénario est bancal
    Ton couscous va tourner, ta lutte est finale
    Ton couscous va tourner, point final

    Outro
    Sous ton masque de mère se cache une cynique
    Perverse, égocentrique, ta parodie est critique
    J’suis plus l’dindon d’la farce de tes sales mesquineries
    Game over, rideau tombé sur ta comédie.

    Catégories
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    On déraille à vélo

    Quand l’anxiété devient électro-swing

    Il y a ces souvenirs d’enfance qui nous façonnent. Ces moments où, petit, j’observais ma mère enfourcher son vélo pour partir à la recherche de mon père, retardé par une simple partie de ping-pong. Ces nuits où, resté seul à la maison, je ne comprenais pas encore que ces tours de roue anxieux finiraient par tourner dans ma propre tête.

    Aujourd’hui, cette histoire familiale devient une chanson électro-swing. Un choix musical qui n’est pas anodin : le contraste entre le rythme enjoué et les paroles teintées d’humour noir reflète parfaitement l’absurdité de ces situations où l’angoisse prend le guidon de nos vies.

    Le vélo devient ici bien plus qu’un simple moyen de transport. Il est la métaphore filée de nos déraillements émotionnels, de ces mécanismes qui se transmettent de génération en génération comme une chaîne bien huilée. Du « papa qui chantonnait Yves Montand » à « l’angoisse qui fait tache », chaque vers pédale sur le fil tendu entre tragédie et comédie.

    L’ironie du sort veut que l’enfant sage d’hier se découvre aujourd’hui les mêmes reflexes que sa mère. Comme si le temps avait fait son œuvre, transformant le spectateur en acteur de ses propres déraillements. Et pendant ce temps, ma mère continue de veiller sur son chat comme on attache un vélo – l’amour qui devient entrave, encore une fois.

    « On déraille à vélo » est né de ce besoin de transformer ces souvenirs en quelque chose de nouveau. De regarder avec tendresse et distance ces mécanismes familiaux qui nous dépassent. Car après tout, si on ne peut pas empêcher la roue de tourner, autant en faire une chanson qui donne envie de danser.

    Couplet 1
    Papa chantonnait Yves Montand
    À bicyclette, ou bien à vélo
    Il ne savait pas qu’en pédalant
    Maman suivait sa trace au galop

    Elle scrutait chaque coin de rue
    Tandis que moi, je restais bien sage
    À l’époque, je n’avais pas vu
    Que la roue tournerait avec l’âge

    Refrain
    On déraille, on déraille
    Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
    On déraille, on déraille
    De mère en fils, quelle veine !

    Break

    Couplet 2
    Quand papa tardait à rentrer
    Elle se mettait en selle
    Dans la nuit noire à explorer
    Les fossés et les ruelles

    Moi petit dans la maison vide
    Je ne pédalais pas encore
    Dans ces virages près du vide
    D’un esprit qui perd le Nord

    Chorus
    On déraille, on déraille
    Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
    On déraille, on déraille
    De mère en fils, quelles chaînes !

    Interlude

    Couplet 3
    Les années ont fait leur chemin
    Le gamin est arrivé à maturation
    Mais voilà qu’un beau matin
    L’angoisse saisit le guidon

    Je me surprends sur la route
    À pédaler comme elle avant
    Dans ces labyrinthes du doute
    La raison m’abandonnant

    Chorus
    On déraille, on déraille
    Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
    On déraille, on déraille
    De mère en fils, même rengaine !

    Pont musical

    Couplet 4
    Elle veille sur son chat maintenant
    Comme sur un vélo qu’on attache
    Moi je pédale en me surveillant
    Cette angoisse qui fait tache

    Dans ce manège qui tourne en rond
    Où l’amour se fait liens
    Je cherche encore le bon guidon
    Pour sortir du pétrin

    Refrain final
    On déraille, on déraille
    Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
    On déraille, on déraille
    De mère en fils, quelle scène !

    Outro

    Fade Out

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    Régine revient


    Régine revient : Une mélodie entre souvenirs et jazz

    Ce 21 décembre 2024, au solstice d’hiver, il pleut, il vente, et pourtant, une chaleur particulière semble nous envelopper. C’est l’ombre de Régine qui s’invite, discrète mais éclatante, dans un souffle de mémoire et une symphonie d’émotions.

    Régine, une amie fidèle et passionnée de jazz, nous a quittés il y a quelque temps, mais son souvenir reste vibrant, indélébile. De son souvenir éclatant sur une photo de mes 17 ans à sa voix, elle a marqué des vies comme un solo de trompette qui résonne longtemps après la fin du morceau.

    C’est pour elle que cette chanson est née : « Régine revient ». Un morceau de jazz au swing mélancolique, empreint de nostalgie et d’amour. Les paroles évoquent les roses, le souffle des trains et ces instants partagés qui nous rappellent que l’empreinte des êtres chers ne s’efface jamais. La musique, portée par une contrebasse ronde et un piano vibrant, recrée l’atmosphère chaleureuse d’un club de jazz, là où le temps semble suspendu.

    Régine aimait le jazz. Elle aurait peut-être souri à ces notes qui dansent, à ce refrain qui dit :
    « Tant qu’on t’aime encore, tu joues du décor, Tant qu’on rit, tant qu’on pleure, tu vibres au fond des cœurs. »

    Cette chanson n’est pas seulement un hommage. C’est une déclaration : Régine vivra aussi longtemps que nous vivrons et nous souviendrons. Elle est là, dans chaque sourire que nous partageons, dans chaque éclat de musique qui nous touche l’âme. Elle est là, dans l’odeur des roses, dans le souffle du train, dans le rythme même de nos vies.

    Un appel à la mémoire
    « Régine revient » n’est pas qu’une chanson ; c’est une invitation à se souvenir. Souvenir des amitiés fortes, des instants volés au temps, des rires partagés. C’est aussi une ode à ceux qui restent, ceux qui dansent encore, porteurs de ces histoires qui méritent d’être contées.

    Alors, si vous passez par ici, prenez un moment. Écoutez la chanson, laissez-vous porter par le swing, et pensez à ceux que vous aimez. La musique est une forme de mémoire, une manière de continuer à dire « je t’aime » quand les mots ne suffisent plus.

    Merci, Régine, pour cette lumière que tu as semée. Tu reviens dans chaque refrain. Tu danses encore dans les cœurs.

    Couplet 1
    Ce 21 décembre, le vent joue des claquettes,
    Sur les trottoirs mouillés où s’étiolent les fleurettes.
    Régine, t’as laissé ton ombre en veston,
    Elle glisse entre les passants, comme une vieille chanson.

    Refrain
    Régine revient, dans chaque refrain,
    Dans l’odeur des roses et le souffle du train.

    Couplet 2
    Ta maison près de la gare, un piano désaccordé,
    Des chats qui miaulaient l’amour en si bémol facile à cirer.
    Pirouette et Cacahuète, où sont passés vos pas ?
    Ils dansent sur le carrelage des souvenirs qu’on n’efface pas.

    Refrain
    Régine revient, dans chaque refrain,
    Dans l’odeur des roses et le souffle du train.
    Tant qu’on t’aime encore, tu joues du décor,
    Tant qu’on rit, tant qu’on pleure, tu vibres au fond des cœurs.

    Couplet 3
    Six mois de silence, un goût amer au bec,
    On n’a su que trop tard que tu prenais la poudre d’escampette.
    Mais dans la photo jaunie d’un jour de mes 17 ans,
    Ton sourire éclabousse encore nos cœurs vieillissants.

    Refrain
    Régine revient, dans chaque refrain,
    Dans l’odeur des roses et le souffle du train.
    Tant qu’on t’aime encore, tu joues du décor,
    Tant qu’on rit, tant qu’on pleure, tu danses dans nos cœurs.

    Outro
    Régine… reviens…