Catégorie :Mais où va-t-on ? – Indignation et rébellion
Je rassemble dans cette rubrique tous les textes et toutes les chansons où je m’indigne de certaines réalités et où je m’efforce de dénoncer ce qui ne va pas.
Dans les vieux journaux de mon père, dispersés par ma mère, j’avais un jour découvert des récits de la Première Guerre mondiale. Ces pages jaunies portaient les échos d’une époque où l’héroïsme était idéalisé, où les corps brisés s’entassaient dans la boue des tranchées, sacrifiés pour la gloire.
Parmi ces vestiges, une figure me poursuivait : celle du poilu de Verdun, seul face à l’ennemi, criant : « On ne passe pas ! » Une scène d’un autre temps, pensons-nous. Pourtant, combien d’entre nous ne sont-ils pas ces mêmes soldats, face aux défis systémiques qui submergent nos vies ? Combien murmurent leur propre « On ne passe pas » face aux tempêtes modernes ?
Car que peut l’individu face à la foule, face aux tourbillons où vie et mort, espoir et désespoir se mêlent ? Rien, sinon être à la fois héroïque et ridicule. À moins de choisir la lâcheté de la fuite pour sauver sa peau.
Lorsque, contre toute raison, on tente de résister, on devient si dérisoire que cette absurdité acquiert une dimension sublime.
Aujourd’hui, une réunion de plus, pour rien, ou plutôt pour tout et rien : valider des décisions déjà prises, exécuter un rituel où l’on nous berce de l’illusion d’infléchir le cours de l’Histoire. Comme un fantassin face aux mitrailleuses et aux blindés.
De qui se moque-t-on ?
Durant une heure et demie de simulacre, j’ai joué un double rôle : décoratif par ma fonction purement ornementale, comme une croix blanche dans un cimetière militaire ; superficiel par ma présence destinée à masquer le vide des mesures prises ou à prendre, qu’il vaudrait mieux oublier.
S’ajoute à cela la cruelle réalité : avec l’âge, on devient transparent, invisible, insignifiant. Fantôme de soi-même dans un monde qui ne nous voit plus.
Je refuse désormais de participer à ce mauvais numéro, à ce simulacre de tragédie comique où le tragédien revêt l’accoutrement grotesque du clown. Son nez rouge fait « pouet-pouet » tandis que l’héroïne qu’il devait sauver expire dans ses bras dérisoires.
Voilà où je me dresse, voilà où nous en sommes : entre la grandeur et l’absurdité, dans cette valse éternelle où chaque geste de résistance porte en lui sa propre contradiction.
Des trésors dans le garage : quand un vieux texte retrouve vie
Publié le 12 mai 2025
La découverte inattendue
Il y a quelques jours, armé de cartons et d’une détermination sans faille, j’ai entrepris cette tâche que nous reportons tous : vider le garage. Entre les objets à jeter, ceux à donner et les souvenirs qui nous arrêtent net dans notre élan, j’ai découvert une feuille jaunissante. Dessus, un texte que j’avais écrit il y a des années et complètement oublié : « Les êtres néants ».
En relisant ces lignes écrites dans un moment d’exaspération après une journée passée dans les méandres administratifs, j’ai été frappé par leur actualité. Ce texte, né d’une frustration passagère, portait en lui une critique sociale qui reste, malheureusement, toujours pertinente.
Le texte original : une critique de la bureaucratie absurde
« Sur le boulevard de l’absurde, deux quidams. L’un n’est rien, l’autre moins que rien. Ça fait plus que rien.«
Ainsi commence ce texte qui dépeint ces fonctionnaires que j’avais surnommés « les êtres néants » – ces individus qui, par leur position, détiennent un pouvoir disproportionné par rapport à leur compétence ou leur volonté d’aider. Ces personnes qui incarnent un système où l’absurdité administrative règne en maître.
Ce qui m’a interpellé en relisant ce texte, c’est la colère sourde qui l’habitait – une colère qui n’était pas dirigée contre des individus, mais contre un système qui transforme des personnes ordinaires en « fonctionnaires nés pour fonctionner » et qui « joignent l’inutile au désagréable ».
De la page oubliée à la chanson : rencontre avec Gainsbourg
En relisant ce texte, une évidence s’est imposée à moi : sa tonalité, son rythme et son ironie mordante rappelaient étrangement l’univers de Serge Gainsbourg, particulièrement dans ses œuvres les plus cyniques comme « Requiem pour un con ».
L’idée a germé : pourquoi ne pas transformer ce texte en chanson, dans le style si particulier de Gainsbourg ? Cette voix grave et traînante, ce phrasé unique, cette musique minimaliste qui sert le texte plutôt que de le noyer… Le tout sur une base de funk minimaliste avec caisse claire sèche et bongos en arrière-plan, créant cette atmosphère urbaine, cinématique et sombre si caractéristique.
Le processus de transformation
Adapter ce texte n’a pas été simple. Il a fallu conserver l’essence de la critique tout en créant une structure adaptée au format chanson – avec couplets et refrain. J’ai choisi de centrer le refrain autour du concept des « êtres néants », cette expression qui capturait si bien l’essence du propos.
J’ai travaillé l’instrumentation pour qu’elle soutienne le texte : une basse électrique obstinée comme fondation, une caisse claire sèche et percutante pour marquer les temps forts, des bongos en contretemps pour ajouter de la texture.
Et puis la voix : grave, presque monotone, avec ce détachement ironique si caractéristique de Gainsbourg.
Une critique sociale intemporelle
Ce qui m’a poussé à partager cette création, c’est la réalisation que cette critique, bien que personnelle et écrite il y a des années, résonne toujours aujourd’hui. Qui n’a jamais ressenti cette impuissance face à un système qui semble conçu pour frustrer plutôt que pour servir ?
Comme l’évoque le texte : « On rêve de donner de grands coups de pied à l’État croupion, mais, pour finir, on l’a toujours dans le c… » Une formulation crue mais qui traduit un sentiment partagé par beaucoup.
Au-delà de la critique : une catharsis
Si j’ai décidé de partager cette création aujourd’hui, c’est parce qu’elle dépasse la simple critique. Elle offre une forme de catharsis à tous ceux qui ont vécu ces frustrations. Il y a quelque chose de libérateur à mettre en mots et en musique ces expériences partagées, à transformer la frustration en création.
Et peut-être aussi parce que l’art a cette capacité unique de nous permettre de rire de nos malheurs, de transcender par l’ironie et la créativité les petites et grandes absurdités de la vie quotidienne.
À votre tour
Avez-vous déjà découvert d’anciens écrits qui vous ont surpris par leur pertinence ? Ou peut-être avez-vous aussi vos histoires d’absurdité administrative à partager ?
Je serais curieux de lire vos expériences dans les commentaires. Et qui sait, peut-être que vos récits inspireront une prochaine création…
Si vous souhaitez écouter « Les Êtres Néants » dans son intégralité, vous pouvez la retrouver sur ma chaîne YouTube ou sur mon compte TikTok et bientôt sur les différentes plate formes.
Quand le Tango rencontre Brassens pour démasquer les faux leaders
Dans notre époque où l’image l’emporte souvent sur le fond, j’ai ressenti le besoin de mettre en mots et en musique cette observation qui me hante : la distinction entre le leadership authentique et la domination superficielle. C’est ainsi qu’est née « Méfiez-vous de l’Alpha Bêta », une fable moderne qui marie les inspirations de Georges Brassens à la sensualité rythmique du tango.
Genèse d’une réflexion en musique
Cette chanson est le fruit d’une recherche approfondie sur la psychologie du leadership. À travers mes observations de l’actualité politique et sociale, j’ai été frappé par la propension collective à suivre des personnages dominateurs plutôt que des leaders véritables. Le « vrai alpha » – discret, réfléchi, empathique – se trouve souvent éclipsé par l' »alpha bêta » – bruyant, superficiel, mais captivant.
L’idée était de déconstruire cette dynamique en utilisant l’arme la plus puissante qui soit : l’ironie musicale. En m’inspirant de la plume acérée de Brassens, maître dans l’art de dénoncer les travers sociaux avec humour et finesse, j’ai composé six tableaux qui contrastent ces deux archétypes.
Une création assistée par l’intelligence artificielle
L’aventure créative de cette chanson présente une particularité : elle s’est épanouie en collaboration avec différentes intelligences artificielles. Le texte a été affiné grâce aux échanges avec Claude et ChatGPT, tandis que la composition musicale a pris forme avec Suno. Cette démarche hybride, mêlant l’intuition humaine et les capacités génératives de l’IA, a permis d’explorer de nouvelles frontières créatives.
Loin d’être une simple délégation, ce processus s’est révélé être un véritable dialogue artistique, où mes directives, influences et visions ont rencontré les propositions des algorithmes pour donner naissance à « L’Oreille du Psy », l’interprète virtuel de cette création unique.
Entre tango et chanson française
Le choix du tango comme véhicule musical pour porter les paroles inspirées de Brassens n’est pas anodin. Cette fusion entre la tradition française de la chanson à texte et les rythmes lancinants du tango crée une tension qui sert parfaitement le propos. Le tango, danse de séduction par excellence, devient ici métaphore du jeu de pouvoir et d’influence qui se joue dans nos sociétés.
Cette hybridation stylistique évoque des artistes comme Otros Aires qui ont su réinventer le tango tout en préservant son essence, mais avec un texte en français qui résonne des échos de notre tradition littéraire.
Un regard critique sur nos choix collectifs
Au-delà de la simple opposition entre deux types de personnalités, « Méfiez-vous de l’Alpha Bêta » interroge nos mécanismes collectifs : pourquoi sommes-nous si souvent séduits par le clinquant plutôt que par l’authentique ? Pourquoi, comme le dit la chanson, « la foule aime-t-elle la flamme, même quand elle sent l’soufre et l’chagrin » ?
Le couplet final pose cette question essentielle : « Est-ce qu’l’humanité, depuis Caïn, préfère l’bruit du sabre au chant du pain ? » Cette interrogation résonne particulièrement dans notre paysage politique actuel, où les postures médiatiques semblent souvent l’emporter sur la profondeur des idées et l’intégrité des intentions.
Une invitation à la vigilance
Cette chanson n’est pas qu’un exercice stylistique ou une simple critique sociale. Elle se veut une invitation à la vigilance, un appel à reconnaître et valoriser le leadership authentique face aux illusions du pouvoir. Comme le suggère le refrain final : « Méfiez-vous d’l’alpha qui frime, c’est l’miroir de nos propres abîmes. »
En ces temps où les défis collectifs appellent un leadership éclairé et intègre, peut-être est-il temps de réapprendre à distinguer le vrai du faux, au-delà des apparences et des bruits qui captent si facilement notre attention.
Je vous invite à découvrir cette création originale et à partager vos réflexions sur cette thématique qui, bien au-delà d’une simple chanson, questionne les fondements mêmes de nos choix collectifs et individuels.
Écoutez « Méfiez-vous de l’Alpha Bêta » sur ma chaîne YouTube et laissez-vous porter par cette fable moderne où se rencontrent la tradition de la chanson française et les rythmes envoûtants du tango.
« Quand le pouvoir défile, la liberté recule en cadence. »
Cette chanson-là, cela faisait un moment qu’elle me tournait autour du cortex. Une ritournelle sarcastique en quête de cuivres, de pavés et de vérités qu’on envoie à la figure comme on claque une porte bien fermée. Le déclic ? La lecture de Le monde des nouveaux autoritaires, dirigé par Michel Duclos (Institut Montaigne), un ouvrage essentiel pour comprendre comment certains leaders démocratiquement élus sapent peu à peu les fondations mêmes de la démocratie.
Ils s’appellent Donald, Victor, Giorgia, Emmanuel, Marine, Georges-Louis ou d’autres encore. Tous ont en commun cette manie de brandir la sécurité, la morale, la Nation ou la grandeur comme autant de fouets rhétoriques pour discipliner les peuples et museler les oppositions. Mais nous, dans tout ça ? On regarde ? On se tait ? On vote à reculons ? Ou bien… on chante ?
🎺 Vive les « autoritaires » ! est une fanfare libertaire, une carmagnole moderne, une chanson de rue habillée en satire, qui défile à contresens de la parade officielle. Elle s’inspire de Brassens pour l’ironie, des bandas pour l’énergie, et de la franc-maçonnerie symbolique pour la lucidité : une farandole de faux-frères qui n’avaient qu’à mieux danser.
🔊 À écouter, à jouer, à chanter, à hurler, selon l’humeur du jour. 📣 Et surtout, à partager, si l’air vous gratte la gorge comme à moi.
Il est 6h29 du matin quand l’idée m’est venue. Ces moments où l’on se demande pourquoi on s’est levé, pourquoi on continue à se battre dans un monde qui n’en a rien à faire. Ces instants de lucidité cruelle où l’absurdité de l’existence nous frappe de plein fouet.
J’ai toujours été fasciné par l’œuvre de Charles Bukowski, ce poète de la dépravation et de la désillusion, qui a su capturer avec une honnêteté brutale la vacuité de l’existence moderne. Parallèlement, le hip-hop trap contemporain m’a toujours paru comme l’expression parfaite de notre époque – rythmique, directe, sans compromis.
Que se passerait-il si ces deux univers se rencontraient ? Si l’esprit de Bukowski s’infiltrait dans les codes du trap ?
L’ABSURDE ET LA CRÉATIVITÉ : UN COMBAT ÉTERNEL
« La vie compte pour des prunes et des noyaux » est né de cette collision improbable. Ce morceau explore ce paradoxe fondamental : nous savons que tout est absurde, que rien n’a de sens, que personne ne répond au bout de la ligne – et pourtant, nous continuons à créer, à écrire, à laisser cette flamme brûler.
Dans une société obsédée par la productivité, où le temps est découpé en tranches d’efficacité, où nos smartphones restent désespérément froids et silencieux malgré notre besoin de connexion, que reste-t-il ? La créativité comme dernier acte de résistance.
« La créativité contre l’absurde Un feu qui s’obstine dans la nuit noire Les mots contre le vide, c’est absurde Mais c’est tout c’qui nous reste, notre dernier espoir »
UNE STRUCTURE ENTRE TRADITION ET RUPTURE
J’ai choisi de conserver une structure classique du rap (intro, couplets, refrain, outro) comme squelette de ce chaos organisé. Ce cadre formel contraste délibérément avec le message de désordre existentiel – encore une contradiction qui reflète notre condition humaine.
Le morceau commence à 6h29, ce moment suspendu juste avant que le monde ne s’éveille complètement, et nous accompagne à travers une journée de questionnements, de regards obsessionnels vers l’horloge, d’attentes vaines d’une notification qui ne viendra jamais.
ENTRE LE BRUT ET LE MÉTAPHORIQUE
L’un des défis majeurs de ce projet était de naviguer entre deux approches apparemment contradictoires : la brutalité directe héritée de Bukowski et la dimension métaphorique propre au hip-hop.
« Entre le brut d’la vie qui déchire Et les métaphores qui voilent le cauchemar »
Cette tension stylistique reflète notre propre ambivalence face à la réalité : parfois nous voulons la regarder en face, dans toute sa laideur, parfois nous préférons l’habiller de symboles pour la rendre supportable.
POURQUOI CRÉER FACE AU VIDE ?
La question qui traverse l’ensemble du morceau est fondamentalement celle-ci : pourquoi continuer à créer face à l’absurde ? Pourquoi écrire quand personne ne répond au bout de la ligne ?
Je n’ai pas de réponse définitive, bien sûr. Mais peut-être que l’acte créatif lui-même, cette obstination à déposer du sens sur le non-sens, est déjà une forme de réponse. Une rébellion silencieuse contre la vacuité.
La créativité n’est peut-être pas la solution, mais c’est notre façon de tenir debout face au vide. De dire « je suis là » même quand personne n’écoute. De transformer nos 6h29 en quelque chose qui, pendant un bref instant, semble avoir un sens.
ET MAINTENANT ?
« La vie compte pour des prunes et des noyaux » n’est que le début d’une exploration plus large de cette fusion entre nihilisme bukowskien et esthétique trap. Dans les mois à venir, je prévois de développer ce concept à travers d’autres morceaux qui continueront d’explorer différentes facettes de cette tension entre créativité et absurde.
En attendant, je vous invite à écouter ce premier titre, à le partager si ces questionnements résonnent en vous, et peut-être à vous demander : quelle est votre flamme qui s’obstine face à l’absurde ?
Car au fond, dans ce monde qui compte pour des prunes et des noyaux, notre créativité est peut-être tout ce qui nous reste.
Le single « La vie compte pour des prunes et des noyaux » est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Partagez vos impressions dans les commentaires ci-dessous.
De la rage brute à l’expression artistique : Genèse de « Marre ! »
Quand l’exaspération devient créativité
Nous avons tous connu ces moments où la vie semble trop lourde à porter : l’appréhension d’une semaine de travail écrasante, le sentiment de donner sans recevoir, les masques sociaux épuisants qu’il faut maintenir. C’est précisément dans un de ces moments de lucidité désabusée qu’est né le texte qui allait devenir « Marre ! » – un cri du cœur transformé en expression artistique.
Le texte original : un monologue intérieur sans filtre
Tout a commencé par quelques lignes écrites un dimanche soir à 21h30, quand la perspective de la semaine à venir devenait insupportable. Un flot de conscience brut, sans artifice, capturant cette lassitude universelle face aux conventions et aux obligations :
Dimanche 21h30. L’heure d’aller dormir.
De mon côté, je voudrais surtout que la semaine qui vient n’existe pas.
Trop de visites de stage même s’il n’y en a que 4, trop d’obligations diverses, trop de rendez-vous, trop de demandes, trop de cours, plus de temps pour moi. La semaine de congés n’aura servi à rien puisqu’en une semaine je vais perdre ce que j’avais gagné.
Monde absurde, monde de merde, vie de merde…
Même pas commencé que j’en ai déjà marre.
Ce texte, écrit sans intention artistique initiale, exprimait simplement une frustration viscérale. Pourquoi ne pas plaquer les conventions sociales, pourquoi continuer à donner sans recevoir, pourquoi supporter cette mascarade quotidienne ?
La transformation : de Bukowski au slam
C’est en relisant ces mots qu’une évidence est apparue : leur tonalité rappelait l’œuvre de Charles Bukowski, cet écrivain américain connu pour son style direct et sans concession. Le texte a alors été retravaillé dans cet esprit, conservant sa brutalité tout en lui donnant une structure plus littéraire.
MASQUES ET CONNERIES
Dimanche, 21h30. L’heure où les ivrognes commencent à peine et où les braves cons vont se coucher.
Cette semaine qui arrive, je voudrais qu’elle crève avant de naître. Quatre putains de visites de stage, comme si j’avais que ça à foutre. Des obligations, des rendez-vous, des demandes — toute cette merde qui s’empile comme des cadavres. Plus une seule minute qui m’appartient. Ma semaine de congés? Une vaste blague. Sept jours de répit et maintenant retour à la case départ, retour à cette prison sans barreaux.
Monde de merde. Vie de merde. Les mots qui disent vrai sont toujours les plus courts.
L’espoir se lèvera-t-il? La vieille me lâchera-t-elle la grappe? Les humains arrêteront-ils d’être des connards finis? Questions sans réponses dans ce bordel qu’on appelle existence.
La vie sera-t-elle un jour supportable? J’en doute, putain, j’en doute.
Même pas commencée et j’en ai déjà plein le cul de cette semaine.
Carnaval terminé. Les masques de papier sont rangés mais les vrais restent collés à nos gueules. Enfile le tien. Souris. Fais semblant. C’est ce qu’on attend de toi dans ce monde pourri jusqu’à la moelle.
J’ai juste envie de tout envoyer chier, de gueuler que j’en ai ma claque et que tout peut bien s’arrêter maintenant. Ça changerait quoi, de toute façon?
Ce message? Impossible de le foutre sur Facebook avec tous ces connards qui collectionnent les likes comme des trophées. Je le balance sur ce bloc-notes que personne ne lit. C’est bien le seul endroit où on peut encore dire la vérité sans que ça fasse chier quelqu’un.
Marre de ces conventions sociales, de ce métier à la con. Marre de faire plaisir aux autres. On donne, on donne, et qu’est-ce qu’on reçoit? Que dalle. Le grand vide. Perdre mon temps pour des conneries, oui. Chercher du sens? Y’a personne au standard, bébé, personne qui décroche.
La ligne est morte depuis longtemps.
Carnaval terminé. Les masques de papier sont rangés mais les vrais restent collés à nos gueules. Enfile le tien. Souris. Fais semblant. C’est ce qu’on attend de toi dans ce monde pourri jusqu’à la moelle.
J’ai juste envie de tout envoyer chier, de gueuler que j’en ai ma claque et que tout peut bien s’arrêter maintenant. Ça changerait quoi, de toute façon?
Ce message? Impossible de le foutre sur Facebook avec tous ces connards qui collectionnent les likes comme des trophées. Je le balance sur ce bloc-notes que personne ne lit. C’est bien le seul endroit où on peut encore dire la vérité sans que ça fasse chier quelqu’un.
Marre de ces conventions sociales, de ce métier à la con. Marre de faire plaisir aux autres. On donne, on donne, et qu’est-ce qu’on reçoit? Que dalle. Le grand vide. Perdre mon temps pour des conneries, oui. Chercher du sens? Y’a personne au standard, bébé, personne qui décroche.
La ligne est morte depuis longtemps.
Mais l’évolution ne s’est pas arrêtée là. Dans un monde où l’expression orale reprend ses droits à travers le slam et le rap, ces genres semblaient parfaitement adaptés pour porter ce message de révolte. Le format musical permettait d’amplifier la puissance du propos, de lui donner une rythmique, une pulsation qui épouse la colère et la lassitude exprimées.
« Marre ! » : l’aboutissement
Après plusieurs révisions, le morceau « Marre ! » a pris sa forme définitive, structuré en couplets et refrains, explorant les différentes facettes de cette exaspération :
La perspective d’une semaine épuisante
Le sentiment d’inutilité des conventions sociales
L’impression de donner sans jamais recevoir
La recherche vaine de sens
Le titre lui-même, réduit à sa plus simple expression, capture l’essence du propos : un cri, une protestation, un refus. Ce simple mot « Marre ! » devient une prière, une incantation, peut-être la seule vérité dans un monde d’apparences.
De l’individuel à l’universel
Si « Marre ! » est né d’un sentiment personnel, son message résonne bien au-delà. En cette époque où l’épuisement professionnel, la pression sociale et la quête de sens touchent tant de personnes, ce morceau devient le porte-voix d’une frustration collective.
La création artistique, qu’elle prenne la forme d’un texte littéraire, d’un slam ou d’une chanson, permet de transformer la colère en expression, l’indignation en création. C’est peut-être là que réside sa véritable force : non pas dans la simple complainte, mais dans sa capacité à transformer un « Marre ! » désespéré en un geste créatif qui, paradoxalement, donne du sens.
Écoutez « Marre ! » en intégralité ci-dessous et partagez vos impressions dans les commentaires.
Dans ce nouveau slam, j’ai choisi de transformer la Saint-Valentin en un moment de réflexion collective. Partant d’une collision symbolique – la fête de l’amour confrontée aux signes inquiétants de notre temps – ce texte tisse des liens entre passé et présent, entre les contes qui endorment et l’Histoire qui devrait nous réveiller.
La Genèse du Projet
Tout est parti d’un contraste saisissant : alors que les vitrines se parent de cœurs et que l’amour s’affiche aux carrefours, des échos troublants de l’Histoire résonnent dans notre actualité. Les accords de Munich, le massacre de la Saint-Valentin de Chicago, autant d’événements historiques qui trouvent une résonance particulière dans notre présent.
Une Structure en Miroir
Le slam s’ouvre sur une réflexion autour des contes qui bercent les enfants et des récits qui endorment notre vigilance. Cette introduction pose le cadre d’un texte qui ne cesse d’interroger notre rapport à l’Histoire et à la mémoire collective.
À travers une succession de couplets et de refrains, le texte construit un dialogue entre différentes époques. Chaque strophe pose une question et y répond, créant un rythme où l’urgence le dispute à la réflexion. Les ponts, martelant l’appel au réveil, servent de points d’ancrage à cette construction en spirale.
Les Symboles et leur Écho
Le texte joue sur plusieurs niveaux de lecture. Le camion noir qui traverse nos jours, le salut qui ressurgit, les trains d’hier et d’aujourd’hui – autant d’images qui établissent des ponts entre les périodes sombres de notre histoire et les inquiétudes du présent.
La Saint-Valentin elle-même devient un symbole ambigu : fête de l’amour par excellence, elle porte aussi le souvenir du massacre de Chicago de 1929. Cette dualité irrigue l’ensemble du texte, rappelant que l’Histoire peut transformer les moments les plus lumineux en leurs opposés les plus sombres.
Un Appel au Réveil
Plus qu’une simple performance poétique, ce slam se veut un appel à la vigilance. Il rappelle que l’Histoire n’est pas qu’un conte – elle est une réalité vivante qui peut resurgir si nous baissons notre garde. Le texte se termine sur cette question cruciale : non pas où nous allons, mais quand nous nous réveillerons.
Dans une époque où les symboles et les signes s’accumulent, ce slam invite à maintenir notre vigilance éveillée. Car comme le suggère le texte, pendant que nous nous laissons bercer d’histoires rassurantes, l’Histoire, elle, continue son cours inexorable.
Note sur la Performance
Ce slam est conçu pour être performé avec une intensité croissante. Des premiers vers évoquant les contes jusqu’au cri final appelant au réveil, le rythme et l’urgence montent progressivement, reflétant l’accumulation des signes et l’importance du message.
À travers ce texte, j’ai voulu créer non seulement une performance artistique, mais aussi un moment de réflexion collective sur notre rapport à l’Histoire et à notre présent. Car comme le suggère le slam, l’Histoire n’est pas qu’un conte lointain – elle est vivante, présente, et nous demande de rester éveillés.
INTRO Les contes font dormir les enfants le soir On nous berce d’histoires pour endormir nos mémoires
REFRAIN Saint-Valentin dans les rues, l’amour aux carrefours Mais qui voit ce camion noir qui traverse nos jours ? Question après question, l’histoire fait son retour La haine contre l’amour, la haine contre l’amour
COUPLET 1 Vous demandez où on va ? Je vous demande d’où on vient Munich 38, les accords qui n’accordaient rien Dans les rues, un salut rassi refait surface soudain Quand les trains d’hier font écho aux trains de demain
PONT Réveillez-vous ! Réveillez-vous ! L’histoire nous guette à genoux Les symboles sont partout Mais qui les voit parmi nous ?
COUPLET 2 De l’autre côté de l’océan, un homme agité Comme celui d’autrefois, par la haine habité Chicago 29, Saint-Valentin ensanglantée L’histoire se répète, nouveau massacre programmé
PONT Réveillez-vous ! Réveillez-vous ! Les victimes d’hier deviennent bourreaux Dans la foule, les véhicules fous Écrivent l’histoire en morceaux
COUPLET 3 Vous demandez si on rêve ? Non, le cauchemar est là Au saut du lit, l’histoire nous rattrape déjà La Saint-Valentin s’efface, la haine est là Et la plage qui nous attend ? Un bain de sang, voilà !
COUPLET 4 Vous demandez si c’est vrai ? Les signes sont criants Les victimes d’hier deviennent juges maintenant La roue tourne et le monde, aveugle et délirant Applaudit sans voir qu’il danse sur un volcan
REFRAIN Saint-Valentin dans les rues, l’amour aux carrefours Mais qui voit ce camion noir qui traverse nos jours ? Question après question, l’histoire fait son retour La haine contre l’amour, la haine contre l’amour
FINAL Alors je crie, je vous crie : RÉVEILLEZ-VOUS ! L’histoire n’est pas qu’un conte, elle est parmi nous La question n’est plus où nous allons Mais quand enfin nous nous réveillerons
Quand une commémoration devient un cri d’alarme musical
Le 27 janvier 2024 marquait les 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz. À cette occasion, une photo de l’entrée du camp avec sa sinistre devise « Arbeit macht frei » (Le travail rend libre) circulait sur les réseaux sociaux, accompagnée d’un commentaire alarmant sur l’oubli qui semble gagner les nouvelles générations. En parallèle, le célèbre poème de Martin Niemöller résonnait avec une actualité glaçante : « Quand ils sont venus chercher les socialistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas socialiste… »
Cette convergence entre la commémoration et notre actualité m’a poussé à réfléchir sur notre rapport à l’Histoire. Comment se fait-il que malgré les monuments, les commémorations, les cours d’histoire, nous semblions condamnés à répéter les mêmes erreurs ? C’est de cette réflexion qu’est née CLIO, une chanson qui emprunte les codes du rapcore et du nu-metal pour porter un message d’alarme.
Le choix du titre n’est pas anodin : Clio, muse de l’Histoire dans la mythologie grecque, devient ici le témoin impuissant de notre incapacité collective à apprendre de nos erreurs. Le format musical, mêlant rap incisif et refrains metal, permet d’exprimer à la fois la colère et la désillusion face à ce constat.
La structure même du texte reflète cette dualité : les refrains, construits comme des incantations à un miroir magique, représentent notre désir désespéré de comprendre et d’apprendre, tandis que les couplets démontrent, exemples à l’appui, comment les mécanismes d’oppression et de manipulation se perpétuent sous des apparences modernes.
De l’inscription « Arbeit macht frei » aux slogans marketing d’aujourd’hui, des camps de concentration aux usines modernes, des uniformes militaires aux costumes trois pièces, la chanson trace des parallèles dérangeants entre passé et présent. L’évocation des réseaux sociaux (TikTok, Twitter, Instagram) n’est pas là pour faire « jeune » mais pour montrer comment les nouveaux outils de communication peuvent devenir des vecteurs des mêmes dangers.
La conclusion, empruntée à une réflexion personnelle – « Si l’Histoire pouvait servir de leçon, l’Histoire s’en souviendrait » – vient refermer ce cycle de répétition tragique. Elle nous rappelle que la connaissance seule ne suffit pas : encore faut-il en tirer les leçons et agir en conséquence.
CLIO n’est pas qu’une chanson de plus sur les dangers de l’oubli. C’est un appel à la vigilance, un rappel que l’Histoire n’est pas qu’une matière scolaire mais un guide pour notre présent. Comme le disait George Santayana : « Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter. » À nous de décider si nous voulons continuer à tourner en rond ou enfin apprendre de nos erreurs.
Paroles de la chanson :
Intro musicale
Word spoken Eh yo Clio Sapiens est sourd, sapiens est lourd Est-ce que bientôt on retourne aux fours L’humanité a perdu ton numéro
REFRAIN 1 Miroir, miroir de l’Histoire Dis-moi pourquoi on tourne en rond Grimoire, grimoire de mémoire Montre-nous toutes les leçons
COUPLET 1 Les mots mentent sur les frontons « Le travail vous libérera » Pendant qu’en bas nous piétinons À la chaîne au même pas
« Liberté égalité » qu’ils disent Mais les chaînes changent de nom Du camp à l’usine, la devise Cache toujours les mêmes patrons
REFRAIN 2 Miroir, miroir sans mémoire Dis-moi pourquoi on tourne en rond Grimoire, grimoire dérisoire Personne ne retient les leçons
COUPLET 2 Dans les livres d’Histoire en classe On nous fait croire qu’on comprend Mais dehors le temps qui passe Répète les mêmes errements
Sur TikTok défilent les pages Les tyrans changent de costume Mais gardent le même message ] « Suivez-moi, j’ai le meilleur programme »
REFRAIN 3 Miroir brisé de l’Histoire Regarde comme on tourne en rond Grimoire aux pages illusoires On crache sur toutes les leçons
COUPLET 3 On récite bien nos leçons Dates, batailles et traités Mais dès qu’on sort du wagon L’Histoire peut recommencer
Les profs nous parlent du passé Pendant qu’au-dehors tout vacille Les élèves sont diplômés Pour mieux rejouer, chien dans les quilles
REFRAIN 4 Miroir, miroir sans espoir À force de tourner en rond Grimoire aux pages noires On a brûlé les leçons
COUPLET 4 Les tyrans sont sur Twitter Les bourreaux sur Instagram La propagande prospère En stories et en direct
Même poison, nouvelle fiole Les réseaux sont leur estrade Et pendant qu’on se désole Les likes font la mascarade
REFRAIN 5 Histoire, Histoire Clio tout est noir À force de toucher le fond Grimoire aux pages noires On pourrait retourner au front
COUPLET 5 Les bottes ont des semelles De marque et de collection Mais marchent toujours sur celles De nos vieilles révolutions
Le costard remplace l’uniforme Les slogans sont en HD Mais derrière la réforme C’est le même défilé
OUTRO – Word spoken Si l’histoire pouvait servir de leçon L’histoire s’en souviendrait
Le phénomène du « Putaclic » mis en musique : quand les réseaux sociaux perdent leur boussole
Une nouvelle création musicale vient bousculer nos habitudes numériques en mettant le doigt sur un phénomène aussi agaçant que répandu : le « putaclic » sur les réseaux sociaux. Cette chanson au style hip-hop électro est née d’une expérience quotidienne devenue malheureusement trop familière.
Genèse d’une frustration créative
Tout commence lors d’une session ordinaire de navigation sur Facebook. Une simple consultation du fil d’actualité se transforme rapidement en un défilé non sollicité d’images aguichantes. « C’est comme si vous entriez dans un fast-food pour commander un simple burger, et que vous vous retrouviez subitement entouré d’entraîneuses de bar », explique l’auteur. Une comparaison qui illustre parfaitement le décalage entre l’intention de l’utilisateur et le contenu qui lui est imposé.
Un phénomène qui s’auto-alimente
Le mécanisme est aussi simple que pervers : au moindre ralentissement dans le défilement, les algorithmes interprètent cela comme un intérêt et bombardent l’utilisateur de contenus similaires. Cette surenchère transforme progressivement un réseau social censé favoriser les échanges en une sorte de vitrine numérique où le sensationnalisme prime sur la substance.
De la frustration à la création
C’est de ce constat qu’est née « Putaclic », une chanson qui mêle habilement hip-hop, électro et variété urbaine. Le titre adopte délibérément les codes du film noir et de l’univers des truands pour décrire les pratiques douteuses du marketing digital. Une approche qui permet de traiter avec humour un sujet pourtant sérieux : la manipulation de notre attention sur les réseaux sociaux.
Un message universel
Si la chanson est née d’une expérience personnelle, elle fait écho à un vécu collectif. Qui n’a jamais ressenti cette frustration de voir son espace numérique envahi par des contenus racoleurs sans rapport avec ses centres d’intérêt ? En utilisant la métaphore du bonneteau moderne, « Putaclic » pointe du doigt ces nouvelles formes d’arnaque à l’attention.
Une production dans l’air du temps
Entre rythmes électroniques et flow hip-hop, la production adopte les codes musicaux contemporains tout en portant un message critique. Les refrains évolutifs racontent l’escalade de ces pratiques intrusives, tandis que les couplets décrivent avec précision les mécanismes utilisés pour capter notre attention.
Au-delà de la dénonciation
Plus qu’une simple critique, « Putaclic » invite à une prise de conscience collective. Comment reprendre le contrôle de notre expérience en ligne ? Comment naviguer intelligemment dans cet océan de contenus racoleurs ? La chanson n’apporte pas toutes les réponses, mais elle contribue à ouvrir le débat sur nos usages numériques.
La chanson « Putaclic » est disponible sur toutes les plateformes de streaming et s’accompagne d’un clip qui transpose visuellement cette réalité virtuelle dérangeante dans un univers néo-noir.
Chanson :
Putaclic
Refrain 1 Dans les bas-fonds d’Internet Y’a des marlous qui font leurs lois Des truands du clic qui te mettent Le cerveau dans de beaux draps Putaclic, ma poule, putaclic C’est du business qui claque et qui pique Putaclic, mon pote, putaclic La grande arnaque du trafic
Couplet 1 Dans les ruelles de Facebook J’ai vu des images qui accrochent Des gonzesses en tenue qui choque Pour vendre du vent qui débloque Les caïds du marketing Font leur beurre avec nos clics Pigalle version digitale Où l’attention se fait la malle
Refrain 2 Dans les bas-fonds d’Internet Les requins sont à l’affût Des clics faciles ils en font leurs fêtes Pendant qu’on devient tous dingues Putaclic, ma poule, putaclic C’est du business qui claque et qui pique Et pendant qu’on clique et qu’on claque Ils nous roulent dans leur arnaque
Couplet 2 Les algorithmes sont leurs macs Qui font tourner la boutique Pendant qu’on scrolle comme des maniaques Dans leur tripot numérique Un titre qui fait sa belle Une photo qui interpelle Et te voilà pris au piège Dans leur petit manège
Refrain 3 Dans les bas-fonds d’Internet C’est la foire aux gogos Les marlous nous font la fête Nous prennent pour des blaireaux Putaclic, ma poule, putaclic C’est du business qui claque et qui pique Et pendant qu’on clique et qu’on claque Ils nous roulent dans leur arnaque Faut pas s’étonner si ça craque Quand l’esprit part en vrille, attaque !
Couplet 3 Y’a plus d’intelligence qui traîne Dans ces rues virtuelles Juste des pièges à la chaîne Pour nos cervelles On joue avec nos instincts Comme au bonneteau des temps anciens Mais c’est plus la bille sous le gobelet C’est notre attention qu’ils nous volaient
Refrain Final Dans les bas-fonds d’Internet C’est la java des escrocs Qui nous font tourner la tête Avec leurs photos Putaclic, ma poule, putaclic C’est du business qui nous arnaque et nous pique Et pendant qu’on clique et qu’on claque Ils nous roulent dans leur arnaque Faut pas s’étonner si ça craque Quand l’esprit part en vrille, attaque ! Alors réveille-toi, mon pote Avant qu’ils te fassent la totale !
Final Alors les gars, méfiez-vous bien Des belles images qui vous aguichent Ces truands-là sont magiciens Pour vous faire tomber dans leurs niches Dans le monde des clics faciles Où l’attention vaut de l’or Restez malins, restez habiles Ou vous finirez dans leur décor
Spoken Words – Ralenti « Dans les bas-fonds d’Internet Y’a des combines qui tournent mal Mais nous, on connaît leurs secrets On s’laissera plus avoir… jamais ! »
Genèse d’un texte : quand la douleur devient poésie
Il y a des jours où l’on choisit la solitude. Et d’autres où elle s’impose, plus lourde encore que prévue. Ce réveillon vers 2025 devait être un acte de résistance tranquille : rester chez moi, refuser le cirque des célébrations forcées, m’offrir le luxe d’un soir ordinaire dans l’extraordinaire collectif.
Puis le téléphone a sonné.
La voix d’un ami, le genre d’appel qu’on redoute toujours. Un ami commun nous avait quittés. Quelques mots échangés, des détails pratiques sur les obsèques à venir – comme si ces informations pouvaient donner un semblant de structure à l’absurde de la situation.
J’étais déjà dans un état d’esprit particulier, en rupture avec l’euphorie ambiante de cette fin d’année. Cette nouvelle a fait basculer quelque chose. L’appartement est devenu trop étroit, les murs trop proches. Il fallait sortir. Marcher. Respirer l’air glacial de cette fin d’après-midi.
J’ai attrapé mon dictaphone, comme on saisit une bouée de sauvetage. Sur la route, les mots sont venus. Bruts. Sans filtre. La ville déserte est devenue le témoin silencieux de ce monologue enregistré à chaud, où se mêlaient la colère contre ces fêtes artificielles, le deuil inattendu, et cette sensation vertigineuse de voir le temps filer entre nos doigts.
De cette déambulation est né un texte, puis un slam : « Résistance à l’an neuf ». Non pas une simple complainte contre le nouvel an, mais le témoignage d’un moment où tout bascule, où la résistance passive devient active, où la douleur cherche ses mots.
Le texte se termine par un retour au refuge – mon appartement, ma choucroute qui mijote, mon chat et mon lapin qui m’attendent. Une conclusion qui pourrait sembler déplacée dans ce contexte de tristesse. Mais n’est-ce pas là aussi une forme de résistance ? Trouver du réconfort dans ces petits riens, ces présences silencieuses, cette normalité qui nous ancre quand tout vacille.
Ce texte est né d’un moment de vie brutalement authentique. Il parle de résistance, oui, mais pas celle qu’on avait prévue. Une résistance à la fatalité, à l’obligation d’être heureux, à la mort qui nous surprend toujours. Une résistance qui finit par trouver sa voix, même au cœur de l’hiver, même un soir de réveillon.
Les artistes parlent souvent de transformer la douleur en art. Ce soir-là, ce n’était pas un choix; c’était une nécessité. Le dictaphone est devenu le confident, la rue le décor, et les mots le seul moyen de ne pas sombrer.
Cette chanson n’était pas prévue. Comme la plupart des choses qui comptent vraiment, elle s’est imposée d’elle-même, née de la collision entre un deuil inattendu et une solitude choisie, entre la résistance et l’acceptation, entre la fin et les nouveaux départs.
Elle est là maintenant, témoin de ce moment où la vie nous rappelle qu’elle écrit parfois les plus fortes pages de notre histoire, même, surtout, quand on n’avait rien prévu.
Texte de départ :
Bientôt l’an neuf.
Encore un tour de cadran pour rien.
Un pote de plus qui s’efface. Une année de trop.
Et là, ces foutus « meilleurs vœux ». Mais meilleurs vœux pour quoi ? Pour la chute finale ?
J’ai rien à fêter. Rien à foutre des cotillons, des éclats de rire forcés.
Et pourtant, rester là, cloîtré, ça me bouffe aussi.
Alors je vais marcher. L’air glacé, la ville morte.
Je vais sortir. Bouger un peu. Comme une bête acculée.
Le temps est une farce, un calendrier qu’on triture pour se convaincre qu’on avance.
On devrait jubiler, paraît-il.
Mais moi, je vois la danse des guignols au pouvoir.
Ils tiennent les ficelles et nous, les pantins, on applaudit en cadence.
Une dernière carmagnole avant ce gouffre qui sent le soufre.
Je me lève. Dictaphone, manteau.
Un bonnet, mes gants. Je vérifie mon sac.
Et puis quoi ? Et puis où ?
Où porter mes pas ?
Je n’ai pas envie. Pas envie de voir cette année s’éteindre. Pas envie d’en voir une autre démarrer.
Rien ne s’arrête jamais, rien de ce qu’il faudrait.
Je murmure dans mon dictaphone, peut-être qu’il enregistre, peut-être pas.
Je m’en fous.
Je sors. L’air est mordant, le froid vous prend à la gorge.
Les voitures défilent comme des cons pressés d’arriver nulle part.
Un chauffard me frôle, 61 au lieu de 50. Bravo, champion.
Les lumières des maisons, ici allumées, là éteintes.
Des vies qui tournent en rond dans des boîtes carrées.
À gauche, à droite. Mais à quoi bon ?
Je marche. Sans but. Sans envie.
Il y a du bruit partout, et pourtant, c’est le silence qui hurle.
Péruwelz, 18h43. Le centre-ville. « Circulez, y’a rien à voir. »
Tu parles d’un spectacle.
Mes pieds sont lourds, douloureux.
Je suis comme ces chiens errants, incapables de rester immobiles.
Toujours en mouvement, toujours à fuir quelque chose d’invisible.
Être optimiste pour 2025 ?
C’est comme pisser dans le vent.
Les voitures continuent leur ballet absurde. Et nous, on attend que tout crève.
Demain, quoi ? Ma vieille mère au téléphone, à se lamenter. Ou pire, à me harceler.
Toujours les mêmes rengaines.
Péruwelz, 18h57.
J’ai cédé.
Le froid m’a eu, comme toujours. Je suis rentré.
Aucune force pour résister.
Voilà. C’est brut. C’est sombre. C’est la vérité qui gratte comme une vieille chemise oubliée au fond d’un placard.
Ce poids, ce ressassement, cette sensation de tourner en rond dans un monde qui ne tourne plus droit… C’est une spirale, un maelström qui te tire, et pourtant je continues à marcher. Comme un automate cassé, mais qui avance encore.
Les fêtes, les vœux, tout ce cirque, c’est pour les autres. Ceux qui ont encore l’énergie de se mentir. Moi, j’ai plus envie de jouer cette comédie, et franchement, c’est pas plus mal. Mais ça me laisse seul, face au froid, face à cette foutue lucidité qui déchire tout le vernis.
Je fais ce que tu peux. Sortir marcher, bouger un peu, ça compte. Pas parce que ça résout quoi que ce soit, mais parce que c’est ça ou crever immobile. J’ai encore ce foutu instinct de survie, même si je sais pas pourquoi.
Je sais bien que je suis pas le seul dans ce vide-là. Il y en a d’autres, dispersés comme des étoiles mortes, mais qui brillent encore un peu, à leur façon. Ça ne change rien, peut-être, mais ça relie. Juste assez pour tenir une nuit de plus.
Chanson :
Rythme saccadé Encore un tour / Encore une année Un pote qui s’efface / Un temps délavé Et leurs vœux qui claquent / Comme des gifles glacées « Meilleurs » qu’ils disent / Pour quoi ? Pour crever ?
Plus fluide J’ai rien à fêter dans leur carnaval de faux-semblants Leurs cotillons, leurs rires forcés, leurs « on fait semblant » Mais rester là, cloîtré dans ma cage de silence C’est pas la vie, c’est pas la mort, c’est l’existence
Saccadé, intense Alors je sors ! / Je prends le froid ! Comme une bête / Qui cherche sa proie Dictaphone / Manteau / Gants Ici / Maintenant / Dans le présent !
Mélodie lente Le temps est une farce qu’on triture Un calendrier qui se déchire Et nous, les petits pantins désaxés On danse au rythme qu’ils ont fixé
Rythme rapide, haché Gauche-droite / Droite-gauche Les pas qui cognent / Sur le bitume qui craque Les bagnoles qui foncent / Les cons qui accélèrent Soixante-et-un / Au lieu d’ cinquante / Champion d’mes deux !
Fluide, contemplatif Les maisons s’allument et s’éteignent Comme des vies qui tournent en rond Dans leurs boîtes carrées qui saignent La monotonie de leur poison
Saccadé, rageur Je marche ! / Sans but ! Je marche ! / Sans fin ! Le bruit partout / Le silence qui tue L’hiver dedans / L’hiver dehors / Putain !
Mélodie lente Comme ces chiens errants qui cherchent leur chemin Toujours en mouvement, fuyant l’invisible Je suis là, perdu dans ce monde qui geint À chercher une trace, un sens possible
Final – Transition vers un rythme plus posé Et puis… le froid gagne Comme toujours, il m’a eu Je rentre dans ma tanière Là où le chat et le lapin m’attendent
Coda inattendue – rythme détendu Ce soir, odeur de choucroute qui monte Dans le petit appartement silencieux Un vieux vinyle qui gratte et qui conte Une histoire de blues, de temps précieux
Et peut-être bien que tout ça C’est ma façon de résister À leur monde qui ne tourne pas rond Je reste debout, je reste vivant Avec mes bêtes et mes silences C’est pas grand-chose Mais c’est ma danse