
Ceci n’est pas l’ombre d’un chat
Il n’y a pas l’ombre d’un chat,
ni même le rêve d’un poil sur l’aile d’un matin.
mais pourtant chat il y a,
une patte de velours dans la fluidité céleste.
Il est là, bien là, bien trop sombre,
face au ciel trop bleu pour être honnête.
Le soleil l’a oublié, ou peut-être
a-t-il lui-même volé la lumière
pour mieux disparaître.
C’est un chat, Madame. C’est un chat, Monsieur.
Un vrai, avec des moustaches de mystère,
et une queue en point d’interrogation.
Mais voilà qu’il s’efface, qu’il sombre,
comme une pensée trop vague,
ou un secret trop bien coulé.
Ainsi parla Bizarre à tout chat
sage du rebord,
prophète de l’invisible,
rongeur de certitudes.
Il dit :
« Je ne suis pas l’ombre d’un chat,
je suis l’idée d’un chat que tu te fais,
le souvenir d’un chat qu’on n’a jamais eu,
le reflet d’un songe à moustaches
dans la vitrine du ciel. »
Et le ciel, lui, n’a rien dit.
Il a continué à flotter,
trop occupé à garder ses nuages
au frais.