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Les êtres néants

Des trésors dans le garage : quand un vieux texte retrouve vie

Publié le 12 mai 2025

La découverte inattendue

Il y a quelques jours, armé de cartons et d’une détermination sans faille, j’ai entrepris cette tâche que nous reportons tous : vider le garage. Entre les objets à jeter, ceux à donner et les souvenirs qui nous arrêtent net dans notre élan, j’ai découvert une feuille jaunissante. Dessus, un texte que j’avais écrit il y a des années et complètement oublié : « Les êtres néants ».

En relisant ces lignes écrites dans un moment d’exaspération après une journée passée dans les méandres administratifs, j’ai été frappé par leur actualité. Ce texte, né d’une frustration passagère, portait en lui une critique sociale qui reste, malheureusement, toujours pertinente.

Le texte original : une critique de la bureaucratie absurde

« Sur le boulevard de l’absurde, deux quidams. L’un n’est rien, l’autre moins que rien. Ça fait plus que rien.« 

Ainsi commence ce texte qui dépeint ces fonctionnaires que j’avais surnommés « les êtres néants » – ces individus qui, par leur position, détiennent un pouvoir disproportionné par rapport à leur compétence ou leur volonté d’aider. Ces personnes qui incarnent un système où l’absurdité administrative règne en maître.

Ce qui m’a interpellé en relisant ce texte, c’est la colère sourde qui l’habitait – une colère qui n’était pas dirigée contre des individus, mais contre un système qui transforme des personnes ordinaires en « fonctionnaires nés pour fonctionner » et qui « joignent l’inutile au désagréable ».

De la page oubliée à la chanson : rencontre avec Gainsbourg

En relisant ce texte, une évidence s’est imposée à moi : sa tonalité, son rythme et son ironie mordante rappelaient étrangement l’univers de Serge Gainsbourg, particulièrement dans ses œuvres les plus cyniques comme « Requiem pour un con ».

L’idée a germé : pourquoi ne pas transformer ce texte en chanson, dans le style si particulier de Gainsbourg ? Cette voix grave et traînante, ce phrasé unique, cette musique minimaliste qui sert le texte plutôt que de le noyer… Le tout sur une base de funk minimaliste avec caisse claire sèche et bongos en arrière-plan, créant cette atmosphère urbaine, cinématique et sombre si caractéristique.

Le processus de transformation

Adapter ce texte n’a pas été simple. Il a fallu conserver l’essence de la critique tout en créant une structure adaptée au format chanson – avec couplets et refrain. J’ai choisi de centrer le refrain autour du concept des « êtres néants », cette expression qui capturait si bien l’essence du propos.

J’ai travaillé l’instrumentation pour qu’elle soutienne le texte : une basse électrique obstinée comme fondation, une caisse claire sèche et percutante pour marquer les temps forts, des bongos en contretemps pour ajouter de la texture.

Et puis la voix : grave, presque monotone, avec ce détachement ironique si caractéristique de Gainsbourg.

Une critique sociale intemporelle

Ce qui m’a poussé à partager cette création, c’est la réalisation que cette critique, bien que personnelle et écrite il y a des années, résonne toujours aujourd’hui. Qui n’a jamais ressenti cette impuissance face à un système qui semble conçu pour frustrer plutôt que pour servir ?

Comme l’évoque le texte : « On rêve de donner de grands coups de pied à l’État croupion, mais, pour finir, on l’a toujours dans le c… » Une formulation crue mais qui traduit un sentiment partagé par beaucoup.

Au-delà de la critique : une catharsis

Si j’ai décidé de partager cette création aujourd’hui, c’est parce qu’elle dépasse la simple critique. Elle offre une forme de catharsis à tous ceux qui ont vécu ces frustrations. Il y a quelque chose de libérateur à mettre en mots et en musique ces expériences partagées, à transformer la frustration en création.

Et peut-être aussi parce que l’art a cette capacité unique de nous permettre de rire de nos malheurs, de transcender par l’ironie et la créativité les petites et grandes absurdités de la vie quotidienne.

À votre tour

Avez-vous déjà découvert d’anciens écrits qui vous ont surpris par leur pertinence ? Ou peut-être avez-vous aussi vos histoires d’absurdité administrative à partager ?

Je serais curieux de lire vos expériences dans les commentaires. Et qui sait, peut-être que vos récits inspireront une prochaine création…


Si vous souhaitez écouter « Les Êtres Néants » dans son intégralité, vous pouvez la retrouver sur ma chaîne YouTube ou sur mon compte TikTok et bientôt sur les différentes plate formes.