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Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière

Mais bon sang, où c’est qu’on a mis le corps ?

(Version enrichie, cloche comprise)

Lieu : Un coin sombre du tombeau, une lumière blafarde tombe sur la dalle vide. Ambiance étrange entre mystique et farce policière. Au centre, un suaire jeté comme une serviette dans un polar cheap. Des apôtres à la gueule de lendemain d’orgie liturgique, rassemblés autour du vide sidéral.

PIERRE

— Je vous avais dit de le planquer sous les draps, pas sur le côté comme un vieux gigot d’agneau pascal ! Maintenant, il n’y a plus rien, que dalle, même pas une épine à se mettre sous la dent ! C’est quoi ça ? Un suaire plié comme une serviette de hammam… On dirait le décor d’une scène de crime à Césarville-les-Bains !

JACQUES (ramasse le suaire du bout des doigts)

— Je te jure, Pierre, moi je n’ai touché à rien. J’ai juste refermé le rideau. Je pensais que Judas avait la clé du coffre. Tu as vu ça ? On dirait une empreinte au vin rouge… Si ça, ce n’est pas un miracle ou une contrefaçon de luxe… On dirait un faux, le Suaire de Turin avec deux siècles d’avance.

THOMAS

— Judas ? Il s’est pendu hier, le salopard. Avec une ficelle de figuier. On ne peut pas compter sur un mec qui ne sait même pas faire un nœud coulant propre. Judas devait encore chercher un point Godwin à l’histoire… Je n’y crois pas une seconde.

ANDRÉ (regarde autour, un truc le chiffonne)

— Ce n’est pas qu’on l’a perdu, c’est qu’il s’est volatilisé, le corps nous a posé un lapin, genre miracle en douce, ascenseur céleste sans prévenir. Trois jours qu’on le veille et puis pouf ! Évaporé ! Un coup du Saint-Esprit en mode ninja ! Attendez… c’est quoi ce truc par terre ? Une fiche de fidélité « Taverne des Douze » tamponnée trois fois. On a laissé des preuves comme des amateurs !

PIERRE

— Tu vas me faire gober qu’il est monté tout seul comme un moineau ivre dans une corbeille en feu ? Arrête André, même une mule de Galilée verrait l’entourloupe. On va jamais réussir à faire avaler qu’il est monté au ciel tout seul, sans tambour ni trompette ? Même les anges n’ont pas laissé une plume !

ANDRÉ (enchaîne direct)

— On a voulu cacher le boss comme une dîme au fisc, maintenant faut l’inventer en montgolfière divine… On va finir saints mais sans domicile fixe.

JACQUES

— Mes lapins, on est chocolat ! On dit quoi au peuple ? Si on dit qu’on a paumé le Messie comme un colis mal acheminé, on va se faire crucifier à notre tour ! Alors on fait quoi ? On dit qu’il est parti sur un char de feu ? Qu’il a pris l’escalator céleste au petit matin ?

THOMAS (d’un ton narquois)

— Sur un char de feu ça fait trop banal mais si on dit qu’il est ressuscité, voilà l’idée ! C’est classe, c’est vendeur, ça fait mystère et Bible de gomme. Et puis qui va vérifier ?

PIERRE (soupirant)

— Non mais attends ! T’as pas encore reçu l’esprit sain mec?! C’est le genre de plan qui sent plus la vinaigrette que la grâce ! C’est moi qu’on appelle Pierre, hein ? Pas pour décorer les évangiles comme un nain de jardin dans l’Éden ! Et là, il n’y a plus de pierre tombale, plus de corps, plus rien. Tu parles d’un fondement… Faute de pierre pour fermer le tombeau, va falloir que je bâtisse une Église. Tu as beau dire, mais pour un dimanche de Pâques, il y a quelque chose qui cloche !

THOMAS

— Je n’y crois pas une seconde… mais comme c’est Pâques, je veux bien faire semblant. C’est la résurrection ou la révolution ! Je n’y crois pas, mais vu le trou qu’on a laissé derrière, on peut au moins dire qu’il n’est pas mort pour rien… C’est la résurrection ou une fuite organisée !

JACQUES

— Si on nous chope, on dira que c’est une parabole. C’est comme un mensonge, mais en plus biblique. Si on s’exprime par parabole. C’est comme un bobard, mais en plus mystique, les gens captent mieux comme par satellite.

PIERRE

— Vous avez vu nos tronches ? On dirait un gang de fossoyeurs qui a picolé le vin de messe… Va falloir jouer serré. À ce rythme, on va juste ériger une légende et poser des oraisons sur du sable. Et dire qu’il voulait bâtir son royaume sur moi…

THOMAS (avec cynisme)

— Je crois qu’on va finir canonisés pour escroquerie mystique… et encore, sans avoir fait le service trois miracles. On a perdu un corps et trouvé une religion. Bravo les gars, Moïse peut retourner danser la lambada sur les tables de la loi.

ANDRÉ

— Ou alors on raconte qu’on l’a vu monter au ciel, façon space X divin, avec des anges en cortège… Un peu de fumée, deux ou trois pigeons dressés, et hop, l’affaire est dans le sac à miracles.

PIERRE (amer)

— Et dire qu’il voulait bâtir son royaume sur moi… À ce rythme, on va juste ériger une légende et poser des cloches au lieu de fondations.

JACQUES

— Allez, on raconte qu’il est monté au ciel… vu le flou du témoignage, on pourra toujours dire que c’était nuageux.

THOMAS (marmonne)

— On a perdu un corps et trouvé une religion. Si c’est pas un miracle de comptoir, je suis Moïse qui fait une sortie de scène en moonwalk.

Silence gêné. Les apôtres se regardent, puis quittent les lieux lentement, laissant derrière eux le suaire, la dalle vide… et une légende fraîchement moulée. Ils sortent un à un, l’air grave, traînant leurs sandales comme un péché capital. Seul un petit ange les regarde depuis une alcôve, un sourire en coin. Il murmure :

L’ANGE (off)

— Résurrection ou disparition ? En tout cas, ce n’est pas la vérité qu’ils ont roulée sous la pierre… Mais en vérité, il n’y a pas que la pierre qui a été roulée dans cette histoire…

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Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière

Tout ça pour des clous !

Mort pour des clous

[Intérieur d’une taverne de Jérusalem, rideaux tirés, ambiance moite. Une jarre de vin tourne, les coupes s’entrechoquent mollement. Ils ont les visages tirés et le verbe aiguisé.]

PIERRE (le Dur)
Bon… on va pas tourner autour du sépulcre. Le patron, il est raide. Raide comme un légionnaire après trois jours sans vin. Et tout ça à cause d’un petit malin à capuche et à baisers.

JEAN (le Doux)
C’était censé être un pèlerinage, pas un enterrement. Moi j’dis, au début, il avait une idée. Une vraie. Le Mont des Oliviers, le Canderem, le palais de Pilate… une piste comme dans les rouleaux.

MARC (le pilier de café)
Tu parles d’une piste. C’était pas un itinéraire, c’était un guet-apens à ciel ouvert. On aurait dit que Judas, il lui avait vendu un plan griffonné sur une nappe de taverne.

MATHIEU (le zélote)
Le Golgotha, qu’il disait. Là-haut y’aurait le magot, la vérité, la rédemption… Résultat ? Des clous ! Et encore, pas en or massif. Le seul trésor qu’il a trouvé, c’est un crucifix taillé sur mesure.

PIERRE
Moi, j’dis que ça sentait l’arnaque depuis Béthanie. Quand un type te dit « le royaume est proche », et qu’il t’amène au poteau d’exécution, c’est que le royaume… c’était surtout pas le tien.

JEAN
Et Judas ? Ce mec-là, c’est pas un disciple, c’est un comptable en cavale. Il a vendu le boss pour trente misérables deniers. Même pas de l’or. C’était pas un baiser, c’était un reçu fiscal.

MARC
Il croyait faire un coup de maître. Mais le Golgotha, c’est pas une planque, c’est un théâtre. Et nous, les figurants, on a joué les clous avant de comprendre qu’on s’était tous fait visser.

MATHIEU
Le pire, c’est qu’il avait l’air de savoir. Il marchait vers sa croix comme un dromadaire vers un puits sec. Il souriait même, le bougre… Moi j’te jure, j’ai vu des fous, mais lui, c’était un prophète ou un poète. Peut-être les deux.

PIERRE
Ou un caïd mystique qui voulait graver son blaze dans les Écritures. Et maintenant, regarde-nous : quatre types dans une taverne à boire à la santé d’un mort… qui nous a peut-être roulés… ou qui nous a peut-être sauvés. Va savoir.

JEAN
Jésus… Nazaréen, roi des rêves. Il croyait qu’en montant au Calvaire, il allait trouver la clé du royaume. Mais tout ce qu’il a trouvé, c’est la serrure. Et Judas tenait la clé.

MARC (levant sa coupe)
À lui. À nous. Aux illusions. Et aux vendus qui les enterrent.

TOUS
À la croix, et à ceux qui y croient.

JEAN (Levant les yeux au ciel comme inspiré par le vin) : Y comme un ange qui passe !

MATHIEU (le zélote, regard sombre)
Et l’autre machin, le Sanhédrin… On aurait dit un conclave de croque-morts. Ils avaient les rouleaux de la Loi dans une main et la pierre dans l’autre. Faut dire, ils s’étaient déjà partagés la dépouille avant que le boss rende l’âme.

MARC (sarcastique)
Ouais. Le procès, tu parles… C’était pas une audience, c’était une liquidation. Une vente au détail du Messie. Même le baveu, il a rien pu faire.

JEAN (le Doux)
Le baveu ? Tu veux parler de ce vieux rabbin à barbe blanche, qui suait comme un chameau à l’ombre ? Il a bafouillé deux mots et hop, silence dans la salle. J’ai vu plus de défense dans une galette sans levain.

PIERRE (se râcle la gorge, les yeux fuyants)
Parlons d’autre chose.

MARC
Non non, vieux frère, pas si vite. Faut qu’on cause aussi des gallinacés et des regrets. Paraît que t’as fait chanter le coq, toi.

MATHIEU
Trois fois, qu’on m’a dit. Trois fois que t’as dit « J’le connais pas ce Nazaréen », pendant que lui se faisait trimbaler d’un prétoire à l’autre comme un voleur de figues. Pas beau, ça.

PIERRE (les dents serrées, la voix grave)
J’étais pas prêt. J’ai eu la trouille, OK ? Une de celles qui vous prend à l’estomac et vous le tord comme un lépreux sans onguent. J’ai vu les regards, les lances, le bois déjà taillé… Et j’me suis dit que peut-être, j’étais pas fait pour le martyr.

JEAN (doucement)
Il t’avait prévenu.

PIERRE
Ouais. Comme s’il avait lu le script avant le tournage. « Tu me renieras trois fois avant que le coq chante », qu’il m’a dit. J’ai ri, ce jour-là. Maintenant, j’rire plus.

MARC (ironique)
Tu veux dire, tu cocotes moins ?

PIERRE (sombre)
J’ai renié un frère. Un patron. Un prophète. Et j’me suis renié moi-même. Le coq, j’l’entends encore. Pas besoin d’être à Jérusalem. Il est dans ma tête, tous les matins.

MATHIEU (soudain touché)
Peut-être que c’était pas une fin. Peut-être que c’était le début. Un genre de braquage céleste. Il est descendu au fond du trou pour ouvrir une sortie de secours.

JEAN (levant sa coupe)
Alors on boit. À ceux qui trahissent, et qui pleurent. À ceux qui jugent, et qui dorment mal. Et à celui qui est mort pour nous réveiller.

TOUS
À l’ami crucifié. Le patron qu’avait pas peur du clou.

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L’affrontement du regard de mort

La Chamouraï Luna et l’affrontement du regard de mort (inutile)

Chronique féline d’un jardin disputé

La Chamouraï Luna, gardienne silencieuse du territoire vitré, prit position sur l’appui de fenêtre avec une gravité aussi nippone que friponne. L’armure invisible de sa dignité cliquetait à chaque mouvement de moustache. Son regard, deux lames de jade aiguisées par l’ennui, se fixa sur l’intrus.

Lui, Vicharou le Vil, pelage d’un roux douteux et démarche d’un contremaître ivre, arpentait nonchalamment le jardin de Luna. Il le faisait avec l’impunité tranquille des âmes qui savent qu’elles ne risquent rien d’autre qu’un regard mauvais. Il leva les yeux. Le duel pouvait commencer.

À la manière des anciens maîtres, Luna ne feula pas tout de suite. Non. Elle attendit. Elle concentra en elle des siècles de sagesse, d’orgueil, et de mépris feutré pour les squatteurs roux. Puis, d’un souffle presque inaudible, elle lâcha :

« Fffrrr… »

Un avertissement. Une mise en garde. Une convocation en conseil de guerre.

Le vil chat roux hésita. Il savait. Il avait déjà connu cette guerre des yeux, ce sabbat de feulements échangés à travers la vitre, cette guerre froide à température féline. Il feula en retour, dans un dialecte de gouttière approximatif.

Le choc fut terrible.

Durant exactement 13 secondes, ils se toisaient, museaux frémissants, pupilles réduites à des fentes d’assassins. Puis, dans un coup de théâtre aussi silencieux qu’absurde, Vicharou fit volte-face. Il quitta le rebord du massif de pivoines, contourna le barbecue couvert de mousse, et… sortit du champ de vision de Luna.

Victoire ?

Pas vraiment.

Car Luna, stoïque, savait. Le brigand était toujours là. De l’autre côté de l’arbre. Hors de portée du regard, certes, mais toujours sur SON territoire.

Elle miaula un soupir déçu. Son jardin restait souillé par la présence invisible de l’ennemi. Elle avait gagné une bataille de regard… mais perdu la guerre du gazon vert.

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La Mise en Cène

INT. SALLE À MANGER ÉCLAIRÉE À LA LAMPE À HUILE – SOIR DE PESAH

Une pièce aux murs fatigués, une longue table branlante, douze types qui se grattent la barbe en attendant leur ration de pinard rituel. Au bout, le Boss : Jésus, dit « le Nazaréen », yeux mi-clément, mi-calcul. L’homme a le regard qui juge sans lever le glaive.

JÉSUS (à voix basse, comme s’il causait au destin)

— J’ai pas rameuté toute cette clique pour jouer aux dominos. Ce soir, on se met à table… au sens propre comme au figuré. Y en a un dans le lot qui a les poches pleines de silence et la conscience pleine de pièces. Et ce Judas-là, il va finir par cracher le morceau. Je veux que ça sorte avec le vin.

Il tape dans les mains. Jean, le doux, sursaute. Pierre, le teigneux, roule des épaules comme un lutteur. Thomas, lui, regarde son assiette comme s’il attendait un miracle gastronomique.

JÉSUS (en levant son verre)

— Mes frères. Ce soir, c’est pas que le pain qui va être rompu.

PIERRE (bourru)

— T’as un truc à balancer, patron ? T’as l’air d’un parrain qui mâche un sermon avec du gravier.

THOMAS (sceptique, comme toujours)

— Encore une parabole ? T’en as une pleine besace, mais là j’préfèrerais des réponses et un dessert.

JEAN (d’un ton doux mais inquiet)

— Maître, ton regard fait des trous dans l’âme. On dirait que tu sais quelque chose que nous, on n’a même pas flairé.

JÉSUS (souriant avec une grimace triste)

— Je sais tout, les gars. Même quand vous avez le silence en bandoulière, moi, j’entends les pièces qui tintent dans les poches de l’hypocrisie.

Les regards glissent, les couverts ralentissent. Judas s’étrangle avec un bout de pain azyme. Il essuie sa bouche d’un geste trop vif.

JUDAS (d’un ton pâteux, sirupeux à souhait)

— Seigneur… pourquoi tu me regardes comme un percepteur qui aurait trouvé une doublure à César ?

JÉSUS (en plantant son regard dans le sien)

— Parce que t’as la langue d’un serpent qui a fait des heures supp’ chez les Romains. Tu fais le doux, mais tu pues la trahison à dix stères. Et je sens que ce soir, ça va déraper façon vendange amère.

PIERRE (bondissant de sa chaise)

— Quoi ? Tu vas nous balancer que l’un d’nous joue les balances ? J’vais lui refaire le portrait à coups de paraboles en travers la tronche !

THOMAS

— Minute, Pierre… Jésus, tu veux dire que l’un d’nous file des infos au Sanhédrin ? Qu’on est assis à la même table qu’un corbeau en sandales ?

JÉSUS (en montrant un bout de pain)

— Celui à qui je file ce pain-là, c’est lui qui a troqué son âme contre trente bouts de métal. Une bouchée pour Judas, une trahison pour l’éternité.

Judas devient vert comme un olivier malade. Il prend le pain. Le silence tombe. On entendrait une mouche prier.

JUDAS (la voix fêlée, l’argot tremblant)

— Bon, ça va… j’vais cracher le morceau. J’ai vendu la boutique. J’ai balancé le nom, l’endroit, la tronche. Ils viendront. J’ai pas pu m’empêcher. L’argent… le regard qu’ils avaient… la peur que j’avais…

PIERRE (hurlant)

— Traître à sandales !

JÉSUS (en posant une main sur l’épaule de Pierre)

— Laisse. Fallait qu’il joue son rôle. Même la trahison a son heure. Le plan divin, c’est pas un opéra où tout le monde chante juste. Y a toujours un Judas pour faire la note fausse, celle qui fait pleurer l’humanité entière.

JEAN (les yeux embués)

— Et toi, tu savais, et t’as rien dit ?

JÉSUS

— J’ai pas dit. Mais j’ai préparé. On appelle ça une mise en cène, les enfants. Et quand l’histoire se répète, c’est toujours avec des couverts propres et des mains sales.

VOIX OFF (JÉSUS, INTÉRIEUR)

— À partir de là, les choses iront comme prévu. Croix, clous, larmes et renaissance. Mais ce soir, on a mangé ensemble. Lui, moi, les autres. Et on s’est mis à table… pour l’histoire et pour l’éternité.

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Élucubrations bouclées

Une chanson pour ce Dieu qui sonne trop souvent à la porte !

Il y a des refrains qui vous collent à la peau plus que certains dogmes. Celui de « Préchi-précha du curé… » m’est venu un jour, à 20 ans, comme une fulgurance ironique face à un sermon de trop. Depuis, il m’a accompagné comme un petit diable rieur sur l’épaule, me soufflant à l’oreille chaque fois que la foi prétendait m’embrigader, ou que le doute me donnait envie d’y croire malgré moi.

Croyance et incroyance n’ont jamais cessé de se battre en duel chez moi, mais dans le vacarme de cette joute intérieure, j’en oubliais une chose essentielle : la spiritualité n’a pas besoin de Dieu pour exister. Il y a des mystères plus profonds que les récits sacrés, des silences plus éloquents que les prêches, et des âmes en quête sans pasteur ni prêtre.

Et puis, un matin — comme un symbole — les témoins de Jéhovah ont sonné à ma porte.
Encore.
Mais cette fois, c’était la goutte divine de trop.
Tant Jéhovah la cruche alla à la porte… qu’à la fin, il se casse. Et moi, j’ai ouvert non pas à leur message, mais à une chanson : Élucubrations bouclées.

Un électro-swing pour exorciser les sermons, un cabaret de souvenirs absurdes, de prêtres fossilisés et de serpents trop stylés. Une boucle poétique où le rire devient un rempart, et le swing, une manière de tenir debout dans le désert.

Cette chanson, c’est un clin d’œil aux figures religieuses qui ont jalonné ma vie, mais aussi une déclaration d’amour à la pensée libre, à l’ironie salutaire, et à la fidélité à soi-même.

Alors frappez, si vous voulez… mais sachez que je n’ai cure des fadaises. Et que chez moi, la foi n’entre pas sans passer par le filtre du swing.

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T’as vu le plan ?

Petite philosophie du quotidien

Quand le reggae philosophe sur nos galères quotidiennes

Ces matins où tout va de travers, nous les connaissons tous. La porte qui reste ouverte, la poubelle qui nous claque sur les doigts, les voisins bruyants… Ces petites frustrations qui s’accumulent jusqu’à nous faire dire « j’en ai marre de ce grand théâtre ».

C’est précisément ce quotidien chaotique qui a inspiré mon nouveau single reggae « T’as vu le plan? ». Mais au-delà de la simple complainte, cette chanson explore une perspective plus profonde : et si ces contrariétés étaient aussi une invitation à voir la vie autrement?

Entre frustration et philosophie, le morceau oscille comme un pendule, nous rappelant que « le bonheur, c’est pas quand tout va comme on veut, c’est quand on dit oui même si c’est creux ou affreux ». Les refrains transforment progressivement le « Non mais oh! » initial en un « Oui mais oh! » qui accepte le chaos pour mieux l’apprivoiser.

Dans la tradition du reggae engagé, « T’as vu le plan? » propose une réflexion simple mais essentielle : nos possessions importent moins que nos expériences. Même les galères peuvent devenir des chansons quand on apprend à danser dans la confusion.

À découvrir dès maintenant sur vos plateformes préférées, et n’hésitez pas à me dire si cette petite philosophie du quotidien résonne avec votre propre expérience!

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Ça me fait une belle jambe!

Quand la pensée positive se prend les pieds dans le tapis

Un pansement, du jambon, et une pincée de méthode Coué.
Ma nouvelle chanson « Ça me fait une belle jambe » est née d’une jambe blessée, d’une accumulation d’ennuis pas franchement poétiques, et d’un trop-plein de maximes new age censées guérir le mal de vivre avec trois gouttes d’huile essentielle et une bonne intention.

Sur fond de rythme latino et de second degré bien tassé, j’ai décidé de raconter le réel — celui qui boite — avec le sourire en coin. Entre ma mère qui dilapide ses biens à la vitesse d’un typhon tibétain, des compétences méprisées par votre hiérarchie, un garage en voie de disparition et une jambe qui a des ambitions de jambonneau, il fallait bien un exutoire. Le voici, en musique.

« Chaque jour, je vais de mieux en mieux », dit la voix céleste en ouverture. Et tout au long de la chanson, ce mantra est joyeusement piétiné par la réalité. Mais avec style. Avec sarcasme. Et avec quelques bandages en guise de poésie.

🎧 À écouter avec une compresse froide et une bonne dose d’autodérision.
💥 Et à fredonner avant la prochaine catastrophe, bien sûr.


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Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière Mais où va-t-on ? - Indignation et rébellion

POUR DES PRUNES ET DES NOYAUX

QUAND LE RAP RENCONTRE BUKOWSKI

Publié le 12 mars 2025

GENÈSE D’UN PROJET À CONTRE-COURANT

Il est 6h29 du matin quand l’idée m’est venue. Ces moments où l’on se demande pourquoi on s’est levé, pourquoi on continue à se battre dans un monde qui n’en a rien à faire. Ces instants de lucidité cruelle où l’absurdité de l’existence nous frappe de plein fouet.

J’ai toujours été fasciné par l’œuvre de Charles Bukowski, ce poète de la dépravation et de la désillusion, qui a su capturer avec une honnêteté brutale la vacuité de l’existence moderne. Parallèlement, le hip-hop trap contemporain m’a toujours paru comme l’expression parfaite de notre époque – rythmique, directe, sans compromis.

Que se passerait-il si ces deux univers se rencontraient ? Si l’esprit de Bukowski s’infiltrait dans les codes du trap ?

L’ABSURDE ET LA CRÉATIVITÉ : UN COMBAT ÉTERNEL

« La vie compte pour des prunes et des noyaux » est né de cette collision improbable. Ce morceau explore ce paradoxe fondamental : nous savons que tout est absurde, que rien n’a de sens, que personne ne répond au bout de la ligne – et pourtant, nous continuons à créer, à écrire, à laisser cette flamme brûler.

Dans une société obsédée par la productivité, où le temps est découpé en tranches d’efficacité, où nos smartphones restent désespérément froids et silencieux malgré notre besoin de connexion, que reste-t-il ? La créativité comme dernier acte de résistance.

« La créativité contre l’absurde
Un feu qui s’obstine dans la nuit noire
Les mots contre le vide, c’est absurde
Mais c’est tout c’qui nous reste, notre dernier espoir »

UNE STRUCTURE ENTRE TRADITION ET RUPTURE

J’ai choisi de conserver une structure classique du rap (intro, couplets, refrain, outro) comme squelette de ce chaos organisé. Ce cadre formel contraste délibérément avec le message de désordre existentiel – encore une contradiction qui reflète notre condition humaine.

Le morceau commence à 6h29, ce moment suspendu juste avant que le monde ne s’éveille complètement, et nous accompagne à travers une journée de questionnements, de regards obsessionnels vers l’horloge, d’attentes vaines d’une notification qui ne viendra jamais.

ENTRE LE BRUT ET LE MÉTAPHORIQUE

L’un des défis majeurs de ce projet était de naviguer entre deux approches apparemment contradictoires : la brutalité directe héritée de Bukowski et la dimension métaphorique propre au hip-hop.

« Entre le brut d’la vie qui déchire
Et les métaphores qui voilent le cauchemar »

Cette tension stylistique reflète notre propre ambivalence face à la réalité : parfois nous voulons la regarder en face, dans toute sa laideur, parfois nous préférons l’habiller de symboles pour la rendre supportable.

POURQUOI CRÉER FACE AU VIDE ?

La question qui traverse l’ensemble du morceau est fondamentalement celle-ci : pourquoi continuer à créer face à l’absurde ? Pourquoi écrire quand personne ne répond au bout de la ligne ?

Je n’ai pas de réponse définitive, bien sûr. Mais peut-être que l’acte créatif lui-même, cette obstination à déposer du sens sur le non-sens, est déjà une forme de réponse. Une rébellion silencieuse contre la vacuité.

La créativité n’est peut-être pas la solution, mais c’est notre façon de tenir debout face au vide. De dire « je suis là » même quand personne n’écoute. De transformer nos 6h29 en quelque chose qui, pendant un bref instant, semble avoir un sens.

ET MAINTENANT ?

« La vie compte pour des prunes et des noyaux » n’est que le début d’une exploration plus large de cette fusion entre nihilisme bukowskien et esthétique trap. Dans les mois à venir, je prévois de développer ce concept à travers d’autres morceaux qui continueront d’explorer différentes facettes de cette tension entre créativité et absurde.

En attendant, je vous invite à écouter ce premier titre, à le partager si ces questionnements résonnent en vous, et peut-être à vous demander : quelle est votre flamme qui s’obstine face à l’absurde ?

Car au fond, dans ce monde qui compte pour des prunes et des noyaux, notre créativité est peut-être tout ce qui nous reste.


Le single « La vie compte pour des prunes et des noyaux » est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Partagez vos impressions dans les commentaires ci-dessous.

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Craignez Dame Gargouille

L’inspiration de cette œuvre naquit en un instant solennel : là, sur le haut du palier, trônait mon chat, souverain d’ombre et de silence, jaugeant de son regard perçant l’humain indigne qui osait approcher. D’une patience tyrannique, il attendait ses serviteurs, réclamant hommage et dévotion. Ainsi germa la légende, d’abord en conte, puis en chanson…

Texte

Or donc, en un logis aux marches traîtresses, là où les ombres se meuvent sans bruit et où les importuns tremblent avant d’oser gravir l’escalier, règne une gardienne aussi farouche qu’impitoyable : Dame Gargouille.
Nul ne sait depuis quand elle hante ces hauteurs. Certains murmurent qu’elle est née des ténèbres entre les poutres, sculptée dans la nuit même, esprit félin d’un antique sortilège. D’autres, plus hardis mais non moins sots, prétendent qu’elle n’est qu’une dame-chat de noble extraction, vouée à semer la terreur chez ceux qui oublient leur office. Mais tous s’accordent à dire qu’il ne fait point bon croiser son regard dans la pénombre des escaliers, sous peine de connaître un funeste destin. Dame Gargouille, félonne parmi les félines, ne quémandait ni caresses ni flagorneries. Que nenni ! Ce qu’elle exigeait, c’était l’hommage sacré des serviteurs : une eau limpide et cristalline, un sol immaculé exempt d’immondices et, surtout, un trône de litière digne de sa majesté. Malheur aux vassaux négligents qui osaient oublier leurs devoirs !
Lorsqu’un infortuné, pris par l’oubli ou la paresse, osait gravir l’escalier sans offrande ni diligence, Dame Gargouille, telle une furie sortie des ombres, s’élançait avec la célérité d’une flèche décochée. Sa tactique était imparable : le croche-patte du démon, l’art de fondre dans les jambes du fautif, d’un bond silencieux, de s’enrouler entre ses pieds et de le précipiter dans un périlleux trébuchement !
Combien de maladroits furent ainsi défaits ? Nul ne sait, car leur chute fut si soudaine qu’ils n’eurent le temps que d’un cri avant de choir dans l’oubli. Certains prétendent même que Dame Gargouille s’assoit fièrement sur leur corps inerte, en signe de triomphe, avant de les laisser gémir sur leur sort.
Et ainsi, dans toute la maisonnée, chacun apprit à ne point défier la volonté de la Dame. Eau pure et litière propre ! clamaient-ils, comme un credo sacré, avant d’oser mettre un pied sur l’escalier. Car mieux valait ployer sous son règne que de finir au tapis, victime de son implacable courroux.
Que sa vigilance jamais ne faiblisse, et que son ombre continue de hanter les marches !

Paroles de la chanson

Héraut
Holà, maraud, tiens-toi bien !
Avant que ton pied n’ose l’escalier,
Sache qu’en haut veille sans fin
Un spectre noir prêt à sévir !

Refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Couplet 1
Nul ne sait d’où vint la maudite,
Née des poutres ou du néant,
Sous son regard l’âme palpite,
Et tout servant finit rampant !

Refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Couplet 2
D’un saut de foudre et de courroux,
Elle s’élance, spectre assassin,
Son œil perçant flambe debout,
Juge et bourreau du genre humain !

Refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Couplet 3
Malheur à qui sans eau limpide,
Sans litière digne et propre encor,
Voudrait passer, fatidique perfide,
Sans hommage à son saint décor !

Refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Couplet 4
Sur mille âmes pèse un trépas,
Par croche-patte du démon,
Dans un gémissement, hélas,
S’effondre l’homme, brise son front !

Refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Couplet 5
Que nul ne brave sa sentence,
Rendez hommage à son pouvoir,
Lavez le sol, priez sa clémence,
Avant d’oser monter la voir !

Dernier refrain
Or donc, tremblez, manants impurs,
Car sur les marches du grand séjour,
Trône en l’ombre un spectre obscur :
Dame Gargouille veille au détour !

Chute parlée – Dame Gargouille
« Hardis fous ! Pensez-vous donc que l’on foule mon escalier impunément ?
L’eau croupit, la litière empeste, et vous osez monter ?
Point de pitié pour les impudents imprudents !
Qu’il en soit fait selon l’antique loi…
Quiconque me défie, trébuche et ploie ! »

Catégories
Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière

Un Tournoi au tournant ?

Vous revenez à pieds de vos courses chez Lidl et en passant le pont, vous croiser un quidam à vélo portant deux tuyaux. Et voilà ce que cela donne :

En ce jour mémorable, moi, humble chroniqueur des glorieuses banalités, je revenais des marchés lointains où j’avais acquis victuailles et autres biens précieux, le sac chargé comme un mulet mal nourri. Marchant d’un pas tranquille sur la voie pavée qui mène à mon modeste castel, j’entrepris de franchir le pont ancestral qui enjambe les eaux sombres du canal du destin.

Soudain, tel un dragon réveillé par une digestion difficile, surgit derrière moi une figure chevaleresque, furieusement perchée sur une monture de métal à deux roues. Je reconnus immédiatement le preux et illustre Messire Guidon des Tuyaux, porteur du blason fameux : « Deux Tuyaux Croisés sur Champ de Rustines », dont la fière devise résonne encore : « Qui fuit, perd la pression ».

Ah, le voilà ! Droit et altier, Messire Guidon chevauchait vigoureusement sa bicyclette grinçante, tenant fermement deux tuyaux longs et luisants, dignes lances de plomberie forgées par l’antique ordre des plombiers errants. Son regard flamboyant semblait scruter l’horizon, cherchant quelque adversaire digne de croiser le fer… ou plutôt le cuivre.

C’est alors qu’apparut, quelques toises plus loin, une redoutable charrette sans cheval, rutilante et vrombissante, semblant vouloir défier notre brave. Mon cœur s’emballa devant ce tournoi improbable ; je cherchais du regard la gente dame pour qui sûrement ce duel se livrerait. Mais, point de dame au balcon, ni de foule en délire : seulement moi, mon cabas, et la stupéfaction admirative de ce spectacle d’absurdité héroïque.

Messire Guidon accéléra soudainement sa course, ses tuyaux-lances frémissant à l’idée d’un glorieux choc frontal… mais, arrivé à l’extrémité du pont, ce preux chevalier vira brusquement à droite, esquivant avec une élégance contestable mais efficace l’affrontement tant attendu. Quel stratagème ! Quelle ruse audacieuse pour éviter la confrontation ! Il disparut ainsi derrière les haies sauvages, laissant derrière lui un parfum d’huile et de mystère.

Où donc allait-il, le vaillant Messire Guidon des Tuyaux ? À quel noble bricolage, à quelle quête mystérieuse réservait-il ses talents et ses armes étrangement domestiques ? Las ! Jamais je ne le saurai. Mais à jamais je porterai témoignage de ce jour glorieux où la grandeur, la bravoure et l’inexplicable se rejoignirent brièvement sur un banal pont au-dessus d’un canal décidément trop tranquille.

Du texte à un rap médiéval

Après avoir couché sur papier cette chronique burlesque d’une rencontre fortuite avec le mystérieux Messire Guidon des Tuyaux, je restais étrangement insatisfait. Les mots étaient là, l’humour aussi, mais il manquait quelque chose d’essentiel. Cette histoire, avec ses références aux tournois médiévaux et son héros à bicyclette armé de tuyaux en guise de lances, réclamait plus qu’une simple lecture.
J’ai d’abord envisagé une mise en forme théâtrale, puis une narration façon conte traditionnel, mais rien ne semblait capturer l’essence même de cette rencontre absurde et grandiose à la fois. Plus je relisais mon texte, plus une évidence s’imposait : cette histoire devait être chantée.
Mes premières tentatives m’ont conduit vers des adaptations en ballade folk classique, puis vers une forme plus lyrique inspirée des chansons de geste. Le résultat était correct, mais manquait cruellement de cette tension entre l’ancien et le moderne qui constituait l’âme même de mon récit. Comment donner une voix contemporaine à ce chevalier-plombier sur sa monture métallique ?
C’est alors que ma petite voix m’a soufflé « La Tribu de Dana ». Le rap médiéval de Manau, avec son mélange audacieux de flow contemporain et d’instrumentations celtiques, m’a offert la clé que je cherchais depuis des heures. Un style hybride, à mi-chemin entre la chronique médiévale et la narration urbaine moderne.
Les heures suivantes ont été consacrées à transformer mes vers en couplets rythmés, à concevoir un refrain qui resterait en tête, tout en préservant l’introduction parlée qui plante le décor de cette épopée ordinaire. La métrique a été repensée pour s’adapter au flow, les rimes affinées pour créer des moments de tension et de relâchement.
Le résultat final, « La Ballade de Messire Guidon des Tuyaux », dépasse mes espérances initiales. Ce qui n’était qu’une observation humoristique d’un quotidien banal s’est transformé en une véritable œuvre hybride, où les codes du rap se mêlent aux traditions des troubadours, créant ainsi un pont entre les époques – tout comme ce pont sur lequel j’ai croisé notre héros moderne aux allures médiévales.
Cette expérience m’a rappelé que parfois, un texte n’est que le début d’un voyage créatif bien plus vaste. Messire Guidon aurait sans doute approuvé cette transformation, lui qui sait si bien naviguer entre tradition et modernité, entre l’héroïsme fantasmé et la banalité du quotidien.
Et vous, chers lecteurs, qu’en pensez-vous ? Le rap médiéval est-il le véhicule idéal pour raconter nos épopées urbaines contemporaines ? N’hésitez pas à partager vos impressions dans les commentaires et à écouter « La Ballade de Messire Guidon des Tuyaux » disponible maintenant sur ma chaîne YouTube.

Paroles : La Ballade de Messire Guidon des Tuyaux

Words spoken
En ce jour mémorable, moi, humble chroniqueur des glorieuses banalités, je revenais des marchés lointains où j’avais acquis victuailles et autres biens précieux, le sac chargé comme un mulet mal nourri. Marchant d’un pas tranquille sur la voie pavée qui mène à mon modeste logis, j’entrepris de franchir le pont ancestral qui enjambe les eaux sombres du canal du destin.

Intro
Oyez, oyez, bonnes gens assemblées,
L’histoire vraie que je vais vous chanter,
D’un chevalier aux armes bien étranges,
Messire Guidon, que j’ai vu passer.

Refrain
Ô Messire Guidon des Tuyaux,
Fier chevalier sur sa monture à roues,
« Qui fuit, perd la pression » est sa devise,
Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.

Couplet 1
Sur ma route, alors que je cheminais,
Ployant sous le poids de mon humble butin,
Surgit soudain, tel un dragon en courroux,
Un preux guerrier au regard incertain.

Couplet 2
Son blason noble et fort à contempler,
« Deux Tuyaux Croisés sur Champ de Rustines »,
Brillait au soleil comme l’or le plus pur,
Sur sa bicyclette, trône de fer qui grince.

Couplet 3
En ses mains tenait deux lances luisantes,
Non point d’acier, mais de cuivre forgées,
Par les anciens plombiers de la contrée,
Armes redoutables pour tout évier bouché.

Refrain
Ô Messire Guidon des Tuyaux,
Fier chevalier sur sa monture à roues,
« Qui fuit, perd la pression » est sa devise,
Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.

Couplet 4
À l’horizon parut l’ennemi juré,
Charrette sans cheval, bruyante et fière,
Mon cœur battait pour ce combat épique,
Que les ménestrels chanteraient jusqu’à hier.

Couplet 5
Point de damoiselle pour jeter son voile,
Ni de héraut pour annoncer le duel,
Seul un badaud avec son sac d’emplettes,
Témoin unique de ce tournoi cruel.

Couplet 6
Messire Guidon accéléra sa course,
Ses tuyaux-lances frémissant de désir,
L’affrontement semblait inévitable,
Le monde retint son souffle à ce moment.

Refrain
Ô Messire Guidon des Tuyaux,
Fier chevalier sur sa monture à roues,
« Qui fuit, perd la pression » est sa devise,
Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.

Couplet 7
Mais, ô surprise ! Quelle ruse audacieuse !
Au bout du pont, virant sur sa droite,
Le chevalier esquiva la bataille,
Disparaissant derrière les haies coquettes.

Couplet 8
Laissant derrière lui parfum d’huile et mystère,
Et mille questions sans réponses certaines,
Où donc allait ce valeureux guerrier?
Quel noble évier attendait sa main souveraine?

Couplet 9
Ainsi s’achève mon humble récit,
De ce jour où bravoure et plomberie,
Se rencontrèrent sur un pont ordinaire,
Au-dessus d’un canal trop tranquille pour lui.

Refrain
Ô Messire Guidon des Tuyaux,
Fier chevalier sur sa monture à roues,
« Qui fuit, perd la pression » est sa devise,
Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.