Pascal Rivière partage de manière artistique ses pensées et ses réflexions sur le monde, l’économie, la politique, et d’autres sujets d’importance sociale et culturelle.
Il s’appelait Pierre Chanteau. Il est mort dans la nuit du 27 mars, et la mer le sait.
Ce n’est pas un homme qui disparaît, c’est un regard qui s’embrume par temps chagrin. Non pas un regard figé sur une toile ou un mur de musée. Mais des centaines de regards, jetés sur la côte comme on jette une poignée de seuils sur la côte bretonne. Des yeux, en céramique, en mosaïque, en mémoire. Des yeux fixés dans le roc, dans la chair même du littoral. Des yeux qui ne clignent pas, qui ne jugent pas, mais qui veillent.
On les croise au détour d’un sentier, d’un muret, d’une cale oubliée. Ils ne crient pas. Ils attendent. Ils vous surprennent comme une marée plus haute que prévu. Et tout à coup, vous ne marchez plus seul. Vous êtes regardé. Accompagné. Protégé peut-être.
Chanteau, ce n’était pas seulement un nom d’artiste. C’était aussi un nom de marin. Et lui, dans le fond, il n’a jamais quitté le bateau. Il a sculpté des yeux comme d’autres balisent une route. Il a semé des phares minuscules, des vigies de l’écume, sur les marges du continent. Comme s’il voulait que jamais la Bretagne ne perde le Nord.
Il disait : « On est tous dans le même bateau. » Alors il a planté ses yeux dans les flancs du pays, comme des compas dans une carte marine. Il a redonné à la côte sa proue, sa prière, sa présence. Il a rappelé, sans hausser la voix, que le monde se regarde autrement depuis la pointe d’un cap battu par le vent.
Aujourd’hui, il n’est plus là et ses yeux pleurent. Symboliquement, du fond du cœur. Car ces yeux-là, n’ont pas besoin de larmes. L’eau de la mer, de la pluie, de la rosée leur suffit. L’air salin les lave. Le vent les soulève. Et ceux qui les croisent comprennent qu’il n’y a pas besoin de pierre tombale quand on a semé l’éveil sur les chemins d’embruns.
Pierre Chanteau est parti. Mais il a laissé à la Bretagne ce que peu d’artistes savent vraiment transmettre : la sensation d’être vu. Pas scruté, pas épié mais vu. Vu comme on voit un frère, un veilleur, un guetteur des choses essentielles.
Il y a désormais un vide dans la houle. Mais dans chaque œil de pierre, une présence. Et tant qu’un promeneur s’arrêtera pour dire « Tiens, regarde ! », alors Pierre ne sera pas mort. Il sera là, derrière la paupière de la terre.
Un soleil mouillé lance ses éclaboussures au vent qui emporte le temps. Atlantide aux bruissements vagues.
En toi est l’errance, en toi est l’erreur. Entends sa voix. Trouve la voie.
Passerelle – Onde première
Là où l’air se couche en pluie, commence la mémoire liquide. Une brise devient onde, et le souffle, soupir d’eau. Je suis ce point de contact, ce passage sans abord, où l’infini s’écoule vers l’intime.
II. Traversée du corps liquide
Cheminement sous-marin. Bathyscaphe en panne d’errance. Perdu sous les splendeurs lumineuses et aquatiques, pris dans une résurgence acoustique, dans un siphon d’aspirations.
Cherche le coquillage frémissant sous les gouttes de lumière. Rencontre les hippocampes de la mémoire. Entends le chant des baleines. Danse dans le ventre de la mer originelle. Entraîné dans une supernova de bulles, plus près des étoiles de mer, noyé dans tes yeux bleus.
Passerelle – La nef chavire
J’ai vu monter des piliers dans les algues, et Marie, renversée, s’ouvrait en silence aux flots d’orage. La nef chavirait — ni prière, ni blasphème — juste le frisson d’un ventre d’écume où l’on s’agenouille sans nom.
III. Marie profonde
Glissement dans les mouvances de la Cathédrale de corail. Chasseur de tes trésors, ô mon amour, toucher les grands fonds des fausses Marie-Anne, sombrer dans la lumière de l’Ô séant.
Passerelle – Émergence
La terre est sortie de moi, hurlant à travers mes flancs. Une langue de limon s’est dressée, et j’ai craché un nom sans lettres.
Le cri n’avait pas de gorge, mais il ouvrait les racines. Le sol s’est mis debout, gorgé de l’eau morte.
J’ai marché sur le ventre du monde, et mes pieds battaient le tam-tam de l’oubli.
IV. Spirale de l’en vert faire
Cri de la forêt qui se construit lentement, glisse le long des fleuves impossibles et grouillant de bêtes.
Serpent venimeux qui initie aux verts secrets de l’improbable, chaleur insoutenable de lourdeur, néant fasciné par l’étincelle de l’univers infini.
Chant de l’oiseau sorcier, appel de la forêt sombre et pénétrante qui t’invite à plonger en toi — près de ton ça aux eaux noires.
Tam-tam tonitruants, destructeurs, comme un chaos qui se construit, qui te construit !
Une chanson pour ce Dieu qui sonne trop souvent à la porte !
Il y a des refrains qui vous collent à la peau plus que certains dogmes. Celui de « Préchi-précha du curé… » m’est venu un jour, à 20 ans, comme une fulgurance ironique face à un sermon de trop. Depuis, il m’a accompagné comme un petit diable rieur sur l’épaule, me soufflant à l’oreille chaque fois que la foi prétendait m’embrigader, ou que le doute me donnait envie d’y croire malgré moi.
Croyance et incroyance n’ont jamais cessé de se battre en duel chez moi, mais dans le vacarme de cette joute intérieure, j’en oubliais une chose essentielle : la spiritualité n’a pas besoin de Dieu pour exister. Il y a des mystères plus profonds que les récits sacrés, des silences plus éloquents que les prêches, et des âmes en quête sans pasteur ni prêtre.
Et puis, un matin — comme un symbole — les témoins de Jéhovah ont sonné à ma porte. Encore. Mais cette fois, c’était la goutte divine de trop. Tant Jéhovah la cruche alla à la porte… qu’à la fin, il se casse. Et moi, j’ai ouvert non pas à leur message, mais à une chanson : Élucubrations bouclées.
Un électro-swing pour exorciser les sermons, un cabaret de souvenirs absurdes, de prêtres fossilisés et de serpents trop stylés. Une boucle poétique où le rire devient un rempart, et le swing, une manière de tenir debout dans le désert.
Cette chanson, c’est un clin d’œil aux figures religieuses qui ont jalonné ma vie, mais aussi une déclaration d’amour à la pensée libre, à l’ironie salutaire, et à la fidélité à soi-même.
Alors frappez, si vous voulez… mais sachez que je n’ai cure des fadaises. Et que chez moi, la foi n’entre pas sans passer par le filtre du swing.
Quand le reggae philosophe sur nos galères quotidiennes
Ces matins où tout va de travers, nous les connaissons tous. La porte qui reste ouverte, la poubelle qui nous claque sur les doigts, les voisins bruyants… Ces petites frustrations qui s’accumulent jusqu’à nous faire dire « j’en ai marre de ce grand théâtre ».
C’est précisément ce quotidien chaotique qui a inspiré mon nouveau single reggae « T’as vu le plan? ». Mais au-delà de la simple complainte, cette chanson explore une perspective plus profonde : et si ces contrariétés étaient aussi une invitation à voir la vie autrement?
Entre frustration et philosophie, le morceau oscille comme un pendule, nous rappelant que « le bonheur, c’est pas quand tout va comme on veut, c’est quand on dit oui même si c’est creux ou affreux ». Les refrains transforment progressivement le « Non mais oh! » initial en un « Oui mais oh! » qui accepte le chaos pour mieux l’apprivoiser.
Dans la tradition du reggae engagé, « T’as vu le plan? » propose une réflexion simple mais essentielle : nos possessions importent moins que nos expériences. Même les galères peuvent devenir des chansons quand on apprend à danser dans la confusion.
À découvrir dès maintenant sur vos plateformes préférées, et n’hésitez pas à me dire si cette petite philosophie du quotidien résonne avec votre propre expérience!
Quand la pensée positive se prend les pieds dans le tapis
Un pansement, du jambon, et une pincée de méthode Coué. Ma nouvelle chanson « Ça me fait une belle jambe » est née d’une jambe blessée, d’une accumulation d’ennuis pas franchement poétiques, et d’un trop-plein de maximes new age censées guérir le mal de vivre avec trois gouttes d’huile essentielle et une bonne intention.
Sur fond de rythme latino et de second degré bien tassé, j’ai décidé de raconter le réel — celui qui boite — avec le sourire en coin. Entre ma mère qui dilapide ses biens à la vitesse d’un typhon tibétain, des compétences méprisées par votre hiérarchie, un garage en voie de disparition et une jambe qui a des ambitions de jambonneau, il fallait bien un exutoire. Le voici, en musique.
« Chaque jour, je vais de mieux en mieux », dit la voix céleste en ouverture. Et tout au long de la chanson, ce mantra est joyeusement piétiné par la réalité. Mais avec style. Avec sarcasme. Et avec quelques bandages en guise de poésie.
🎧 À écouter avec une compresse froide et une bonne dose d’autodérision. 💥 Et à fredonner avant la prochaine catastrophe, bien sûr.
Il est 6h29 du matin quand l’idée m’est venue. Ces moments où l’on se demande pourquoi on s’est levé, pourquoi on continue à se battre dans un monde qui n’en a rien à faire. Ces instants de lucidité cruelle où l’absurdité de l’existence nous frappe de plein fouet.
J’ai toujours été fasciné par l’œuvre de Charles Bukowski, ce poète de la dépravation et de la désillusion, qui a su capturer avec une honnêteté brutale la vacuité de l’existence moderne. Parallèlement, le hip-hop trap contemporain m’a toujours paru comme l’expression parfaite de notre époque – rythmique, directe, sans compromis.
Que se passerait-il si ces deux univers se rencontraient ? Si l’esprit de Bukowski s’infiltrait dans les codes du trap ?
L’ABSURDE ET LA CRÉATIVITÉ : UN COMBAT ÉTERNEL
« La vie compte pour des prunes et des noyaux » est né de cette collision improbable. Ce morceau explore ce paradoxe fondamental : nous savons que tout est absurde, que rien n’a de sens, que personne ne répond au bout de la ligne – et pourtant, nous continuons à créer, à écrire, à laisser cette flamme brûler.
Dans une société obsédée par la productivité, où le temps est découpé en tranches d’efficacité, où nos smartphones restent désespérément froids et silencieux malgré notre besoin de connexion, que reste-t-il ? La créativité comme dernier acte de résistance.
« La créativité contre l’absurde Un feu qui s’obstine dans la nuit noire Les mots contre le vide, c’est absurde Mais c’est tout c’qui nous reste, notre dernier espoir »
UNE STRUCTURE ENTRE TRADITION ET RUPTURE
J’ai choisi de conserver une structure classique du rap (intro, couplets, refrain, outro) comme squelette de ce chaos organisé. Ce cadre formel contraste délibérément avec le message de désordre existentiel – encore une contradiction qui reflète notre condition humaine.
Le morceau commence à 6h29, ce moment suspendu juste avant que le monde ne s’éveille complètement, et nous accompagne à travers une journée de questionnements, de regards obsessionnels vers l’horloge, d’attentes vaines d’une notification qui ne viendra jamais.
ENTRE LE BRUT ET LE MÉTAPHORIQUE
L’un des défis majeurs de ce projet était de naviguer entre deux approches apparemment contradictoires : la brutalité directe héritée de Bukowski et la dimension métaphorique propre au hip-hop.
« Entre le brut d’la vie qui déchire Et les métaphores qui voilent le cauchemar »
Cette tension stylistique reflète notre propre ambivalence face à la réalité : parfois nous voulons la regarder en face, dans toute sa laideur, parfois nous préférons l’habiller de symboles pour la rendre supportable.
POURQUOI CRÉER FACE AU VIDE ?
La question qui traverse l’ensemble du morceau est fondamentalement celle-ci : pourquoi continuer à créer face à l’absurde ? Pourquoi écrire quand personne ne répond au bout de la ligne ?
Je n’ai pas de réponse définitive, bien sûr. Mais peut-être que l’acte créatif lui-même, cette obstination à déposer du sens sur le non-sens, est déjà une forme de réponse. Une rébellion silencieuse contre la vacuité.
La créativité n’est peut-être pas la solution, mais c’est notre façon de tenir debout face au vide. De dire « je suis là » même quand personne n’écoute. De transformer nos 6h29 en quelque chose qui, pendant un bref instant, semble avoir un sens.
ET MAINTENANT ?
« La vie compte pour des prunes et des noyaux » n’est que le début d’une exploration plus large de cette fusion entre nihilisme bukowskien et esthétique trap. Dans les mois à venir, je prévois de développer ce concept à travers d’autres morceaux qui continueront d’explorer différentes facettes de cette tension entre créativité et absurde.
En attendant, je vous invite à écouter ce premier titre, à le partager si ces questionnements résonnent en vous, et peut-être à vous demander : quelle est votre flamme qui s’obstine face à l’absurde ?
Car au fond, dans ce monde qui compte pour des prunes et des noyaux, notre créativité est peut-être tout ce qui nous reste.
Le single « La vie compte pour des prunes et des noyaux » est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Partagez vos impressions dans les commentaires ci-dessous.
De la rage brute à l’expression artistique : Genèse de « Marre ! »
Quand l’exaspération devient créativité
Nous avons tous connu ces moments où la vie semble trop lourde à porter : l’appréhension d’une semaine de travail écrasante, le sentiment de donner sans recevoir, les masques sociaux épuisants qu’il faut maintenir. C’est précisément dans un de ces moments de lucidité désabusée qu’est né le texte qui allait devenir « Marre ! » – un cri du cœur transformé en expression artistique.
Le texte original : un monologue intérieur sans filtre
Tout a commencé par quelques lignes écrites un dimanche soir à 21h30, quand la perspective de la semaine à venir devenait insupportable. Un flot de conscience brut, sans artifice, capturant cette lassitude universelle face aux conventions et aux obligations :
Dimanche 21h30. L’heure d’aller dormir.
De mon côté, je voudrais surtout que la semaine qui vient n’existe pas.
Trop de visites de stage même s’il n’y en a que 4, trop d’obligations diverses, trop de rendez-vous, trop de demandes, trop de cours, plus de temps pour moi. La semaine de congés n’aura servi à rien puisqu’en une semaine je vais perdre ce que j’avais gagné.
Monde absurde, monde de merde, vie de merde…
Même pas commencé que j’en ai déjà marre.
Ce texte, écrit sans intention artistique initiale, exprimait simplement une frustration viscérale. Pourquoi ne pas plaquer les conventions sociales, pourquoi continuer à donner sans recevoir, pourquoi supporter cette mascarade quotidienne ?
La transformation : de Bukowski au slam
C’est en relisant ces mots qu’une évidence est apparue : leur tonalité rappelait l’œuvre de Charles Bukowski, cet écrivain américain connu pour son style direct et sans concession. Le texte a alors été retravaillé dans cet esprit, conservant sa brutalité tout en lui donnant une structure plus littéraire.
MASQUES ET CONNERIES
Dimanche, 21h30. L’heure où les ivrognes commencent à peine et où les braves cons vont se coucher.
Cette semaine qui arrive, je voudrais qu’elle crève avant de naître. Quatre putains de visites de stage, comme si j’avais que ça à foutre. Des obligations, des rendez-vous, des demandes — toute cette merde qui s’empile comme des cadavres. Plus une seule minute qui m’appartient. Ma semaine de congés? Une vaste blague. Sept jours de répit et maintenant retour à la case départ, retour à cette prison sans barreaux.
Monde de merde. Vie de merde. Les mots qui disent vrai sont toujours les plus courts.
L’espoir se lèvera-t-il? La vieille me lâchera-t-elle la grappe? Les humains arrêteront-ils d’être des connards finis? Questions sans réponses dans ce bordel qu’on appelle existence.
La vie sera-t-elle un jour supportable? J’en doute, putain, j’en doute.
Même pas commencée et j’en ai déjà plein le cul de cette semaine.
Carnaval terminé. Les masques de papier sont rangés mais les vrais restent collés à nos gueules. Enfile le tien. Souris. Fais semblant. C’est ce qu’on attend de toi dans ce monde pourri jusqu’à la moelle.
J’ai juste envie de tout envoyer chier, de gueuler que j’en ai ma claque et que tout peut bien s’arrêter maintenant. Ça changerait quoi, de toute façon?
Ce message? Impossible de le foutre sur Facebook avec tous ces connards qui collectionnent les likes comme des trophées. Je le balance sur ce bloc-notes que personne ne lit. C’est bien le seul endroit où on peut encore dire la vérité sans que ça fasse chier quelqu’un.
Marre de ces conventions sociales, de ce métier à la con. Marre de faire plaisir aux autres. On donne, on donne, et qu’est-ce qu’on reçoit? Que dalle. Le grand vide. Perdre mon temps pour des conneries, oui. Chercher du sens? Y’a personne au standard, bébé, personne qui décroche.
La ligne est morte depuis longtemps.
Carnaval terminé. Les masques de papier sont rangés mais les vrais restent collés à nos gueules. Enfile le tien. Souris. Fais semblant. C’est ce qu’on attend de toi dans ce monde pourri jusqu’à la moelle.
J’ai juste envie de tout envoyer chier, de gueuler que j’en ai ma claque et que tout peut bien s’arrêter maintenant. Ça changerait quoi, de toute façon?
Ce message? Impossible de le foutre sur Facebook avec tous ces connards qui collectionnent les likes comme des trophées. Je le balance sur ce bloc-notes que personne ne lit. C’est bien le seul endroit où on peut encore dire la vérité sans que ça fasse chier quelqu’un.
Marre de ces conventions sociales, de ce métier à la con. Marre de faire plaisir aux autres. On donne, on donne, et qu’est-ce qu’on reçoit? Que dalle. Le grand vide. Perdre mon temps pour des conneries, oui. Chercher du sens? Y’a personne au standard, bébé, personne qui décroche.
La ligne est morte depuis longtemps.
Mais l’évolution ne s’est pas arrêtée là. Dans un monde où l’expression orale reprend ses droits à travers le slam et le rap, ces genres semblaient parfaitement adaptés pour porter ce message de révolte. Le format musical permettait d’amplifier la puissance du propos, de lui donner une rythmique, une pulsation qui épouse la colère et la lassitude exprimées.
« Marre ! » : l’aboutissement
Après plusieurs révisions, le morceau « Marre ! » a pris sa forme définitive, structuré en couplets et refrains, explorant les différentes facettes de cette exaspération :
La perspective d’une semaine épuisante
Le sentiment d’inutilité des conventions sociales
L’impression de donner sans jamais recevoir
La recherche vaine de sens
Le titre lui-même, réduit à sa plus simple expression, capture l’essence du propos : un cri, une protestation, un refus. Ce simple mot « Marre ! » devient une prière, une incantation, peut-être la seule vérité dans un monde d’apparences.
De l’individuel à l’universel
Si « Marre ! » est né d’un sentiment personnel, son message résonne bien au-delà. En cette époque où l’épuisement professionnel, la pression sociale et la quête de sens touchent tant de personnes, ce morceau devient le porte-voix d’une frustration collective.
La création artistique, qu’elle prenne la forme d’un texte littéraire, d’un slam ou d’une chanson, permet de transformer la colère en expression, l’indignation en création. C’est peut-être là que réside sa véritable force : non pas dans la simple complainte, mais dans sa capacité à transformer un « Marre ! » désespéré en un geste créatif qui, paradoxalement, donne du sens.
Écoutez « Marre ! » en intégralité ci-dessous et partagez vos impressions dans les commentaires.
L’inspiration de cette œuvre naquit en un instant solennel : là, sur le haut du palier, trônait mon chat, souverain d’ombre et de silence, jaugeant de son regard perçant l’humain indigne qui osait approcher. D’une patience tyrannique, il attendait ses serviteurs, réclamant hommage et dévotion. Ainsi germa la légende, d’abord en conte, puis en chanson…
Texte
Or donc, en un logis aux marches traîtresses, là où les ombres se meuvent sans bruit et où les importuns tremblent avant d’oser gravir l’escalier, règne une gardienne aussi farouche qu’impitoyable : Dame Gargouille. Nul ne sait depuis quand elle hante ces hauteurs. Certains murmurent qu’elle est née des ténèbres entre les poutres, sculptée dans la nuit même, esprit félin d’un antique sortilège. D’autres, plus hardis mais non moins sots, prétendent qu’elle n’est qu’une dame-chat de noble extraction, vouée à semer la terreur chez ceux qui oublient leur office. Mais tous s’accordent à dire qu’il ne fait point bon croiser son regard dans la pénombre des escaliers, sous peine de connaître un funeste destin. Dame Gargouille, félonne parmi les félines, ne quémandait ni caresses ni flagorneries. Que nenni ! Ce qu’elle exigeait, c’était l’hommage sacré des serviteurs : une eau limpide et cristalline, un sol immaculé exempt d’immondices et, surtout, un trône de litière digne de sa majesté. Malheur aux vassaux négligents qui osaient oublier leurs devoirs ! Lorsqu’un infortuné, pris par l’oubli ou la paresse, osait gravir l’escalier sans offrande ni diligence, Dame Gargouille, telle une furie sortie des ombres, s’élançait avec la célérité d’une flèche décochée. Sa tactique était imparable : le croche-patte du démon, l’art de fondre dans les jambes du fautif, d’un bond silencieux, de s’enrouler entre ses pieds et de le précipiter dans un périlleux trébuchement ! Combien de maladroits furent ainsi défaits ? Nul ne sait, car leur chute fut si soudaine qu’ils n’eurent le temps que d’un cri avant de choir dans l’oubli. Certains prétendent même que Dame Gargouille s’assoit fièrement sur leur corps inerte, en signe de triomphe, avant de les laisser gémir sur leur sort. Et ainsi, dans toute la maisonnée, chacun apprit à ne point défier la volonté de la Dame. Eau pure et litière propre ! clamaient-ils, comme un credo sacré, avant d’oser mettre un pied sur l’escalier. Car mieux valait ployer sous son règne que de finir au tapis, victime de son implacable courroux. Que sa vigilance jamais ne faiblisse, et que son ombre continue de hanter les marches !
Paroles de la chanson
Héraut Holà, maraud, tiens-toi bien ! Avant que ton pied n’ose l’escalier, Sache qu’en haut veille sans fin Un spectre noir prêt à sévir !
Refrain Or donc, tremblez, manants impurs, Car sur les marches du grand séjour, Trône en l’ombre un spectre obscur : Dame Gargouille veille au détour !
Couplet 1 Nul ne sait d’où vint la maudite, Née des poutres ou du néant, Sous son regard l’âme palpite, Et tout servant finit rampant !
Refrain Or donc, tremblez, manants impurs, Car sur les marches du grand séjour, Trône en l’ombre un spectre obscur : Dame Gargouille veille au détour !
Couplet 2 D’un saut de foudre et de courroux, Elle s’élance, spectre assassin, Son œil perçant flambe debout, Juge et bourreau du genre humain !
Refrain Or donc, tremblez, manants impurs, Car sur les marches du grand séjour, Trône en l’ombre un spectre obscur : Dame Gargouille veille au détour !
Couplet 3 Malheur à qui sans eau limpide, Sans litière digne et propre encor, Voudrait passer, fatidique perfide, Sans hommage à son saint décor !
Refrain Or donc, tremblez, manants impurs, Car sur les marches du grand séjour, Trône en l’ombre un spectre obscur : Dame Gargouille veille au détour !
Couplet 4 Sur mille âmes pèse un trépas, Par croche-patte du démon, Dans un gémissement, hélas, S’effondre l’homme, brise son front !
Refrain Or donc, tremblez, manants impurs, Car sur les marches du grand séjour, Trône en l’ombre un spectre obscur : Dame Gargouille veille au détour !
Couplet 5 Que nul ne brave sa sentence, Rendez hommage à son pouvoir, Lavez le sol, priez sa clémence, Avant d’oser monter la voir !
Dernier refrain Or donc, tremblez, manants impurs, Car sur les marches du grand séjour, Trône en l’ombre un spectre obscur : Dame Gargouille veille au détour !
Chute parlée – Dame Gargouille « Hardis fous ! Pensez-vous donc que l’on foule mon escalier impunément ? L’eau croupit, la litière empeste, et vous osez monter ? Point de pitié pour les impudents imprudents ! Qu’il en soit fait selon l’antique loi… Quiconque me défie, trébuche et ploie ! »
Vous revenez à pieds de vos courses chez Lidl et en passant le pont, vous croiser un quidam à vélo portant deux tuyaux. Et voilà ce que cela donne :
En ce jour mémorable, moi, humble chroniqueur des glorieuses banalités, je revenais des marchés lointains où j’avais acquis victuailles et autres biens précieux, le sac chargé comme un mulet mal nourri. Marchant d’un pas tranquille sur la voie pavée qui mène à mon modeste castel, j’entrepris de franchir le pont ancestral qui enjambe les eaux sombres du canal du destin.
Soudain, tel un dragon réveillé par une digestion difficile, surgit derrière moi une figure chevaleresque, furieusement perchée sur une monture de métal à deux roues. Je reconnus immédiatement le preux et illustre Messire Guidon des Tuyaux, porteur du blason fameux : « Deux Tuyaux Croisés sur Champ de Rustines », dont la fière devise résonne encore : « Qui fuit, perd la pression ».
Ah, le voilà ! Droit et altier, Messire Guidon chevauchait vigoureusement sa bicyclette grinçante, tenant fermement deux tuyaux longs et luisants, dignes lances de plomberie forgées par l’antique ordre des plombiers errants. Son regard flamboyant semblait scruter l’horizon, cherchant quelque adversaire digne de croiser le fer… ou plutôt le cuivre.
C’est alors qu’apparut, quelques toises plus loin, une redoutable charrette sans cheval, rutilante et vrombissante, semblant vouloir défier notre brave. Mon cœur s’emballa devant ce tournoi improbable ; je cherchais du regard la gente dame pour qui sûrement ce duel se livrerait. Mais, point de dame au balcon, ni de foule en délire : seulement moi, mon cabas, et la stupéfaction admirative de ce spectacle d’absurdité héroïque.
Messire Guidon accéléra soudainement sa course, ses tuyaux-lances frémissant à l’idée d’un glorieux choc frontal… mais, arrivé à l’extrémité du pont, ce preux chevalier vira brusquement à droite, esquivant avec une élégance contestable mais efficace l’affrontement tant attendu. Quel stratagème ! Quelle ruse audacieuse pour éviter la confrontation ! Il disparut ainsi derrière les haies sauvages, laissant derrière lui un parfum d’huile et de mystère.
Où donc allait-il, le vaillant Messire Guidon des Tuyaux ? À quel noble bricolage, à quelle quête mystérieuse réservait-il ses talents et ses armes étrangement domestiques ? Las ! Jamais je ne le saurai. Mais à jamais je porterai témoignage de ce jour glorieux où la grandeur, la bravoure et l’inexplicable se rejoignirent brièvement sur un banal pont au-dessus d’un canal décidément trop tranquille.
Du texte à un rap médiéval
Après avoir couché sur papier cette chronique burlesque d’une rencontre fortuite avec le mystérieux Messire Guidon des Tuyaux, je restais étrangement insatisfait. Les mots étaient là, l’humour aussi, mais il manquait quelque chose d’essentiel. Cette histoire, avec ses références aux tournois médiévaux et son héros à bicyclette armé de tuyaux en guise de lances, réclamait plus qu’une simple lecture. J’ai d’abord envisagé une mise en forme théâtrale, puis une narration façon conte traditionnel, mais rien ne semblait capturer l’essence même de cette rencontre absurde et grandiose à la fois. Plus je relisais mon texte, plus une évidence s’imposait : cette histoire devait être chantée. Mes premières tentatives m’ont conduit vers des adaptations en ballade folk classique, puis vers une forme plus lyrique inspirée des chansons de geste. Le résultat était correct, mais manquait cruellement de cette tension entre l’ancien et le moderne qui constituait l’âme même de mon récit. Comment donner une voix contemporaine à ce chevalier-plombier sur sa monture métallique ? C’est alors que ma petite voix m’a soufflé « La Tribu de Dana ». Le rap médiéval de Manau, avec son mélange audacieux de flow contemporain et d’instrumentations celtiques, m’a offert la clé que je cherchais depuis des heures. Un style hybride, à mi-chemin entre la chronique médiévale et la narration urbaine moderne. Les heures suivantes ont été consacrées à transformer mes vers en couplets rythmés, à concevoir un refrain qui resterait en tête, tout en préservant l’introduction parlée qui plante le décor de cette épopée ordinaire. La métrique a été repensée pour s’adapter au flow, les rimes affinées pour créer des moments de tension et de relâchement. Le résultat final, « La Ballade de Messire Guidon des Tuyaux », dépasse mes espérances initiales. Ce qui n’était qu’une observation humoristique d’un quotidien banal s’est transformé en une véritable œuvre hybride, où les codes du rap se mêlent aux traditions des troubadours, créant ainsi un pont entre les époques – tout comme ce pont sur lequel j’ai croisé notre héros moderne aux allures médiévales. Cette expérience m’a rappelé que parfois, un texte n’est que le début d’un voyage créatif bien plus vaste. Messire Guidon aurait sans doute approuvé cette transformation, lui qui sait si bien naviguer entre tradition et modernité, entre l’héroïsme fantasmé et la banalité du quotidien. Et vous, chers lecteurs, qu’en pensez-vous ? Le rap médiéval est-il le véhicule idéal pour raconter nos épopées urbaines contemporaines ? N’hésitez pas à partager vos impressions dans les commentaires et à écouter « La Ballade de Messire Guidon des Tuyaux » disponible maintenant sur ma chaîne YouTube.
Paroles : La Ballade de Messire Guidon des Tuyaux
Words spoken En ce jour mémorable, moi, humble chroniqueur des glorieuses banalités, je revenais des marchés lointains où j’avais acquis victuailles et autres biens précieux, le sac chargé comme un mulet mal nourri. Marchant d’un pas tranquille sur la voie pavée qui mène à mon modeste logis, j’entrepris de franchir le pont ancestral qui enjambe les eaux sombres du canal du destin.
Intro Oyez, oyez, bonnes gens assemblées, L’histoire vraie que je vais vous chanter, D’un chevalier aux armes bien étranges, Messire Guidon, que j’ai vu passer.
Refrain Ô Messire Guidon des Tuyaux, Fier chevalier sur sa monture à roues, « Qui fuit, perd la pression » est sa devise, Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.
Couplet 1 Sur ma route, alors que je cheminais, Ployant sous le poids de mon humble butin, Surgit soudain, tel un dragon en courroux, Un preux guerrier au regard incertain.
Couplet 2 Son blason noble et fort à contempler, « Deux Tuyaux Croisés sur Champ de Rustines », Brillait au soleil comme l’or le plus pur, Sur sa bicyclette, trône de fer qui grince.
Couplet 3 En ses mains tenait deux lances luisantes, Non point d’acier, mais de cuivre forgées, Par les anciens plombiers de la contrée, Armes redoutables pour tout évier bouché.
Refrain Ô Messire Guidon des Tuyaux, Fier chevalier sur sa monture à roues, « Qui fuit, perd la pression » est sa devise, Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.
Couplet 4 À l’horizon parut l’ennemi juré, Charrette sans cheval, bruyante et fière, Mon cœur battait pour ce combat épique, Que les ménestrels chanteraient jusqu’à hier.
Couplet 5 Point de damoiselle pour jeter son voile, Ni de héraut pour annoncer le duel, Seul un badaud avec son sac d’emplettes, Témoin unique de ce tournoi cruel.
Couplet 6 Messire Guidon accéléra sa course, Ses tuyaux-lances frémissant de désir, L’affrontement semblait inévitable, Le monde retint son souffle à ce moment.
Refrain Ô Messire Guidon des Tuyaux, Fier chevalier sur sa monture à roues, « Qui fuit, perd la pression » est sa devise, Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.
Couplet 7 Mais, ô surprise ! Quelle ruse audacieuse ! Au bout du pont, virant sur sa droite, Le chevalier esquiva la bataille, Disparaissant derrière les haies coquettes.
Couplet 8 Laissant derrière lui parfum d’huile et mystère, Et mille questions sans réponses certaines, Où donc allait ce valeureux guerrier? Quel noble évier attendait sa main souveraine?
Couplet 9 Ainsi s’achève mon humble récit, De ce jour où bravoure et plomberie, Se rencontrèrent sur un pont ordinaire, Au-dessus d’un canal trop tranquille pour lui.
Refrain Ô Messire Guidon des Tuyaux, Fier chevalier sur sa monture à roues, « Qui fuit, perd la pression » est sa devise, Sa quête mystérieuse nul ne la connoît.
Quand la manipulation devient un art théâtral puis musical
Publié le 4 mars 2025
Chers lecteurs,
Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous une création littéraire née d’une expérience que beaucoup d’entre vous reconnaîtront peut-être : les manipulations d’un parent âgé qui, tel un instrument de musique bien accordé, sait jouer des émotions de son entourage.
Ce texte est d’abord né d’un besoin cathartique de « vider mon sac » face aux récentes manœuvres d’une mère vieillissante qui excelle dans l’art de la manipulation émotionnelle. J’ai ensuite eu envie de donner à ce texte le panache d’un Cyrano de Bergerac, transformant ma frustration en une tirade digne d’Edmond Rostand.
Le résultat est cette complainte lyrique qui joue sur les multiples sens des mots « vielle » (l’instrument de musique à roue), « vieille » (la personne âgée) et « rouée » (la personne rusée, manipulatrice). La métaphore filée de la vielle à roue, cet instrument traditionnel dont on tourne la manivelle pour faire vibrer les cordes, m’a semblé parfaitement illustrer comment cette « chère maman » joue des cordes sensibles de son entourage.
Le texte original : La Symphonie de la Rouée à Roue
Une complainte Cyrano-esque d’un fils
La voilà ! Souveraine en son fauteuil-royaume, Vieille à roue humaine aux mécanismes éprouvés, Rouée de tous les mauvais tours que sa roue perpétue, Ses rouages menteurs tournant sans jamais s’enrayer !
Ses yeux, poignards acérés, scrutent les âmes à berner, Son sourire, archet aiguisé, frôle les consciences fragiles, Tandis que sa main ridée fait tourner la roue de nos tourments Comme une rouée vielleuse experte en tromperies circulaires !
Cette vielle dame est vielle musicienne des émotions d’autrui ! Rouée comme pas une dans l’art de faire tourner les têtes, Sa caisse de résonance amplifie les moindres drames, Et sa roue grinçante fait vibrer les cordes de nos culpabilités !
Elle tourne sa manivelle avec la ruse d’une rouée experte, Produisant cette musique lancinante de mensonges brodés, De flatteries enroulées autour de l’axe de sa roue trompeuse, Et de drames montés en épingle, tournant en boucle perpétuelle !
En virtuose de sa vielle, en rouée des sentiments, Elle sait quand ralentir le tempo de ses larmes feintes, Quand accélérer le rythme des rires calculés, Quand faire tourner la roue de ses soupirs mensongers, Feignant l’épuisement d’une sainte femme Dont les rouages seraient usés par trop de manigances !
« Ah ! Si vous connaissiez tous les tours que ma roue a joués pour vous ! » Soupire-t-elle, voix vibrante comme une rouée prise en flagrant délit ! Et autour, on danse à sa musique, prisonniers de sa roue infernale, On s’excuse en cadence, on obéit au cercle vicieux qu’elle impose !
Elle tourne, elle tourne, infatigable vielle à roue des manipulations ! Rouée comme pas une dans l’art de nous faire tourner en bourrique ! Chacun croit diriger l’orchestre de ses humeurs, Mais c’est elle, la rouée, qui tient la roue de nos émotions ! Les naïfs pensent que sa mélodie tourne en rond par fatigue, Mais c’est le manège savamment orchestré d’une rouée qui nous envoûte !
Madame, par tous les saints menteurs, manipule mon cœur tourmenté ! Sa vielle à roue détourne les richesses de son patrimoine, Vendant les bibelots qui ornaient la roue de sa fortune, Pour financer ces charlatans qui font tourner la roue de ses illusions !
Elle compose des fables d’avocats consultés, de services sociaux alertés, Sans jamais préciser quelle roue du destin l’a menée À ces consultations mystiques où tournent les rouages de l’escroquerie ! Ah, ces voyants aux numéros surtaxés, Gouffres abyssaux où son argent s’évapore Dans le vortex d’une roue qui tourne à vide !
Son téléphone à recharges, rouage essentiel de ses mensonges, Voit son crédit s’épuiser en quelques tours de cadran, Victime des tours pendables que cette rouée lui fait jouer !
Il faudrait plaindre cette vielle dame aux rouages détraqués !
Ô comble de l’ironie mécanique ! Pour faire tourner la roue des manipulations, Cette rouée retrouve la dextérité d’une horlogère suisse ! Mais lorsqu’il s’agit de faire tourner un simple bouton, Sa roue s’enraye soudain sous ses doigts prétendument malhabiles !
Sa télévision, nouveau rouage dans sa mécanique domestique, Reste figée, non par défaut de fabrication, Mais parce que la rouée n’a pas appris À faire tourner ce bouton sans y trouver son intérêt !
Elle m’appelle, sa voix plaintive comme une roue mal graissée, Harcèle son aide familiale, autre victime de ses tours pendables, Mais en définitive, c’est toujours pour faire tourner la roue de quelque nouvelle duperie ! Elle nous prend, l’un et l’autre, pour des engrenages dociles Dans la grande roue de ses mensonges !
Un jour pourtant, la roue de la rouée grincera une dernière fois ! L’engrenage de ses fourberies s’enrayera dans un fracas de vérité ! La mélodie menteuse déraillera comme une roue qui se brise ! Mais d’ici là, elle continue de tourner sa manivelle usée, De jouer ses tours, de faire tourner la tête à son auditoire crédule. Car après tout, pourquoi la rouée cesserait-elle de faire tourner sa roue Quand tout le monde tourne encore autour d’elle ?
Puis la version chantée : La Vieille Rouée des Mauvais Coups
Cette complainte m’a ensuite inspiré une gigue folklorique humoristique, que vous pourriez fredonner la prochaine fois que vous vous retrouverez face à un manipulateur ou une manipulatrice…
(À chanter sur un rythme enlevé)
Refrain : Tournez, tournez, la vieille à roue Ses ficelles et ses manigances Tournez, tournez, jusqu’au bout Tout l’monde suit sa cadence !
La vieille dame dans son fauteuil, Qui fait les yeux de carpe en deuil, Tourne sa vielle, tourne ses ruses, Jamais à court d’une excuse ! (Hardi les gars, tapez du pied !)
Pour les voyants, pour les gourous, Elle vend ses bibelots, ses bijoux, Puis téléphone d’un air plaintif : « Venez m’aider, je suis captive ! » (Allez, frappez dans vos mains !)
Refrain
Sa télé neuve ne marche pas, Mais c’est qu’elle n’appuie pas du bon doigt ! Pour les magouilles, elle est savante, Pour les boutons, elle est mourante ! (Tournez, danseurs, tournez en rond !)
Elle joue de nous comme de sa vielle, Serrant la vis, tournant la manivelle, Rouée comme dix, rusée comme trente, Sa mélodie est ensorcelante ! (Hop là ! Un pas chassé à droite !)
Refrain
L’aide-ménagère en perd la tête, Son fils aussi devient tout bête, À force de danser comme des fous Sur l’air joué par la vieille à roue ! (Sautez, virez, c’est la gigue !)
Un jour pourtant la roue grincera, Le mécanisme s’enrayera, Et nous verrons la vielle dame Prise au piège de son propre drame ! (Et clap, et clap, frappez des mains !)
Refrain final : Tournez, tournez, la vieille à roue Ses ficelles et ses manigances Tournez, tournez, c’est le grand coup La roue tourne… et c’est la fin de la danse !
Cette création est née d’un moment d’exaspération et d’un besoin de sublimer la frustration en art. Si vous aussi vous avez affaire à un proche manipulateur, peut-être que l’humour et la créativité pourront vous aider à prendre du recul. N’hésitez pas à partager en commentaires vos propres expériences ou créations inspirées par les « vieilles rouées » qui peuplent vos vies !