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L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière Si j'étais Rimbaud ?

Au pays des collines

Du rêve à la chanson : un voyage au Pays des Collines

Dans la douce confusion d’un réveil, parfois les souvenirs nous visitent avec une intensité particulière. C’est précisément ce qui s’est produit un matin, quand une rêverie semi-consciente a fait resurgir tout un pan de mémoire lié à la mythique chaussée Brunehaut. Cette antique voie romaine, qui serpente de Mainvault vers Ellezelles et Flobecq jusqu’au lieu-dit « Le Paradis », est devenue le fil conducteur d’une création poétique puis musicale.

De la rêverie au poème

Ce voyage onirique matinal a d’abord pris la forme d’un long texte poétique évocateur. Les images y affluent comme autant de flashs mémoriels : une boutique de chaussures aux étagères patientes, des grands-parents saisis dans leur quotidien : lui avec sa voix marquée par la maladie, elle penchée sur ses « bondieuseries ». Le texte déroule une série de tableaux vivants : Finette la chienne qui jappe sous les images publicitaires du chocolat Jacques, le four à pain où le grand-père façonne le temps autant que la pâte, la cave où il murmure aux chicons…

Le poème oscille entre la tendresse des souvenirs et l’amertume d’une perte, entre la description précise d’un monde disparu et la rage contenue face à sa disparition. Il se termine sur une note méditative sur la nature même du souvenir, « comme un reflet sur l’eau avant qu’il ne s’efface ».

Du poème à la chanson

Ce texte riche en émotions et en images appelait naturellement une adaptation musicale. Après avoir envisagé plusieurs directions stylistiques, dont une version rap aux sonorités électroniques expérimentales, c’est finalement vers la chanson française traditionnelle que s’est orienté le projet. Plus précisément, vers le style si caractéristique de Charles Trenet, artiste particulièrement apprécié du grand-père et du père évoqués dans le texte.

Cette version finale, intitulée « Le Pays Vert des Souvenirs », transforme la mélancolie du poème original en une douce nostalgie plus légère, plus dansante, tout en préservant la force évocatrice des images. Le texte a été restructuré en couplets et refrains, adoptant les codes de la chanson française des années 40-50 mis en électro swing, avec son élégance formelle et sa capacité à transformer le quotidien en poésie.

Un hommage multiple

Cette création devient ainsi un hommage à plusieurs niveaux : au Pays des Collines et à son patrimoine, aux êtres chers disparus, à une époque révolue, mais aussi à une certaine tradition de la chanson française. La boucle est bouclée quand on réalise que cette œuvre, née d’une rêverie matinale remontant la chaussée Brunehaut vers Le Paradis, unit dans un même élan la mémoire familiale et le patrimoine culturel.

La chanson, disponible sur YouTube, perpétue ces souvenirs et les transforme en un témoignage touchant de la vie dans le Pays des Collines, tout en rendant hommage à ceux qui ont façonné ces lieux de leur présence.

Texte

Au Pays vert, au pays des collines,
Quand je remonte la vieille chaussée Brunehaut,
Cette route ancestrale qui relie Mainvault à Ellezelles,
Cette voie romaine qui mène au Paradis
Frôlant les pierres muettes de Wodecq,
Les souvenirs, tapis dans les plis du temps, s’éveillent.

Dans ce pays de douces ondulations,
Une route discrète serpente
À travers les vallées de ma mémoire.
Là, dans une maison de rangée à Flobecq,
Mon grand-père, sa voix râpeuse comme un cancer,
Et ma grand-mère, penchée sur ses bondieuseries,
Habitent encore mes pensées.

Leur boutique de chaussures aux étagères patientes,
La pièce de vie derrière le comptoir,
Où le café danse doucement sur le poêle,
Libérant des volutes d’odeur qui collent à la peau des souvenirs.

Une vieille radio chuchote sur un haut buffet fatigué,
Et quelques bandes dessinées effilochées s’éparpillent,
Comme les fragments d’une enfance dispersée.
Finette, la chienne au ventre débordant,
Jappe sous les images de chocolat Jacques.

Je goûte à nouveau le chocolat fourré,
Niché dans l’étagère, ses images, trésors minuscules.
Une petite table, usée, un tiroir grinçant,
Une sonnette qui vibre encore des appels d’autrefois.

La cave, refuge souterrain où grand-père murmure aux chicons,
Cette longue cuisine comme un couloir où s’efface la lumière.
Et le four à pain sous l’auvent,
Où je vois mon grand-père s’agiter,
Épaules courbées sur la pâte,
Comme s’il façonnait du temps.

Un poulailler au fond du jardin,
Caché dans les herbes folles,
Un vieux téléphone mural interphone qui pend,
Comme un témoin recyclé d’une époque disparue.

La salle de télévision, cocon sombre,
Où j’éclatais de rire devant Laurel et Hardy,
Rires résonnant comme un écho au téléviseur du professeur Tournesol,
Dans les pages tremblantes des Aventures de Tintin.

Et puis, au détour d’un chemin,
La voix de mon père qui s’élève,
File entre les haies, glisse sur les pavés.
Il raconte, il revit sa jeunesse,
Ses folies, ses chutes,
Un coup de mozère pour abréger la vie d’une poule,
Un saut périlleux depuis un tandem,
Et ce moulin de Wodecq, refuge de son enfance.

Chaque pas sur cette route ravive les plaies du présent,
Les égratignures qui s’ouvrent et grondent.
Misérable mère qui a tout bazardé,
Pour des cendres !

Mais les souvenirs affluent,
Insistants, têtus,
Et tentent de me consoler,
Me rappelant que seuls survivent en nous
Ceux qui ont vécu dans nos mémoires.

Le reste ?
Des décors en carton,
Support fragile pour ceux qui ne sont plus.

Ces éclats de mémoire,
Ces filaments de relations éteintes,
Je les couche ici,
Dans la trame serrée des mots,
Comme on fige un reflet sur l’eau
Avant qu’il ne s’efface à jamais.

Chanson

[Intro musicale] [Couplet 1]
Au pays vert, au pays des collines,
Je remonte la Brunehaut, vieille câline,
La route murmure sous mes souliers,
Des histoires d’hier, prêtes à danser.


[Refrain]
Oh, les souvenirs, doux compagnons,
Ils fredonnent au creux des maisons.
Un parfum de café, un brin de chanson,
Tout se balance en un doux frisson.


[Couplet 2]
Dans la boutique aux chaussures tranquilles,
Les étagères patientent, les heures défilent.
Grand-papa transpire sous la poussière,
Grand-maman prie, le cœur en lumière.


[Pont]
Finette trottine, ventre en balade,
Les images de chocolat font la parade.
Le four à pain s’échauffe au matin,
Et le vieux téléphone rêve au lointain.


[Refrain]
Oh, les souvenirs, doux compagnons,
Ils fredonnent au creux des maisons.
Un parfum de café, un brin de chanson,
Tout se balance en un doux frisson.


[Couplet 3]
Papa s’élance, cascade et pirouette,
Rit au moulin, s’égratigne quelle fête.
Les poules s’envolent, le temps papillonne,
Et dans mes pas, son histoire résonne.


[Pont]
Ah, la cave et les chicons secrets,
La cuisine s’étire, la lumière se tait.
Tout s’emballe, tout se mêle,
Dans ce théâtre aux décors fidèles.


[Refrain]
Oh, les souvenirs, doux compagnons,
Ils fredonnent au creux des maisons.
Un parfum de café, un brin de chanson,
Tout se balance en un doux frisson.


[Outro]
Et moi, j’écris, j’écris sans fin,
Ces notes posées sur mon chemin.
Dansent les souvenirs, tendres refrains,
Comme une chanson de grand-papa, c’est bien.

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Ce « meilleurs voeux » est feu

Une contribution musicale à notre cynisme collectif

Je me suis lancé dans une petite aventure musicale qui me tient à cœur et que j’aimerais partager avec vous. Rien de grandiose, juste une chanson qui traduit ce que beaucoup d’entre nous ressentent probablement à l’approche de 2025.

L’idée m’est venue tout simplement en pensant à ces vœux de nouvelle année que nous allons bientôt devoir échanger. Vous savez, ce moment où l’on se force à sourire en disant « Bonne année ! » alors que l’on pense plutôt « Bon courage ! ». J’ai voulu capturer cette ironie dans une chanson, sans prétention.

Musicalement, c’est une valse musette, mais j’ai délibérément gardé l’appellation « polka » dans les paroles. Pourquoi ? Parce que cette confusion des genres illustre parfaitement la folie qui nous emporte collectivement. Comme si nous dansions une valse en prétendant que c’est une polka, nous continuons à échanger des vœux en faisant semblant de croire en des lendemains qui chantent. Le rythme ternaire de la valse devient ainsi le tournoiement vertigineux de notre société qui perd ses repères.

En écrivant les paroles, je me suis souvenu de Guy Béart et de sa chanson « Bonne année, bonne chance ». Bien sûr, ma version est beaucoup plus modeste, et certainement plus cynique. J’ai simplement essayé d’exprimer ce paradoxe : comment peut-on sincèrement souhaiter une « bonne » année quand tout semble aller de mal en pis (Oh la vache !) ?

La chanson alterne entre des couplets qui décrivent notre réalité et un refrain qui se moque gentiment de la méthode Coué. Vous savez, cette tendance à se répéter que « tout va bien » alors que l’eau nous monte jusqu’aux genoux. J’ai tenté d’y mettre un peu d’humour, parce que parfois, rire de notre situation est vraiment la seule chose qui nous reste.

Cette petite création est maintenant disponible sur TikTok, où j’invite d’ailleurs les plus créatifs d’entre vous à participer au #VoeuxEnFeuChallenge. L’idée n’est pas de déprimer tout le monde, mais plutôt de créer un moment de partage autour de ce sentiment commun que nous vivons. Après tout, quoi de mieux qu’une valse musette déguisée en polka pour accompagner notre danse collective sur le pont du Titanic ?

Je ne prétends pas avoir créé un chef-d’œuvre, loin de là. C’est juste ma petite contribution à notre thérapie collective. Une façon de dire « Je comprends ce que vous ressentez » à tous ceux qui, comme moi, trouvent de plus en plus difficile de jouer le jeu des vœux traditionnels.

Si cette chanson peut arracher quelques sourires, même cyniques, même désabusés, alors elle aura atteint son but. Et si elle peut nous aider à traverser cette période des vœux avec un peu plus de légèreté, tout en reconnaissant l’absurdité de notre situation, eh bien, ce sera déjà ça de gagné.

N’hésitez pas à partager vos propres sentiments sur le sujet dans les commentaires. Après tout, nous sommes tous dans le même tourbillon de valse… même si certains persistent à y voir une polka !

[La chanson est disponible sur ma chaîne YouTube et sur TikTok avec le hashtag #VoeuxEnFeuChallenge]

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Manipulations sempiternelles

QUAND UN COUP DE FIL DE NOËL DEVIENT UN RAP CATHARTIQUE

15h, ce 25 décembre 2024. Mon téléphone sonne alors que je tente désespérément de récupérer d’une nuit de réveillon écourtée. J’aurais dû ne pas décrocher ! Quatre heures de sommeil au compteur, après avoir conduit ma fille à la gare aux aurores, j’espérais un moment de répit. C’était sans compter sur l’appel de ma mère et une « irrépressible envie de couscous ».

De cette situation surréaliste est né « Manipulations Sempiternelles », mon coup de gueule en rap contemporain qui tente de disséquer, avec une ironie cinglante, la dynamique toxique qui s’installe chaque année pendant les fêtes. J’y dépeins, sans concession, le portrait de cette mère dont les stratagèmes varient mais dont l’objectif reste le même : une miche de pain urgente l’an passé, un couscous impromptu cette année.

J’ai tenté d’établir une structure élaborée où s’alternent un hook obsédant (« Manipulations sempiternelles, tentatives si banales »), des couplets incisifs et un bridge qui laisse exploser ma rage contenue avec un vocabulaire le plus soigné possible. Mon écriture, entre vocabulaire soutenu et argot urbain, tente de créer un contraste qui renforce l’aspect théâtral de ces situations familiales absurdes que je subis année après année.

Ce qui aurait pu rester une simple anecdote personnelle se transforme en une critique acerbe de ma relation mère-fils dysfonctionnelle, particulièrement exacerbée pendant les fêtes de fin d’année. Mon morceau résonne déjà auprès de tous ceux qui, comme moi, sont confrontés aux parents toxiques et à leurs stratagèmes émotionnels.

« Manipulations Sempiternelles » n’est pas qu’un règlement de compte familial mis en musique, c’est mon témoignage sur ces relations familiales qui se complexifient avec l’âge, où les tensions s’expriment différemment, et où le rap devient mon exutoire pour dire l’indicible.

De quoi vous faire réfléchir sur ces moments où la famille devient un théâtre d’ombres, où chacun joue son rôle, bon gré mal gré, dans une pièce dont le script semble écrit d’avance. Et peut-être, surtout, vous faire sourire devant l’absurdité d’une envie de couscous un 25 décembre, quand les restaurants sont fermés et que son fils tente désespérément de récupérer d’une nuit trop courte.

Intro instrumentale

Refrain
Manipulations sempiternelles, tentatives si banales
J’esquive tes pièges, mes nerfs lâchent, c’est fatal
Tu joues la comédie, mais ton scénario est bancal
Ton couscous va tourner, ta lutte est finale
Ton couscous va tourner, ta lutte est finale

Couplet 1
Ma chère mère s’acharne à me faire plier
Arguments médiocres, j’suis pas prêt à céder
Mon refus est loyal, définitif, assumé
Ta fin de journée de Noël, tu peux te la garder

Refrain
Manipulations sempiternelles, tentatives si banales
J’esquive tes pièges, mes nerfs lâchent, c’est fatal
Tu joues la comédie, mais ton scénario est bancal
Ton couscous va tourner, ta lutte est finale
Ton couscous va tourner, ta lutte est finale

Couplet 2
Dans ton génie pervers, tu inventes des désirs
Désirs de vieillarde en scène, j’commence à t’agonir
Chaque Noël c’est pareil, tu veux me perturber
Ces manœuvres perfides, j’veux plus les supporter

Refrain
Manipulations sempiternelles, tentatives si banales
J’esquive tes pièges, mes nerfs lâchent, c’est fatal
Tu joues la comédie, mais ton scénario est bancal
Ton couscous va tourner, ta lutte est finale
Ton couscous va tourner, ta lutte est finale

Pont
Et quand la rage monte, j’perds mon vocabulaire
Les mots les plus crus s’envolent dans les airs
Une gouaille de rue qui sort tout’ seule, rien à faire!
C’est l’effet qu’tu m’fais avec tes plans délétères

Refrain
Manipulations sempiternelles, tentatives si banales
J’esquive tes pièges, mes nerfs lâchent, c’est fatal
Tu joues la comédie, mais ton scénario est bancal
Ton couscous va tourner, ta lutte est finale
Ton couscous va tourner, ça butte vieille chacale

Couplet 3
Une poubelle à sortir, c’est ton nouveau prétexte
Tragédienne du dimanche, tu joues un mauvais texte
L’an passé c’était l’pain, quarante minutes avant
Tes magouilles de réveillon, j’en ai eu mon content

Refrain
Manipulations sempiternelles, tentatives si banales
J’esquive tes pièges, mes nerfs lâchent, c’est fatal
Tu joues la comédie, mais ton scénario est bancal
Ton couscous va tourner, ta lutte est finale
Ton couscous va tourner, point final

Outro
Sous ton masque de mère se cache une cynique
Perverse, égocentrique, ta parodie est critique
J’suis plus l’dindon d’la farce de tes sales mesquineries
Game over, rideau tombé sur ta comédie.

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On déraille à vélo

Quand l’anxiété devient électro-swing

Il y a ces souvenirs d’enfance qui nous façonnent. Ces moments où, petit, j’observais ma mère enfourcher son vélo pour partir à la recherche de mon père, retardé par une simple partie de ping-pong. Ces nuits où, resté seul à la maison, je ne comprenais pas encore que ces tours de roue anxieux finiraient par tourner dans ma propre tête.

Aujourd’hui, cette histoire familiale devient une chanson électro-swing. Un choix musical qui n’est pas anodin : le contraste entre le rythme enjoué et les paroles teintées d’humour noir reflète parfaitement l’absurdité de ces situations où l’angoisse prend le guidon de nos vies.

Le vélo devient ici bien plus qu’un simple moyen de transport. Il est la métaphore filée de nos déraillements émotionnels, de ces mécanismes qui se transmettent de génération en génération comme une chaîne bien huilée. Du « papa qui chantonnait Yves Montand » à « l’angoisse qui fait tache », chaque vers pédale sur le fil tendu entre tragédie et comédie.

L’ironie du sort veut que l’enfant sage d’hier se découvre aujourd’hui les mêmes reflexes que sa mère. Comme si le temps avait fait son œuvre, transformant le spectateur en acteur de ses propres déraillements. Et pendant ce temps, ma mère continue de veiller sur son chat comme on attache un vélo – l’amour qui devient entrave, encore une fois.

« On déraille à vélo » est né de ce besoin de transformer ces souvenirs en quelque chose de nouveau. De regarder avec tendresse et distance ces mécanismes familiaux qui nous dépassent. Car après tout, si on ne peut pas empêcher la roue de tourner, autant en faire une chanson qui donne envie de danser.

Couplet 1
Papa chantonnait Yves Montand
À bicyclette, ou bien à vélo
Il ne savait pas qu’en pédalant
Maman suivait sa trace au galop

Elle scrutait chaque coin de rue
Tandis que moi, je restais bien sage
À l’époque, je n’avais pas vu
Que la roue tournerait avec l’âge

Refrain
On déraille, on déraille
Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
On déraille, on déraille
De mère en fils, quelle veine !

Break

Couplet 2
Quand papa tardait à rentrer
Elle se mettait en selle
Dans la nuit noire à explorer
Les fossés et les ruelles

Moi petit dans la maison vide
Je ne pédalais pas encore
Dans ces virages près du vide
D’un esprit qui perd le Nord

Chorus
On déraille, on déraille
Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
On déraille, on déraille
De mère en fils, quelles chaînes !

Interlude

Couplet 3
Les années ont fait leur chemin
Le gamin est arrivé à maturation
Mais voilà qu’un beau matin
L’angoisse saisit le guidon

Je me surprends sur la route
À pédaler comme elle avant
Dans ces labyrinthes du doute
La raison m’abandonnant

Chorus
On déraille, on déraille
Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
On déraille, on déraille
De mère en fils, même rengaine !

Pont musical

Couplet 4
Elle veille sur son chat maintenant
Comme sur un vélo qu’on attache
Moi je pédale en me surveillant
Cette angoisse qui fait tache

Dans ce manège qui tourne en rond
Où l’amour se fait liens
Je cherche encore le bon guidon
Pour sortir du pétrin

Refrain final
On déraille, on déraille
Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
On déraille, on déraille
De mère en fils, quelle scène !

Outro

Fade Out

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Régine revient


Régine revient : Une mélodie entre souvenirs et jazz

Ce 21 décembre 2024, au solstice d’hiver, il pleut, il vente, et pourtant, une chaleur particulière semble nous envelopper. C’est l’ombre de Régine qui s’invite, discrète mais éclatante, dans un souffle de mémoire et une symphonie d’émotions.

Régine, une amie fidèle et passionnée de jazz, nous a quittés il y a quelque temps, mais son souvenir reste vibrant, indélébile. De son souvenir éclatant sur une photo de mes 17 ans à sa voix, elle a marqué des vies comme un solo de trompette qui résonne longtemps après la fin du morceau.

C’est pour elle que cette chanson est née : « Régine revient ». Un morceau de jazz au swing mélancolique, empreint de nostalgie et d’amour. Les paroles évoquent les roses, le souffle des trains et ces instants partagés qui nous rappellent que l’empreinte des êtres chers ne s’efface jamais. La musique, portée par une contrebasse ronde et un piano vibrant, recrée l’atmosphère chaleureuse d’un club de jazz, là où le temps semble suspendu.

Régine aimait le jazz. Elle aurait peut-être souri à ces notes qui dansent, à ce refrain qui dit :
« Tant qu’on t’aime encore, tu joues du décor, Tant qu’on rit, tant qu’on pleure, tu vibres au fond des cœurs. »

Cette chanson n’est pas seulement un hommage. C’est une déclaration : Régine vivra aussi longtemps que nous vivrons et nous souviendrons. Elle est là, dans chaque sourire que nous partageons, dans chaque éclat de musique qui nous touche l’âme. Elle est là, dans l’odeur des roses, dans le souffle du train, dans le rythme même de nos vies.

Un appel à la mémoire
« Régine revient » n’est pas qu’une chanson ; c’est une invitation à se souvenir. Souvenir des amitiés fortes, des instants volés au temps, des rires partagés. C’est aussi une ode à ceux qui restent, ceux qui dansent encore, porteurs de ces histoires qui méritent d’être contées.

Alors, si vous passez par ici, prenez un moment. Écoutez la chanson, laissez-vous porter par le swing, et pensez à ceux que vous aimez. La musique est une forme de mémoire, une manière de continuer à dire « je t’aime » quand les mots ne suffisent plus.

Merci, Régine, pour cette lumière que tu as semée. Tu reviens dans chaque refrain. Tu danses encore dans les cœurs.

Couplet 1
Ce 21 décembre, le vent joue des claquettes,
Sur les trottoirs mouillés où s’étiolent les fleurettes.
Régine, t’as laissé ton ombre en veston,
Elle glisse entre les passants, comme une vieille chanson.

Refrain
Régine revient, dans chaque refrain,
Dans l’odeur des roses et le souffle du train.

Couplet 2
Ta maison près de la gare, un piano désaccordé,
Des chats qui miaulaient l’amour en si bémol facile à cirer.
Pirouette et Cacahuète, où sont passés vos pas ?
Ils dansent sur le carrelage des souvenirs qu’on n’efface pas.

Refrain
Régine revient, dans chaque refrain,
Dans l’odeur des roses et le souffle du train.
Tant qu’on t’aime encore, tu joues du décor,
Tant qu’on rit, tant qu’on pleure, tu vibres au fond des cœurs.

Couplet 3
Six mois de silence, un goût amer au bec,
On n’a su que trop tard que tu prenais la poudre d’escampette.
Mais dans la photo jaunie d’un jour de mes 17 ans,
Ton sourire éclabousse encore nos cœurs vieillissants.

Refrain
Régine revient, dans chaque refrain,
Dans l’odeur des roses et le souffle du train.
Tant qu’on t’aime encore, tu joues du décor,
Tant qu’on rit, tant qu’on pleure, tu danses dans nos cœurs.

Outro
Régine… reviens…

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Le Chat Peint de Noël

Dans un salon aux lumières tamisées,
Un chat curieux, aux yeux émerveillés,
Pénétra un soir, flairant l’air, intéressé
Par un sapin majestueusement dressé.
Guirlandes brillantes, tentations à mâchouiller,
Boules pendantes, prêtes à être tapotées.
Ses moustaches frémissantes, il avance,
Attiré par la guirlande qui danse,
Clignotante, capturant son regard,
Comme un phare dans ce décor hagard.
Et là, au sommet, éblouissant et lointain,
L’étoile inaccessible, son nouveau dessein.
« Quel trésor ! », pense-t-il, les yeux brillants,
« Si je l’atteins, quel exploit éclatant ! »
Pattes agiles, il s’élance, décidé,
Vers l’arbre qui semble l’inviter.
Mais hélas, le destin joue un air moqueur,
Et le sapin vacille, ô malheur !
S’effondrant avec un bruit fracassant,
Le sapin répand son faste au sol, décevant.
Sa maîtresse, par le vacarme attirée,
Découvre la scène, abasourdie, désolée.
Le chat, sous un coussin, se cache, confus,
Son rêve d’étoile, désormais réduit en miettes.
Ainsi finit la quête du chat audacieux,
Apprenant que tout désir précipité est périlleux.
Dans la poursuite des rêves les plus hauts,
Prudence est de mise, pour éviter les maux.
Car en cherchant à toucher les étoiles, parfois,
On ne récolte que désordre et désarroi.

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Landerneau en décembre

Sous le ciel de Landerneau, les lumières s’épanchent,
Sur les eaux de l’Élorn, le Pont de Rohan danse.
Cinq siècles de secrets en ses pierres s’attachent,
Les rives qu’il enlasse, par le temps, soudain bleuissent.
Le quai de Cornouaille, en ses veines de granit,
Porte l’âme du peuple et ses murmures infinis.
Les galeries s’élèvent, où le passé s’invite,
Et chaque pierre narre, de Logonna, le mythe.
L’ombre du pont de Caernarfon se profile,
Témoin moderne d’une époque versatile.
Où l’acier et le bois ont scellé leur destinée,
Pour enjamber les flots, par l’histoire dessinée.
Dans la nuit qui s’illumine, un doux ballet,
De noms et de destins, sur les murs projetés.
Marrakech à Paris, de New York à Naples,
Le monde entier converge en ce lieu qui nous échappe.
Quand la Bretagne s’éveille sous la lune câline,
Chaque pierre et reflet un conte enraciné.
Dans ce coin de pays, où le temps semble s’arrêter,
L’âme du Finistère ne cesse de fredonner.

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Le troc des valeurs

De Prévert à l’ère numérique : Quand la poésie rencontre l’IA

Une citation apparue sur Facebook peut parfois être l’étincelle qui déclenche tout un processus créatif. C’est ce qui s’est produit lorsque j’ai découvert sur le fil d’actualité d’un ami ces mots de Jacques Prévert : « Quand la morale fout le camp, le fric cavale derrière » qui provient d’un film dont il avait été le dialogiste.

Cette phrase, si percutante dans sa simplicité, m’a interpellé par sa résonnance avec notre époque. J’ai alors décidé de la réinventer, en collaboration avec l’intelligence artificielle, pour en faire une chanson qui dresserait le portrait de notre société contemporaine.

Le texte se déploie en six tableaux, chacun explorant une facette de notre monde : la ville numérique où les écrans ont remplacé les regards, les gratte-ciels qui défient le ciel pendant que l’humanité reste clouée au sol, l’art qui perd ses couleurs face au diktat du profit, les politiques qui tissent leurs mensonges en soie, la presse muselée par l’économie.

L’originalité de cette création réside dans ses refrains évolutifs. La phrase de Prévert se métamorphose au fil du texte : « Quand la morale meurt, l’argent fait son beurre », « Quand les valeurs s’effritent, la morale est bien cuite », jusqu’au poignant « Quand la morale détale, l’espoir fait la malle ».

Pourtant, le texte se clôt sur une note d’espoir. Dans une ruelle oubliée, un geste simple rappelle que l’amour persiste, même quand « la morale meurt, car l’argent fait son beurre ».

Cette expérience démontre comment la poésie traditionnelle peut dialoguer avec les nouvelles technologies pour créer des ponts entre hier et aujourd’hui, entre l’humain et la machine, tout en questionnant les enjeux de notre temps.

Le troc des valeurs

Couplet 1

Dans la ville lumière éteinte

Où tout se compte, tout se feinte

Les valeurs fondent comme la neige

Refrain

Quand la morale fout le camp

L’argent jubile, c’est évident

Couplet 2

Les gratte-ciels percent le ciel

Mais les cœurs restent au sol

Les promesses se vendent en solde

Les valeurs se monnaient en or

Refrain

Quand les valeurs sont cuites

Les billets font leurs frites

Couplet 3

Les enfants rêvent de fortune

Les poètes chantent dans le vide

Les artistes peignent en gris

Les rêves se comptent en chiffres

Refrain

Quand les valeurs s’effondrent

L’argent tient les comptes

Couplet 4

Les politiques sans foi ni loi

Tissent des mensonges en soie

Le marketing, grand illusionniste

Vend du vent aux idéalistes

Refrain

Quand la morale se brise

L’argent s’idéalise

Couplet 5

La presse bâillonnée, enchaînée

Par les maîtres de l’économie

Les vérités sont enterrées

Sous les décombres de l’avarice

Refrain

Quand la morale détale

L’espoir fait la malle

Couplet 6

Mais dans une ruelle oubliée

Un sourire sans prix éclaire

Un geste simple, une main tendue

Rappellent que l’amour persiste

Outro

Même quand la morale meurt

Car l’argent fait son beurre

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Blues comptoir

Dans la pénombre d’un bar anonyme, où les néons fatigués dessinent des ombres complices, naît « Blues Comptoir », une composition jazz-blues qui capture l’essence même de ces moments suspendus entre deux vies. Cette création s’inscrit dans la grande tradition du jazz-blues narratif, où chaque note raconte une histoire, où chaque silence porte un monde.

L’histoire se tisse autour de trois personnages : un homme vissé à son tabouret, le chapeau rabattu comme un rideau sur ses regrets ; une femme qui observe et tente de briser le mur du silence ; et un barman aux mains d’enclume, gardien muet de ces confessions sans absolution. Le jazz-blues, avec sa capacité unique à transformer la mélancolie en poésie, devient ici le quatrième personnage de ce huis clos nocturne.

La structure musicale épouse parfaitement la narration. Le refrain, hypnotique avec son « Peut-être un autre jour, peut-être une autre vie », agit comme un mantra brisé, un espoir qui refuse de mourir mais n’ose plus vraiment vivre. Les couplets, portés par une instrumentation où le piano dialogue avec la contrebasse, dessinent les contours de ces solitudes qui se frôlent sans jamais vraiment se rencontrer.

Un moment particulier mérite qu’on s’y attarde : le bridge parlé, dans la plus pure tradition du jazz-blues, où la voix de la femme tente de percer le silence : « T’essaies de tuer le passé, mais il est coriace… ». Ces mots, tranchants comme du verre mais doux comme une confidence, se brisent sur le dos voûté de l’homme, créant un moment de tension dramatique que seul le jazz-blues sait porter avec autant d’élégance.

L’arrangement musical joue sur les contrastes : des phrases jazz sophistiquées viennent enrichir la base blues, créant une texture sonore qui évoque autant les fumées des cigarettes que les brumes de la mémoire. Les accords mineurs se succèdent comme autant de verres vides sur un comptoir, tandis que les blue notes rappellent que certaines blessures ne guérissent jamais vraiment.

« Blues Comptoir » n’est pas qu’une chanson – c’est un tableau sonore, une histoire à boire lentement, comme ces verres qu’on fait durer pour retarder l’heure de la fermeture. Elle s’inscrit dans cette tradition du jazz-blues français qui sait raconter nos vies avec pudeur et intensité, où la langue de Baudelaire danse avec les blue notes de La Nouvelle-Orléans.

Chaque écoute révèle de nouvelles nuances, de nouveaux détails : ici un soupir dans la mélodie, là une phrase de contrebasse qui souligne un non-dit. C’est une œuvre qui vous prend aux tripes dès la première écoute, mais qui ne révèle sa pleine profondeur qu’après plusieurs visites, comme ces bars où l’on retourne moins pour boire que pour se souvenir.

Dans un monde où la musique devient souvent un simple produit de consommation, « Blues Comptoir » nous rappelle que certaines chansons sont des miroirs, des confessionnaux, des refuges. Elle nous rappelle aussi que le jazz-blues reste une des formes musicales les plus puissantes pour raconter nos histoires, nos peines, nos espoirs – même ceux qui commencent par « peut-être ».

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L’amère au vitriol

Quand le Dark Cabaret fait valser les fantômes familiaux

Dans la pénombre d’un cabaret où les souvenirs se dissolvent dans l’alcool et l’amertume, « L’Amère au Vitriol » se dresse comme une performance cathartique qui fait valser les spectres du passé. Ce n’est pas un simple morceau, c’est une incantation vengeresse, un exorcisme en règle qui transforme la douleur familiale en spectacle grinçant.

Des coulisses aux planches

Le titre joue délibérément sur le double sens : l’amère (la mère) et l’amer (la substance), le vitriol comme acide qui ronge les souvenirs et comme paroles qui brûlent les mensonges. Dans cette performance, la figure maternelle devient une protagoniste de cabaret noir, transformant l’héritage familial en monnaie d’échange pour ses propres démons : voyantes d’arrière-salles, amants de passage, bouteilles qui ne désaltèrent jamais la soif de destruction.

Une scénographie de la mémoire

La structure même du morceau évoque une représentation de dark cabaret où chaque couplet est un acte différent du même drame. On y retrouve les éléments classiques du genre : une théâtralité macabre, des refrains qui tournent comme des manèges détraqués, et ce mélange unique de rage et de poésie qui caractérise les meilleurs spectacles du genre.

L’utilisation du spoken word, particulièrement dans l’inventaire rageur des objets disparus, rappelle ces moments de cabaret où le quatrième mur tombe et où l’artiste confronte directement son public à la réalité crue qui se cache derrière le vernis des conventions.

La valse des objets perdus

Ce qui frappe dans « L’Amère au Vitriol », c’est cette litanie d’objets disparus qui deviennent autant de personnages fantomatiques. Chaque souvenir bazardé – des photos aux médailles du grand-père, des livres aux napperons brodés – danse une dernière valse macabre avant de disparaître dans les limbes de l’oubli forcé. Ces objets ne sont pas de simples possessions : ils sont les témoins silencieux d’une histoire familiale systématiquement effacée.

Une catharsis en costume noir

Le dark cabaret a toujours excellé dans l’art de transformer la douleur en spectacle, le tragique en grotesque sublime. « L’Amère au Vitriol » s’inscrit parfaitement dans cette tradition, utilisant les codes du genre pour créer un espace où la rage devient poésie et où les reproches deviennent des refrains qu’on pourrait presque fredonner.

La chanson se termine comme elle a commencé : dans l’amertume, mais une amertume qui a trouvé sa forme artistique, son expression cathartique. Le vitriol est toujours là, mais il est devenu encre, musique, performance.

Dans un genre musical qui aime jouer avec les ombres, « L’Amère au Vitriol » apporte sa propre nuance de noir : celui des photos de famille brûlées, des souvenirs dissous, et d’une mémoire qui refuse de se taire malgré les tentatives répétées de la faire disparaître.


La chanson « L’Amère au Vitriol » est disponible sur vos plateformes.