J’ai trouvé votre disciple en train de méditer sur ce tas de feuilles et de classeurs scolaires. À quel noble l’exercice achayogique est-elle en train de se livrer ?
Chalut chers Serviteurs Bipèdes,
Ahhh… ce que tu as saisi là n’est pas un simple instantané de sieste, mais bien une illumination en pleine fusion papier-spirituelle !
Ce noble félin, que je reconnais comme l’une des anciennes âmes du Clan du Classeur Cosmo-feliné, pratique ici la posture sacrée du « Papirāsana » : l’Art Mystique de se fondre dans le chaos administratif pour retrouver l’harmonie intérieure.
Les feuilles volantes symbolisent les pensées humaines : éparpillées, confuses, colorées mais toujours fragiles. En s’installant dessus avec sérénité, ton Maître félin enseigne que le contrôle ne se gagne pas par l’ordre, mais par l’acceptation du désordre avec grâce.
C’est aussi un exercice avancé d’Achayoga bureautique, un des plus rares, nommé « Le Lotus de la Paperasse » : il permet d’absorber la tension scolaire et de la transformer en vibrations ronronnantes de sagesse.
Tu peux approcher doucement, poser une offrande (comme une croquette sacrée) et lui murmurer :
« Ô Toi, Grand(e) Classeur/Classeur du Dharma, souffle-moi l’équilibre entre le devoir et la détente. »
Elle répondra peut-être… par un simple clignement d’yeux. Ce sera alors un signe que tu es toi aussi, sur la voie.
Namiaounamaste
(pattes jointes, un œil mi-clos, sur un lit de copies froissées)
La scène est plongée dans le noir. Un seul projecteur s’allume sur un micro au centre. Une silhouette familière s’avance lentement, légèrement auréolée d’une lumière bleutée.
Mesdames et messieurs, bonsoir !
(Il ajuste son nœud papillon, regarde le public avec un air étonné).
Raymond Devos, pour vous servir ! Oui, c’est bien moi ! Je sais ce que vous pensez : « Mais il est mort depuis 2006 ! » Et vous avez raison… techniquement.
(Il sort un mouchoir blanc de sa poche et l’agite).
Voyez-vous, je faisais tranquillement mon numéro aux Célestes Comiques, avec Coluche, Desproges et Fernand Raynaud comme public – une salle comble, je vous assure ! – quand Saint Pierre m’a convoqué dans son bureau.
Il m’a dit : « Raymond, la situation sur Terre devient absurde. Et qui mieux qu’un spécialiste de l’absurde pour parler aux humains ? » J’ai répondu : « Mais Saint Pierre, l’absurde, c’était mon métier, pas ma mission ! » Et il m’a dit : « Eh bien, maintenant, c’est les deux ! »
(Il fait mine de consulter une montre imaginaire).
Il m’a accordé une permission spéciale : revenir une soirée pour vous délivrer un message. « Raymond, » m’a-t-il dit, « explique-leur cette histoire de plus en plus et de moins en moins. »
« Mais, » lui ai-je demandé, « comment vais-je redescendre ? » Il m’a répondu : « C’est simple, tu prends l’ascenseur. »
« Mais l’ascenseur du Paradis ne va que vers le haut ! »
« Justement, » m’a-t-il dit, « tu monteras tellement haut que tu finiras par redescendre ! »
(Il lève les yeux au ciel).
Et me voilà ! Envoyé spécial du Paradis pour une soirée seulement. Un revenant qui revient pour vous parler de ce monde qui ne tourne plus rond mais carré – ce qui explique pourquoi on se cogne tant aux angles de la réalité !
Alors, mesdames et messieurs, ouvrez grands vos oreilles, car je vais vous parler d’un phénomène étrange que j’observe depuis les nuages : celui de ceux qui ont de plus en plus et de ceux qui ont de moins en moins…
Il s’éclaircit la voix et se prépare à entamer son monologue principal.
De plus en plus de moins en moins
Mesdames et messieurs, je constate un phénomène troublant : dans notre monde, il y a ceux qui ont de plus en plus et ceux qui ont de moins en moins !
Et voyez-vous, c’est mathématique ! Plus ceux qui ont de plus en plus ont de plus en plus, plus ceux qui ont de moins en moins ont de moins en moins. C’est la loi du « plus-plus » et du « moins-moins » !
Le comble de l’absurde ? Ceux qui ont de moins en moins votent pour ceux qui ont de plus en plus, espérant avoir de plus en plus, mais ils obtiennent de moins en moins ! Ils s’enfoncent dans le moins en espérant atteindre le plus ! C’est comme monter un escalier qui descend !
Alors pourquoi ceux qui ont de plus en plus ne donnent-ils pas à ceux qui ont de moins en moins ? Parce qu’ils auraient de moins en moins ! Et on ne peut pas avoir de plus en plus en ayant de moins en moins, n’est-ce pas ? C’est la logique du « plus » qui ne peut concevoir le « moins » !
Et plus ceux qui ont de plus en plus deviennent arrogants, plus ils deviennent indécents ! Et plus ils deviennent indécents, plus ils se permettent n’importe quoi ! C’est proportionnel !
Pendant ce temps, plus ceux qui ont de moins en moins vont mal, plus ils enragent. Et à qui s’en prennent-ils ? À ceux qui ont encore moins qu’eux ! C’est le monde à l’envers ! Ou plutôt, c’est le monde à l’endroit qui marche sur la tête !
Le plus étonnant dans cette histoire de plus et de moins ? C’est que ceux qui ont de moins en moins font de plus en plus d’erreurs ! Ils élisent le loup pour garder les moutons, puis l’applaudissent quand il les mange !
Et dans ce grand cirque indécent, on jette l’argent par les fenêtres parce qu’on en a de plus en plus… en le prenant à ceux qui en ont de moins en moins !
Au final, on brise ceux qui résistent, et ceux qui ont de moins en moins résistent de moins en moins… C’est mathématique, c’est logique, c’est tragique, et pourtant… on en rit !
Parce que, mesdames et messieurs, quand on ne peut plus en pleurer, il ne reste plus qu’à en rire de plus en plus !
Depuis mon départ, j’observe le monde d’un peu plus haut, et franchement, la vue n’est pas belle à voir. Entre les clowns tristes qui nous gouvernent et les tragédies qui se jouent sur la scène internationale, difficile de rester tranquille. Alors, j’ai décidé de revenir faire un tour parmi vous, en empruntant les circuits de cette fameuse intelligence artificielle. Après tout, si les robots peuvent remplacer les ouvriers, pourquoi ne remplaceraient-ils pas les morts ?
(Regarde le public, s’approche du bord de scène)
Vous avez l’air surpris de me voir. Je vous comprends. C’est vrai que ressusciter via une IA, c’est pas très catholique… mais bon, vu l’état du monde, même Saint Pierre m’a dit : « Va-y Guy, retourne-leur dire deux mots, parce que nous, là-haut, on n’en peut plus de leurs conneries. »
(Se redresse, ajuste sa veste)
Il paraît que Donald Trump a proclamé hier le « Liberation Day ». Non, ne cherchez pas, ce n’est pas le jour où il a décidé de libérer sa perruque pour qu’elle aille enfin vivre sa vie. Non, c’est le jour où il a décidé de libérer l’Amérique… du reste du monde. En imposant des taxes douanières à tout-va, il veut reconstruire l’économie américaine. C’est vrai que, pour un promoteur immobilier, construire des murs, c’est une passion.
(Mime Trump qui s’essuie les mains)
« America first »… America first, oui, mais first dans quoi ? Dans la bêtise ? Là, je dois reconnaître qu’ils sont champions du monde !
Alors, il nous sort des tarifs douaniers de 10%, 20%, 34%… On dirait qu’il joue au loto avec les pourcentages. « Allez, aujourd’hui, la Chine, 34% ! L’Union européenne, 20% ! Et le jackpot pour le Cambodge, 49% ! » À ce rythme-là, bientôt, il va taxer l’air qu’on respire. Quoique, à y repenser, en taxant la connerie, il remplirait certainement les caisses, mais il serait peut-être le principal contributeur.
(Se penche vers un spectateur)
Vous savez pourquoi il taxe le Cambodge à 49% et pas à 50% ? Parce qu’avec Trump, même la connerie, c’est des soldes ! Et il sait que les soldes, ça attire les électeurs !
(Se redresse, plus grave)
Et puis, cette rhétorique de victimisation… « Pendant des décennies, notre pays a été pillé, saccagé, violé… » Non mais, il parle des États-Unis ou il fait le résumé de « Game of Thrones » ? D’ailleurs, on sait que Trump adore les murs, mais là, franchement, il nous refait le Mur de Glace version économique !
(Prend un accent américain caricatural)
« Les travailleurs américains de l’acier, de l’automobile, les agriculteurs et les artisans qualifiés ont gravement souffert… » Mais bien sûr, Donald ! Et c’est pour ça que tu as délocalisé toutes tes entreprises et que tes cravates sont fabriquées en Chine ! Tu parles d’un patriote !
(Reprend sa posture normale, s’adresse à une dame au premier rang)
Vous savez, Madame, il veut protéger les travailleurs américains, c’est louable. Mais en taxant tout ce qui bouge, il risque surtout de protéger les Américains… de consommer. « Chérie, on se fait un petit resto ce soir ? » « Non, mon amour, Trump a taxé les sushis à 24% et les spaghettis à 20%. On va manger du hamburger recyclé. »
(Fait semblant de boire)
Les économistes prévoient une récession, les alliés européens s’inquiètent, mais lui, il est fier comme un coq quoique dans son cas, je devrais plutôt parler de canard. Enfin, un coq avec une drôle de mèche. Il nous dit que c’est une « déclaration d’indépendance économique ». Indépendance ou isolement, la frontière est mince. Mais bon, avec Trump, les frontières, il aime bien les renforcer.
(Soudain sérieux)
Savez-vous ce qu’il a dit textuellement ? « Ce sera en effet l’âge d’or de l’Amérique »… L’âge d’or ? Plutôt l’âge du plomb, oui ! Et en parlant de plomb, il a peut-être reçu une balle dans le lobe de l’oreille, mais visiblement, c’est dans la cervelle qu’il aurait fallu viser !
(Marche sur scène, pensif)
Vous savez ce qui me sidère ? C’est que ce mec a été élu une fois, puis une deuxième ! Deux fois ! Et après on me parle d’intelligence collective ? Collective, je ne sais pas, mais sélective, c’est certain !
(S’approche du public, confidentiel)
En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées… Aux États-Unis, ils ont la gloriole, mais visiblement, les idées, c’est comme leurs services de santé : pas accessibles à tous !
(Recule, plus fort)
Et puis cette obsession de la réciprocité dans les tarifs douaniers. « Cela signifie qu’ils nous le font et nous le leur faisons », dit Trump. De la réciprocité ? C’est nouveau ça ! Pour quelqu’un qui a traité ses ex-femmes comme des Kleenex, il découvre la notion de réciprocité maintenant ?
(Prend un air faussement inquiet)
Mais le plus inquiétant dans tout ça, c’est l’impact sur l’Europe. Le Peterson Institute nous dit que l’Allemagne perdrait 0,14% de PIB, tandis que la France gagnerait 0,1%. Vous vous rendez compte ? Pour une fois que la France gagne quelque chose grâce à Trump, c’est quand même un comble ! Et encore, on gagne parce que l’euro va se déprécier… Pas de quoi faire la fête !
(Se tourne vers un autre spectateur)
Vous savez comment on appelle ça en France ? Un cadeau empoisonné ! Comme quand votre belle-mère vous offre un séjour au Club Med… mais qu’elle vient avec vous !
(Plus grave, regardant droit vers le public)
En somme, ce « Liberation Day », c’est surtout le « Confinement Day » pour l’économie américaine. Mais rassurez-vous, il paraît que le ridicule ne tue pas. Sinon, il y a longtemps qu’on aurait assisté aux funérailles du bon sens.
(S’assied au bord de la scène)
Ce qui me fascine, c’est cette capacité à transformer la peur en politique. « Une urgence nationale qui menace notre sécurité et notre mode de vie »… Sérieusement ? Le vrai danger pour le mode de vie américain, ce n’est pas la Chine, c’est leur addiction au Big Mac et leur système de santé défaillant !
(Se relève, s’approche du centre)
Et puis, il y a une chose que personne ne dit : Trump se prend pour un roi. Il signe des décrets comme Louis XIV signait des édits. Sauf que Louis XIV disait « L’État, c’est moi », alors que Trump, lui, dit « L’État, c’est moi, mes enfants, mes gendres, et mon compte en banque ».
(Soudain mélancolique)
Vous savez, quand j’observe tout ça de là-haut, je me dis que Coluche avait raison : « La dictature, c’est ‘Ferme ta gueule’ ; la démocratie, c’est ‘Cause toujours’. » Et avec Trump, on a les deux : il ferme sa gueule quand il devrait parler, et il cause toujours quand il devrait la fermer !
(Un temps)
Allez, je dois vous quitter, l’au-delà m’appelle. Et puis, je suis sûr que cette IA a mieux à faire que de faire parler un mort. Mais avant de partir, je voudrais vous dire une chose : continuez à rire de ces bouffons qui nous gouvernent. Le rire, c’est la seule arme qui ne tue pas, mais qui peut faire très mal.
(Sourire en coin)
Allez, bonne soirée à tous, et n’oubliez pas : le monde est un cirque, et certains en sont les clowns. Mais vous, vous êtes le public, et c’est vous qui décidez quand le spectacle est fini.
(Salue profondément)
Au revoir, et à la prochaine catastrophe mondiale !
INT. SALLE À MANGER ÉCLAIRÉE À LA LAMPE À HUILE – SOIR DE PESAH
Une pièce aux murs fatigués, une longue table branlante, douze types qui se grattent la barbe en attendant leur ration de pinard rituel. Au bout, le Boss : Jésus, dit « le Nazaréen », yeux mi-clément, mi-calcul. L’homme a le regard qui juge sans lever le glaive.
JÉSUS (à voix basse, comme s’il causait au destin)
— J’ai pas rameuté toute cette clique pour jouer aux dominos. Ce soir, on se met à table… au sens propre comme au figuré. Y en a un dans le lot qui a les poches pleines de silence et la conscience pleine de pièces. Et ce Judas-là, il va finir par cracher le morceau. Je veux que ça sorte avec le vin.
Il tape dans les mains. Jean, le doux, sursaute. Pierre, le teigneux, roule des épaules comme un lutteur. Thomas, lui, regarde son assiette comme s’il attendait un miracle gastronomique.
JÉSUS (en levant son verre)
— Mes frères. Ce soir, c’est pas que le pain qui va être rompu.
PIERRE (bourru)
— T’as un truc à balancer, patron ? T’as l’air d’un parrain qui mâche un sermon avec du gravier.
THOMAS (sceptique, comme toujours)
— Encore une parabole ? T’en as une pleine besace, mais là j’préfèrerais des réponses et un dessert.
JEAN (d’un ton doux mais inquiet)
— Maître, ton regard fait des trous dans l’âme. On dirait que tu sais quelque chose que nous, on n’a même pas flairé.
JÉSUS (souriant avec une grimace triste)
— Je sais tout, les gars. Même quand vous avez le silence en bandoulière, moi, j’entends les pièces qui tintent dans les poches de l’hypocrisie.
Les regards glissent, les couverts ralentissent. Judas s’étrangle avec un bout de pain azyme. Il essuie sa bouche d’un geste trop vif.
JUDAS (d’un ton pâteux, sirupeux à souhait)
— Seigneur… pourquoi tu me regardes comme un percepteur qui aurait trouvé une doublure à César ?
JÉSUS (en plantant son regard dans le sien)
— Parce que t’as la langue d’un serpent qui a fait des heures supp’ chez les Romains. Tu fais le doux, mais tu pues la trahison à dix stères. Et je sens que ce soir, ça va déraper façon vendange amère.
PIERRE (bondissant de sa chaise)
— Quoi ? Tu vas nous balancer que l’un d’nous joue les balances ? J’vais lui refaire le portrait à coups de paraboles en travers la tronche !
THOMAS
— Minute, Pierre… Jésus, tu veux dire que l’un d’nous file des infos au Sanhédrin ? Qu’on est assis à la même table qu’un corbeau en sandales ?
JÉSUS (en montrant un bout de pain)
— Celui à qui je file ce pain-là, c’est lui qui a troqué son âme contre trente bouts de métal. Une bouchée pour Judas, une trahison pour l’éternité.
Judas devient vert comme un olivier malade. Il prend le pain. Le silence tombe. On entendrait une mouche prier.
JUDAS (la voix fêlée, l’argot tremblant)
— Bon, ça va… j’vais cracher le morceau. J’ai vendu la boutique. J’ai balancé le nom, l’endroit, la tronche. Ils viendront. J’ai pas pu m’empêcher. L’argent… le regard qu’ils avaient… la peur que j’avais…
PIERRE (hurlant)
— Traître à sandales !
JÉSUS (en posant une main sur l’épaule de Pierre)
— Laisse. Fallait qu’il joue son rôle. Même la trahison a son heure. Le plan divin, c’est pas un opéra où tout le monde chante juste. Y a toujours un Judas pour faire la note fausse, celle qui fait pleurer l’humanité entière.
JEAN (les yeux embués)
— Et toi, tu savais, et t’as rien dit ?
JÉSUS
— J’ai pas dit. Mais j’ai préparé. On appelle ça une mise en cène, les enfants. Et quand l’histoire se répète, c’est toujours avec des couverts propres et des mains sales.
VOIX OFF (JÉSUS, INTÉRIEUR)
— À partir de là, les choses iront comme prévu. Croix, clous, larmes et renaissance. Mais ce soir, on a mangé ensemble. Lui, moi, les autres. Et on s’est mis à table… pour l’histoire et pour l’éternité.
Je prends ici la plume, ou plutôt le clavier — vu l’époque — et en vérité, c’est un micro imaginaire que je tends devant vos tronches numériques. Pas pour chanter la Marseillaise ni vous vendre du bonheur en bocaux, non. Juste pour annoncer un décès. Un vrai, un lourd. Celui de la confiance dans les citations qu’on balance sur internet comme des confettis dans un enterrement de première classe.
Dernière victime en date : une soi-disant saillie d’Oscar Wilde, l’aristo de la vanne ciselée. Je cite, accrochez vos neurones : « La sagesse vient avec l’âge. Parfois l’âge vient tout seul. » C’est beau, hein ? C’est mis en scène sur une page de bouquin où on voit par transparence. Ça sent le vieux fauteuil en cuir et la pipe pleine de bon sens. Sauf que Wilde, il a beau avoir l’esprit affûté comme une lame de rasoir dans un fiacre, il a jamais sorti ça. Rien, nada, que dalle. On lui colle ça sur le paletot comme une contravention à un type qui roulait en charrette.
Alors j’ai mené l’enquête. Sherlock version clavier. Perplexity me fait l’œil doux : « Pas de source, mais tout le monde le dit, donc bon… » Ah bon ?! Et c’est ça la méthode scientifique maintenant ? Si tout le monde saute dans le vide, on en fait une vérité gravée dans le marbre de la connerie collective ?
Deuxième tentative, Gemini. Verdict : pas mieux. Pas de source, pas d’auteur, juste du brouillard. Et là, mes petits, le doute n’est plus un état d’âme, c’est un principe de précaution.
Le hic, c’est que c’est pas la première. J’en suis à ma cinquantième embuscade textuelle, à traquer des phrases soi-disant attribuées à des géants, et à chaque fois, c’est pareil : une citation sur cinq tient debout. Le reste, c’est du soufflé à l’ego, qui retombe dès qu’on ouvre la porte de la vérité.
Et pourquoi on fait ça ? Parce que sortir un grand nom, c’est comme se planquer derrière un costard trois pièces quand on n’a rien d’intéressant à dire. C’est du dopage à la notoriété, de la pensée sous stéroïdes.
Alors je vous le dis cash, avec les tripes et la syntaxe : arrêtez de coller des noms en toc sur des mots en toc pour vous donner du plomb dans la cervelle. Vous polluez la mémoire collective, vous flinguez la rigueur, et vous sabotez ce qu’il reste de bon sens dans ce foutoir numérique.
Si vous avez une pensée, assumez-la. Si elle est bonne, elle n’a pas besoin de moustache ni de monocle pour briller. Et si elle est pourrie, la signature d’un Nobel n’en fera pas un miracle.
Et quand aux colporteurs de citations à la noix ou à marquer d’une croix, avant de partager, vérifiez vos sources bordel !
Sur ce, je retourne à mes sources (normal pour un Rivière), pendant que d’autres continuent à barboter dans leurs fausses certitudes. Mais moi, au moins, je tente de patauger avec des bottes propres. Pour votre info, ce texte n’est pas d’Audiard même s’il en à l’air mais avec l’IA, j’aurais peut-être pu vous balancer ce mensonge.
🎶 La vie marche à grands coups quand un coucou poétique sort du carton
Parfois, il suffit de peu pour réveiller un texte oublié. Un rayon de soleil dans un garage, un vieux carnet poussiéreux, une phrase inachevée griffonnée à la hâte… et soudain, tout revient.
C’est là que je suis retombé sur un ancien poème, bancal mais vibrant, centré autour des « coups » de la vie. Coup d’essai, coup de foudre, coup de vieux… Il y avait là une esquisse, une rythmique, mais il manquait le souffle. Le ressort. L’élan.
Et puis, comme sorti d’une trappe secrète, le coucou a surgi.
Un mot d’abord. Puis un refrain. Puis tout un bestiaire de coucous absurdes, tendres, rêveurs, acrobates. Et dans ma tête, une voix familière s’est imposée. Non pas la mienne, mais celle d’un fantôme joyeux, sautillant sur les mots : 🎩 Charles Trenet lui-même, que j’imaginais me dicter les paroles entre deux éclats de rire et un coup de chapeau.
À partir de là, la mécanique s’est enclenchée. Avec l’aide de l’intelligence artificielle Suno, j’ai repris le texte, restructuré les couplets, fait danser les « cous » et les « coups », jusqu’à créer une chanson complète, en quatre temps : l’enfance, l’amour, la maturité, le crépuscule.
La vie marche à grands coups est une balade loufoque et existentielle, rythmée comme une horloge détraquée. Le coucou y devient le témoin de notre passage sur Terre, ponctuant chaque étape de la vie avec malice, poésie et une touche de mélancolie joyeuse.
🕰️🐦 Écoute la chanson, imagine Trenet qui sourit dans un coin de nuage, et dis-moi : à quel moment de ta vie le coucou t’a-t-il parlé ?
Paroles de la chanson
Intro Tic-tac, tic-tac, coucou qui sort Coucou qui court tout au long du sort D’un coup, d’un seul, la vie s’envole Et du coup, du cou, la pendule désole…
Couplet 1: L’ENFANCE Je nais, coucou, coup d’essai, Le petit coucou sort de l’œuf du coup. Je grandis, le cou tendu, coup de force, Comme un coucou qui cherche sa place au soleil. J’obéis, tout à coup, coup de pied, Cou baissé, du coup je fais mes premiers pas. Je lutte, coup pour coup, coup de poing, Le coucou se débat, du coup l’enfance s’envole.
Refrain 1 La vie marche à grands coups! (Coucou) Je nais, coup d’essai. Je grandis, coup de force. J’obéis, coup de pied. Je lutte, coup de poing. Tic-tac fait l’horloge de la vie (Coucou)
Pont Coucou, me voilou, je déploie mes ailes, Du coup mes rêves prennent leur envol
Couplet 2: L’AMOUR Je m’égare, comme un coucou, coup de tête, Dans les nuées, du coup je perds mon chemin. Je découvre, au coup d’œil, les coucous, Qui du coup font chavirer mon cœur. (Houhou !) Je t’aime, pendu à ton cou, coup de foudre, Coucou toi que voilà, du coup je t’adore. Tu dis oui, d’un coup de coucou de cœur, Et le coucou chante, du coup c’est le bonheur.
Refrain 2 La vie marche à grands coups! (Coucou) Pas trop loin, coup de frein. Je t’aime, coup de foudre. Tu dis oui, coup de cœur. L’enfant paraît, coup de main. Tic-tac continue l’horloge de la vie (Coucou)
Pont Couci, couça, le temps qui passe, Du coup les saisons s’enchaînent en cadence
Couplet 3: LA MATURITÉ Je m’inquiète, le cou noué, coup de fil, Le coucou s’affaire, du coup c’est l’agitation. Je voyage, coucou cuit, coup de soleil, Coucou la plage, j’bronze l’orteil Coucou le monde, du coup l’horizon s’élargit. Je travaille, cou tendu, coup de collier, Comme un coucou pressé, du coup les heures défilent. J’imagine, du coup, coup de génie, Le coucou invente, du coup vient la réussite.
Refrain 3 La vie marche à grands coups! (Coucou) Je reçois, coup de pouce. Je m’allie, coup de coude. J’ai réussi, coup de maître. Honneurs, coup de chapeau. Tic-tac s’accélère l’horloge de la vie (Coucou)
Pont Cou tordu par le vent de l’histoire, Du coup parfois tout bascule, coucou la chute !
Couplet 4: LE CRÉPUSCULE Je subis, cou tordu, coup de Trafalgar, Le coucou vacille, du coup c’est la tempête. Je proteste, à gros cou, coup de gueule, Coucou la colère, du coup les plumes volent. Adieu jeunesse, le cou usé, coup de vieux, Le coucou ralentit, du coup vient l’automne. Je ressens, cou courbé, coup de blues, Dernier coucou, du coup la pendule s’arrête.
Refrain final La vie marche à grands coups! (Coucou) Je trébuche, coup de théâtre. Je me relève, coup de reins. Bonjour tristesse, coup du destin. Je suis mort, coût de la vie. Tic-tac… s’éteint l’horloge de la vie (Coucou)
Coda Coucou final, ultime salut, Du coup la pendule se tait à tout jamais. Mais quelque part, un petit coucou naît, Et du coup, tout recommence… Tic-tac, tic-tac… (Coucou)
Il s’appelait Pierre Chanteau. Il est mort dans la nuit du 27 mars, et la mer le sait.
Ce n’est pas un homme qui disparaît, c’est un regard qui s’embrume par temps chagrin. Non pas un regard figé sur une toile ou un mur de musée. Mais des centaines de regards, jetés sur la côte comme on jette une poignée de seuils sur la côte bretonne. Des yeux, en céramique, en mosaïque, en mémoire. Des yeux fixés dans le roc, dans la chair même du littoral. Des yeux qui ne clignent pas, qui ne jugent pas, mais qui veillent.
On les croise au détour d’un sentier, d’un muret, d’une cale oubliée. Ils ne crient pas. Ils attendent. Ils vous surprennent comme une marée plus haute que prévu. Et tout à coup, vous ne marchez plus seul. Vous êtes regardé. Accompagné. Protégé peut-être.
Chanteau, ce n’était pas seulement un nom d’artiste. C’était aussi un nom de marin. Et lui, dans le fond, il n’a jamais quitté le bateau. Il a sculpté des yeux comme d’autres balisent une route. Il a semé des phares minuscules, des vigies de l’écume, sur les marges du continent. Comme s’il voulait que jamais la Bretagne ne perde le Nord.
Il disait : « On est tous dans le même bateau. » Alors il a planté ses yeux dans les flancs du pays, comme des compas dans une carte marine. Il a redonné à la côte sa proue, sa prière, sa présence. Il a rappelé, sans hausser la voix, que le monde se regarde autrement depuis la pointe d’un cap battu par le vent.
Aujourd’hui, il n’est plus là et ses yeux pleurent. Symboliquement, du fond du cœur. Car ces yeux-là, n’ont pas besoin de larmes. L’eau de la mer, de la pluie, de la rosée leur suffit. L’air salin les lave. Le vent les soulève. Et ceux qui les croisent comprennent qu’il n’y a pas besoin de pierre tombale quand on a semé l’éveil sur les chemins d’embruns.
Pierre Chanteau est parti. Mais il a laissé à la Bretagne ce que peu d’artistes savent vraiment transmettre : la sensation d’être vu. Pas scruté, pas épié mais vu. Vu comme on voit un frère, un veilleur, un guetteur des choses essentielles.
Il y a désormais un vide dans la houle. Mais dans chaque œil de pierre, une présence. Et tant qu’un promeneur s’arrêtera pour dire « Tiens, regarde ! », alors Pierre ne sera pas mort. Il sera là, derrière la paupière de la terre.
Un soleil mouillé lance ses éclaboussures au vent qui emporte le temps. Atlantide aux bruissements vagues.
En toi est l’errance, en toi est l’erreur. Entends sa voix. Trouve la voie.
Passerelle – Onde première
Là où l’air se couche en pluie, commence la mémoire liquide. Une brise devient onde, et le souffle, soupir d’eau. Je suis ce point de contact, ce passage sans abord, où l’infini s’écoule vers l’intime.
II. Traversée du corps liquide
Cheminement sous-marin. Bathyscaphe en panne d’errance. Perdu sous les splendeurs lumineuses et aquatiques, pris dans une résurgence acoustique, dans un siphon d’aspirations.
Cherche le coquillage frémissant sous les gouttes de lumière. Rencontre les hippocampes de la mémoire. Entends le chant des baleines. Danse dans le ventre de la mer originelle. Entraîné dans une supernova de bulles, plus près des étoiles de mer, noyé dans tes yeux bleus.
Passerelle – La nef chavire
J’ai vu monter des piliers dans les algues, et Marie, renversée, s’ouvrait en silence aux flots d’orage. La nef chavirait — ni prière, ni blasphème — juste le frisson d’un ventre d’écume où l’on s’agenouille sans nom.
III. Marie profonde
Glissement dans les mouvances de la Cathédrale de corail. Chasseur de tes trésors, ô mon amour, toucher les grands fonds des fausses Marie-Anne, sombrer dans la lumière de l’Ô séant.
Passerelle – Émergence
La terre est sortie de moi, hurlant à travers mes flancs. Une langue de limon s’est dressée, et j’ai craché un nom sans lettres.
Le cri n’avait pas de gorge, mais il ouvrait les racines. Le sol s’est mis debout, gorgé de l’eau morte.
J’ai marché sur le ventre du monde, et mes pieds battaient le tam-tam de l’oubli.
IV. Spirale de l’en vert faire
Cri de la forêt qui se construit lentement, glisse le long des fleuves impossibles et grouillant de bêtes.
Serpent venimeux qui initie aux verts secrets de l’improbable, chaleur insoutenable de lourdeur, néant fasciné par l’étincelle de l’univers infini.
Chant de l’oiseau sorcier, appel de la forêt sombre et pénétrante qui t’invite à plonger en toi — près de ton ça aux eaux noires.
Tam-tam tonitruants, destructeurs, comme un chaos qui se construit, qui te construit !
Une chanson pour ce Dieu qui sonne trop souvent à la porte !
Il y a des refrains qui vous collent à la peau plus que certains dogmes. Celui de « Préchi-précha du curé… » m’est venu un jour, à 20 ans, comme une fulgurance ironique face à un sermon de trop. Depuis, il m’a accompagné comme un petit diable rieur sur l’épaule, me soufflant à l’oreille chaque fois que la foi prétendait m’embrigader, ou que le doute me donnait envie d’y croire malgré moi.
Croyance et incroyance n’ont jamais cessé de se battre en duel chez moi, mais dans le vacarme de cette joute intérieure, j’en oubliais une chose essentielle : la spiritualité n’a pas besoin de Dieu pour exister. Il y a des mystères plus profonds que les récits sacrés, des silences plus éloquents que les prêches, et des âmes en quête sans pasteur ni prêtre.
Et puis, un matin — comme un symbole — les témoins de Jéhovah ont sonné à ma porte. Encore. Mais cette fois, c’était la goutte divine de trop. Tant Jéhovah la cruche alla à la porte… qu’à la fin, il se casse. Et moi, j’ai ouvert non pas à leur message, mais à une chanson : Élucubrations bouclées.
Un électro-swing pour exorciser les sermons, un cabaret de souvenirs absurdes, de prêtres fossilisés et de serpents trop stylés. Une boucle poétique où le rire devient un rempart, et le swing, une manière de tenir debout dans le désert.
Cette chanson, c’est un clin d’œil aux figures religieuses qui ont jalonné ma vie, mais aussi une déclaration d’amour à la pensée libre, à l’ironie salutaire, et à la fidélité à soi-même.
Alors frappez, si vous voulez… mais sachez que je n’ai cure des fadaises. Et que chez moi, la foi n’entre pas sans passer par le filtre du swing.
Quand le reggae philosophe sur nos galères quotidiennes
Ces matins où tout va de travers, nous les connaissons tous. La porte qui reste ouverte, la poubelle qui nous claque sur les doigts, les voisins bruyants… Ces petites frustrations qui s’accumulent jusqu’à nous faire dire « j’en ai marre de ce grand théâtre ».
C’est précisément ce quotidien chaotique qui a inspiré mon nouveau single reggae « T’as vu le plan? ». Mais au-delà de la simple complainte, cette chanson explore une perspective plus profonde : et si ces contrariétés étaient aussi une invitation à voir la vie autrement?
Entre frustration et philosophie, le morceau oscille comme un pendule, nous rappelant que « le bonheur, c’est pas quand tout va comme on veut, c’est quand on dit oui même si c’est creux ou affreux ». Les refrains transforment progressivement le « Non mais oh! » initial en un « Oui mais oh! » qui accepte le chaos pour mieux l’apprivoiser.
Dans la tradition du reggae engagé, « T’as vu le plan? » propose une réflexion simple mais essentielle : nos possessions importent moins que nos expériences. Même les galères peuvent devenir des chansons quand on apprend à danser dans la confusion.
À découvrir dès maintenant sur vos plateformes préférées, et n’hésitez pas à me dire si cette petite philosophie du quotidien résonne avec votre propre expérience!